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New York : le collectif anti-Bush bataille contre le maire pour manifester, le 29août, à Central Park

Publie le jeudi 26 août 2004 par Open-Publishing

S’il flotte encore quelque part un air d’avant 11-Septembre, c’est là. Central Park, le grand parc de New York, l’évasion. 340 ha, 5 000 joggers par jour. Quoi qu’il arrive, on y joue, on y flâne et on y danse sur patins à roulettes, toutes populations mélangées.

Récemment, on s’est (re) mis à y faire de la politique. Des militants anti-Bush viennent le dimanche y passer leurs coups de fil. Ils profitent des minutes gratuites de leur forfait pour appeler des électeurs indécis dans le Midwest. Les numéros de téléphone sont fournis par l’organisation Democracy in the Park.

Central Park est aujourd’hui l’enjeu d’une bataille dont on ne connaîtra l’issue que le 29 août, date à laquelle doit avoir lieu la principale manifestation anti-Bush, organisée par le collectif United for Peace and Justice, à la veille de l’ouverture de la Convention républicaine.

250 000 personnes sont attendues. A une semaine de la manifestation, le parcours n’est pas encore fixé. Depuis des mois, le collectif demande le parc. Le permis d’y manifester lui a été refusé une première fois par le maire, Michael Bloomberg, "le milliardaire démocrate devenu milliardaire républicain", comme disent les activistes. Motif : la grande pelouse ovale, la Great Lawn, réhabilitée par des fonds privés à la fin des années 1980, ne le supporterait pas.

Le collectif, qui rassemble 800 groupes, a d’abord obtempéré. Mais quand le maire a proposé aux manifestants de s’accommoder d’une portion de voie express, la West Side Highway, une longue bande de macadam sans ombre ni cafés, la base a protesté. Les organisateurs ont présenté une nouvelle demande. Deuxième refus. "C’est une invitation pour les incidents", a commenté Leslie Cagan, 57 ans, responsable du collectif et ancienne organisatrice des protestations contre la guerre du Vietnam.

Jeudi, les organisateurs ont porté plainte contre la ville, au nom du premier amendement, qui garantit le droit de "s’assembler paisiblement". Pour eux, l’argument de la pelouse ne suffit pas. Elle a survécu à la messe dite devant 100 000 personnes par le pape en 1995, et en 2003 encore à un concert de Dave Matthews. "Bloomberg a réussi à transformer une question de liberté d’expression en discussion d’horticulture", ironise Bill Dobbs, porte-parole du collectif. Une pétition a été lancée. Les signataires s’engagent à donner quatre heures de leur temps au service des parcs pour replanter la pelouse. Selon un sondage, 75 % des New-Yorkais sont favorables à ce que la manifestation se tienne dans le parc.

Les responsables associatifs sont partagés sur la tactique. Certaines associations laissent entendre qu’elles défieront clairement l’interdiction, au risque de se heurter à la police. D’autres ne donneront pas de mot d’ordre mais espèrent que leurs sympathisants se glisseront dans le parc, en petits groupes. Les "vieux", comme Norman Mailer, sont inquiets. Ils craignent les provocations et appellent les manifestants à ne pas faire le jeu du camp républicain.

Il y a deux jours, M. Bloomberg a lancé une opération de charme en direction des manifestants. Il leur a promis des réductions dans les restaurants, les hôtels, les musées et les théâtres. "Ce n’est pas drôle de protester le ventre vide", a-t-il expliqué. Il y a tout de même une condition. Pour avoir 10 % de réduction au restaurant de la chaîne Applebee ou au Pokemon Center, les manifestants devront porter le badge de "militant politique pacifique" délivré par la municipalité.