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"Non, nous ne sommes pas un peuple élu" - textes du Bund polonais

par jpd

Publie le dimanche 6 mars 2016 par jpd - Open-Publishing
9 commentaires

Editions Acratie - Vient de paraître

«  Non, nous ne sommes pas un peuple élu !  »
Sionisme et antisémitisme dans les années trente
La doctrine du Bund polonais dans les textes

Le livre

De la fin du XIXe siècle au génocide, les bourgades juives d’Europe orientale sont frappées de plein fouet par la modernisation industrielle, l’explosion de l’antisémitisme et l’émigration (4 millions de Juifs fuient vers l’Europe de l’Ouest et l’Amérique). C’est dans ce contexte qu’est fondé à Vilnius, en 1897, le Bund, Union générale juive des travailleurs de Lituanie, de Pologne et de Russie. Social-démocrate, le Bund est combattu par les communistes bolcheviques et ses cadres seront éliminés sous Staline. Partisan de la doïkeyt (en yiddish l’“icitude”, c’est-à-dire le refus de fuir) et d’une autonomie culturelle en Russie et en Pologne, le Bund s’oppose à l’émigration et à l’implantation juives en Palestine prônées par les militants sionistes. Ce puissant mouvement politique n’a pas survécu à l’extermination de sa base sociale par l’Allemagne nazie et ses alliés.

Les points forts

Les articles, publiés dans les années trente en polonais ou en Yiddish et traduits ici pour la première fois, nous montrent à quel point le débat sur le sionisme et l’antisémitisme qui secouait alors le mouvement juif est d’une actualité encore brûlante. Parti révolutionnaire marxiste dans le fond et de culture juive dans la forme, le Bund a écrit une des pages les plus originales de l’histoire des mouvements d’émancipation contre le cpitalisme et de lutte contre l’antisémitisme.

Les auteurs

Militants du Bund, Journalistes ou chroniqueurs, quelques-uns parvinrent à échapper au régime nazi, les autres furent liquidés par Staline.

150 pages (18,5 X 25) - ISBN : 978-2-909899-52-7
En librairie à partir du 15 mars - Diffusion Pollen

Messages

  • La stratégie du Bund, "ne pas bouger et s’intégrer", a surtout aidé les exterminateurs. Et la raison est tristement restée à ceux qui avaient mis en garde contre cet optimisme.

  • Marek Edelman, dirigeant en second de l’insurrection du ghetto de Varsovie, membre du Bund, a survécu et s’est toujours refusé à émigrer en Palestine, car il se définissait fondamentalement comme anti-sioniste. C’est l’illustration de ces textes.
    Bonne initiative de les publier

  • Certes, les juifs subissaient une oppression spécifique, de là à créer une organisation propre à côté du parti prolétarien...
    Il y a eu les Blacks Panthers aux USA mais contrairement au Bund, ils ne se référaient pas explicitement au marxisme et pensaient plus ou moins créer un Etat autonome (je crois que Lenine était pour) ce qui était plus difficilement envisageable pour des communautés dispersées entre Baltique et Mer Noire.
    De plus, comment se définir à la fois comme juifs et athées ? Bien sûr, on pouvait défendre la langue yiddish, voire se servir des shetls comme bases pour des communautés socialistes.
    Sinon le Bund existe toujours même si c’est de manière un peu anecdotique. En Russie, la plupart de ses membres ont rejoint les Bolchéviks, les autres ont souvent subi les purges staliniennes.

    • comment se définir à la fois comme juifs et athées ?

      Et pourquoi non ? C’est justement une des spécificité du sionisme que de superposer les notions de juif et de religion juive. On peut se reconnaitre comme Juif (surtout si on est désigné comme tel par les autres !) et être athée, communiste ou anarchiste !
      Quel est ce parti "prolétarien" dont tu parles ?

    • Y a-t-il des gens qui se disent adventistes du 7e jour et athées ? Ou mormons et athées ?
      Si on voulait absolument se définir d’un point de vue ethnique, à la limite on pouvait se définir comme "yiddish" plutôt que comme "juif". Dans l’ancienne Yougoslavie, des Bosniaques se disaient "musulmans au sens ethnique" tout en étant athées. C’était même encore plus bizarre : ils n’avaient pas de langue propre.
      Pour ce qui est du parti prolétarien, je pense au POSDR mais le problème aurait pu se poser ailleurs, par exemple aux USA où il y a une très importante communauté juive.
      En France, il y a eu une éphémère Organisation Juive Révolutionnaire à la fois marxiste et sioniste (!). Aujourd’hui il y a les "Juives et Juifs Révolutionnaires" antisionistes. Je ne sais pas s’ils sont proches d’un parti (prolétarien) mais ils laissent entendre que le combat serait plus culturel que politique.

    • juif et athée ? de la création du premier syndicat en 1872 " union des travailleurs lituaniens " en passant par Marx et tant d’autres ,dont léon Bronstein dit trotsky , et quasiment la moitié du comité central du parti bolchevik avant sa liquidation par staline.( les libertaires du yddishland. de jean marc izrine )

    • Tu prends "juif" dans un sens ethnique mais même dans ce sens, ni Marx ni Trotsky ne se disaient juifs (c’était un journaliste américain ou anglais qui disait du second que c’était "un fils de pute mais le plus grand juif depuis Jésus" !)
      Dans le bouquin dont tu parles, il est question d’un Yiddishland et non d’un Judenland.
      Dans un sens ethnique, il y aurait plusieurs peuples juifs. Notamment, en plus du yiddish, il y a eu le judéo-arabe, le judéo-espagnol (latino), le judéo-occitan. En fait, c’était surtout pour le vocabulaire religieux que ces langues différaient de l’occitan ou de l’arabe.

    • il n’est question que de communautés vivant depuis des siécles dans des royaumes puis des empires ayant eu à leur égard des politiques différentes mais toujours oppréssives depuis le 15 eme siécle dans l’est européen et non de pays peuplés par un peuple juif ( judenland ) lequel n’est qu’une construction mythique. Ces communautés parlaient des dialectes différents ( une dizaine répertoriés de la crimée à la lituanie et de kiev à la rhénanie ) regroupés tardivement sous le vocable unique de yddish faisant croire par là à un peuple unique ....Dans quelle mesure des croyances au dieu d’israel cimentaient ces communautés disparates ? je n’ai a part la question juive de marx rien lu à ce sujet et je ne sais si une étude matérialiste a en été faite .Par ailleurs comme tu le précise Marx se disait athée , natif de tréves en rhenanie et internationaliste.

  • Dans une récente interview avec Anne Sinclair sur BFMTV, BHL dit qu’en toute simplicité, "Trésor des nations" serait une meilleure traduction que "peuple élu".