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Nous n’attendrons pas péniblement 2018.
par S&J
Publie le jeudi 18 août 2016 par S&J - Open-Publishing4 commentaires
Nous n’attendrons pas péniblement 2018.
Loi Travail, Etat d’Urgence, Sème ta ZAD et chemises déchirées.
Cela fait trop longtemps que la colère couve, que la population veut reprendre le contrôle de sa vie et, accessoirement, en finir avec le lot d’injustices dont la quotidienneté s’est installée petit à petit, jusqu’à nous interroger si c’est une chape de plomb ou un bruit blanc qui s’est abattu sur nous. Sans pourtant savoir exactement où et quand. La Loi dite “Travail” -alors qu’elle est CAPITALe- et l’Etat d’Urgence -et les tas d’urgences, vous les voyez ou pas ?- ne sont que la validation parlementaire, pardon “démocratique”, de mesures déjà en application depuis belle lurette. La plèbe slalome ou zigzague et, au final, s’amuse de vos textes sans avoir à attendre de conseils de quiconque.
C’est pourquoi nous n’attendrons pas péniblement 2018 pour célébrer, dans une triste ambiance corsetée faite de gobelets en plastique et de couronnes de fleurs factices, les dix ans de cette tartufferie hâtivement rebaptisée “LA Crise” ou le cinquantenaire de Mai qui n’a été qu’un apéritif face à ce qui vous attend. En bonus, avec un peu de chance, de telles commémorations auront lieu sous la houlette d’un président toujours estampillé “Socialiste” mais que les poubelles de l’histoire auront vite fait de déplacer du coté des déchets ultimes, entre uranium périmé et résidus d’incinérateur. A moins de délibérément vouloir générer un tintamarre à base de casseroles, est-ce bien nécessaire de continuer de taper sur des Républicains dont les têtes de gondoles jouent et rejouent le coup de “l’homme providentiel” comme une mauvaise troupe de théâtre amateur ? La candidature soit-disant “anti-système” d’un Front National qui détient comme fond de commerce la haine, le rejet d’autrui ainsi que toute une panoplie de préceptes éculés ne mérite que mépris, ignorance, dégoût et se doit d’être combattu par n’importe quel moyen qu’il soit. Il est ainsi aisément compréhensible que l’issue électorale, de quelle teneur qu’elle soit -même “verte” ou “insoumise”-, ne se révèle être rien d’autre qu’une impasse.
“Sème ta ZAD” a tellement bien essaimé que son imaginaire s’est invité jusqu’au plus profond de l’inconscient collectif de notre temps. Trop de grèves ont été sabotées, sans qu’elles aient pu prendre l’ampleur qu’elles devaient, par des syndicats à la botte du Pouvoir. Les millions de manifestant.e.s humilié.e.s, dont grand nombre ont été gazé.e.s et mutilé.e.s par un gouvernement fantoche à la solde de publicitaires, de banques et de marchands d’armes n’en ont pas fini d’inventer d’autres possibles. Vous ne pouvez plus nous faire peur avec la précarité que vous organisez ni nous faire saliver avec un Contrat à Durée Indéterminée dont on a envie de se séparer à peine la période d’essai révolue. Notre crainte ne vient certainement pas de la part de migrant.e.s affamé.e.s et terrorisé.e.s, en quête d’un avenir meilleur, dont les vies sont spoliées depuis des décennies par vos gouvernements alliés et corrompus pas plus que de la peur de voir débarquer l’huissier et d’avoir à perdre un titre de propriété privée le plus souvent obtenu à crédit. Alors que votre monde, n’a jamais été crédible. De squats en espaces autogérés, d’insurrections potagères en trajectoires nomades et sabotages impromptus, de blocages en opposition au Contrat Première Embauche jusqu’aux manifestations pour les retraites en passant par les rassemblements contre la guerre en Iraq, une sous-préfecture “vandalisée” (mais qui est le vandale dans la lutte des Goodyear ?), quelques chemises déchirées sur un tarmac d’aéroport, sans ignorer les situations émeutières en banlieue ni la part croissante d’abstentionnistes et de non-inscrit.e.s sur vos listes de malheur, cela fait bien longtemps que nous sommes résolument “Contre le monde… et son monde”.
