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Nucléaire : EDF et l’Elysée sur la même ligne ?

par MickaTorre

Publie le lundi 17 février 2014 par MickaTorre - Open-Publishing

Souvent décrite comme l’une des priorités du quinquennat de François Hollande, la loi sur la transition énergétique commence à prendre forme. Bien que les industriels aient pu craindre que ce projet pave le chemin vers une sortie du nucléaire ou, au moins, une réduction des capacités françaises, il semblerait que les arguments d’EDF et d’Areva aient convaincu du côté de l’Elysée.

Comment les Verts pourront-ils rester au gouvernement ? Depuis quelques semaines, de nombreux bruits courent au sujet de la loi sur la transition énergétique. Entre autres mesures, ce projet doit mettre en application l’un des engagements de campagne du Président de la République, à savoir réduire de 75 % à 50 % la part de l’électricité d’origine nucléaire d’ici à 2025 et fermer la plus ancienne centrale française, Fessenheim, en Alsace. Cependant, d’après Le Monde, Les Echos, Le Nouvel Obs (ballons d’essai lancés par le gouvernement ?), les ministres en charge du dossier, notamment Philippe Martin (écologie), Pierre Moscovici (économie), Bernard Cazeneuve (budget) et Arnaud Montebourg (redressement productif), pourraient en profiter pour annoncer la construction de nouveaux réacteurs EPR.

En effet, l’Etat anticiperait le prochain rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui devrait chiffrer le prolongement au-delà de quarante ans du parc nucléaire français. Cette mise aux normes pourrait coûter extrêmement cher à la France et à EDF (environ 55 milliards d’euros pour 58 réacteurs). C’est pourquoi le gouvernement envisagerait de fermer les centrales les plus anciennes pour les remplacer sur les mêmes sites par des EPR de troisième ou quatrième génération. Ainsi, la production d’électricité d’origine nucléaire en France resterait constante.

Actuellement, un seul EPR est aujourd’hui en construction en France, à Flamanville (Manche), tandis qu’Arnaud Montebourg a indiqué l’an dernier que le projet abandonné d’EPR à Penly n’allait pas être relancé. L’annonce de la construction de nouveaux réacteurs ne manquerait pas de susciter des tensions importantes au sein du gouvernement. On imagine mal les Verts assumer une telle décision qui éloignerait assurément la France de l’objectif du parti écologiste de sortie du nucléaire.

Disons le tout de suite, ce choix du gouvernement serait une excellente chose. En effet, la construction de nouveaux réacteurs EPR permettrait de maintenir la compétitivité du tissu industriel français en conservant un prix de l’électricité inférieur à celui des autres pays européens. De plus, les entreprises du secteur (EDF, Areva, Alstom, etc) bénéficieraient ainsi d’une excellente vitrine dans l’Hexagone, nécessaire à l’heure où ils subissent une concurrence de plus en plus forte à l’export. De nombreux pays sur le point de s’engager dans la voie du nucléaire comme l’Arabie Saoudite notamment apprécie particulièrement le savoir-faire français. Pour obtenir des contrats, il faut cependant que les pouvoirs publics s’engagent à soutenir la filière et la construction d’EPR, soit précisément les réacteurs que la France cherche à exporter, serait un signe très fort.

« Enfin, explique un conseiller ministériel au Monde, l’atome s’inscrit parfaitement dans la logique de la transition énergétique puisque le nucléaire est une énergie qui n’émet pas de CO2. » Si cet argument pourrait difficilement convaincre les Verts, il fournit néanmoins une réponse imparable face à ceux qui accuseraient le gouvernement de manquer de cohérence.

Cerise sur le gâteau, le remplacement d’anciennes centrales par des EPR ne condamnerait pas la promesse de réduire la part du nucléaire dans la production électrique à 50% d’ici 2025. En effet, comme l’explique le PDG d’EDF Henri Proglio, relayé par Le Monde, « la part relative du nucléaire diminuera mécaniquement en raison de la hausse de la consommation d’électricité liée aux nouvelles technologies et à une population forte de 6 millions d’habitants supplémentaires. » Ce raisonnement aurait fait mouche auprès de l’Elysée et des ministres concernés.

Une telle décision ne devrait cependant pas être prise tout de suite. Comme le relate Les Echos, « l’exécutif attendra deux moments clefs : la mise en service de l’EPR de Flamanville, prévue en 2016, et les préconisations de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour une éventuelle prolongation du parc au-delà de quarante ans. » De quoi lancer, en parallèle, des initiatives en faveur des énergies renouvelables pour satisfaire tout le monde.