Derrière des atours de “pacifisme”, de “convivialité”, de “buen vivir” décroissant et de “citoyennisme” bon enfant, une part non négligeable de ce qui se prétend être encore de gauche courbe l’échine, baisse les yeux et hésite entre du café zapatiste acheminé par avion -le moyen de transport le plus polluant au monde- et du thé bio labellisé AB -même si la plantation a été survolée par les nuages radioactifs de Tchernobyl et Fukushima-. Le tout en comptant égoïstement ses petits points pour des droits à une retraite dont elle ne bénéficiera jamais, la mort étant survenue entre temps. On n’oubliera pas non plus d’écorcher au passage les promoteurs d’un “revenu de base” alors qu’ils ignorent de quoi il serait la base : celui de la paix sociale ou celui de devenir entrepreneur de sa vie ? Un petit peu d’argent, et hop, on devient tous potes ! C’est bien peu pour celleux qui ne veulent ni “participer”, ni “s’investir” et encore moins “collaborer” à l’une ou l’autre de ces options.
Alors, il va falloir se débarrasser de tout un tas de trucs.
A commencer par vos nervis fascistoïdes, qu’ils soient assermentés par l’Etat, miliciens lui louant leurs services armés jusqu’aux dents ou ceux aux intestins entourés ou remplis de semtex, un fusil-mitrailleur ou une arme blanche entre les mains. Tous frères-siamois d’une guerre dont les quidams du Proche-Orient, d’Afrique ou d’Europe n’ont absolument pas envie d’être les otages. Mais qui assurément, se prennent en premier lieu les frappes de drones, bombardements, explosions, mitraillages, arrestations, emprisonnements et, que ce soit par le biais de la télévision ou d’une école coranique, endoctrinements. Alors qu’il n’y a presque plus d’artisans -vendus à des franchises ou perdus dans le néant-, nous n’oublierons pas d’envoyer aux oubliettes le patronat -petit ou grand-, lequel a bien dû rigoler lorsque le “Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi” (CICE) a été proclamé par un François Hollande à peine élu. Un bon gros chèque en blanc à destination de Panama, après un petit tour par les caisses du MEDEF et de la CGPME ainsi que la poche des actionnaires et des entrepreneurs. Les élu.e.s, jamais rassasié.e.s de pouvoir dont la quête semble être un signe pathologique, vont devoir apprendre à vivre. C’est peut-être cette crainte-là qui les pousse, pour la plupart d’entre-elleux, à détruire tout ce qui leur échappe. Plus insaisissable encore car impersonnel et infiltré dans nos vies dès le réveil matinal jusqu’au soir couchant et accompagnant chacun -ou presque- de nos gestes habituels, le système technicien va immanquablement aussi en prendre pour son grade. De l’eau du robinet qu’un relevé semestriel garanti comme potable -nous n’avons pas tous la capacité pour le vérifier- aux ondes électro-magnétiques qui nous enserrent -mais qui sont si bonnes pour le commerce-, chaque acte aussi banal que répété quotidiennement ici est une catastrophe en puissance plus loin. En parallèle du système technicien qui est à anéantir, la chaîne médiatique est à se réaccaparer (journaux, radios) et, pourquoi pas, abandonner (télévision, internet). La réappropriation de nos vies passera irrémédiablement par l’abolition pure et simple des instances de contrôle social que sont Pôle Emploi et la Caisse d’Allocations Familiales. Même la quasi-intégralité des artistes, dont la liberté se mesure à la hauteur du cachet qu’une subvention ou qu’un minima social est venu combler l’estomac, doivent sérieusement commencer à réfléchir à ce qui les lie encore à cet enfer capitaliste. La liste ne prétendant pas être exhaustive : l’univers pénitentiaire et la grande distribution sont à démanteler, l’éducation à repenser, le système de santé à refonder et notre quotidien à réinventer.
Après tout ceci, que reste-t-il ? “Rien !” diront les grincheux. Nous répondons que c’est maintenant que tout commence.
Messages
1. Nous n’attendrons pas péniblement 2018., 18 août 2016, 06:32, par jean 1
Beau texte bien écrit .
Et que le cortège de tête batte le record des bouchons estivaux (760 km.) .
Vite la révolution sociale et libertaire et que vive l’anarchie .
2. Nous n’attendrons pas péniblement 2018., 19 août 2016, 14:51
Pourquoi 2018 ??
1. Nous n’attendrons pas péniblement 2018., 22 août 2016, 16:32, par S&J
Parce que c’est "l’anniversaire" de ce nouvel épisode de "crise" du capitalisme (alors qu’en fait, le capitalisme est la crise de par ses contradictions internes) qui a eu lieu en principalement en 2008 (même si des prémisses ont eu lieu en 2007). De plus, c’est aussi l’anniversaire de 1968 (et pas seulement du Mai français).
2. Nous n’attendrons pas péniblement 2018., 26 août 2016, 22:37
Que mille feux d’artifice embrasent le ciel rougeoyant des anniversaires !!!