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Obama pourra-t-il être un médiateur (enfin) honnête au Proche-Orient ?

Publie le mardi 6 avril 2010 par Open-Publishing
8 commentaires

Philippe Marlière

Barack Obama nous surprendra-t-il sur le terrain miné du conflit israélo-palestinien ? Parmi les présidents étatsuniens, sera-t-il le premier honest broker entre les deux parties ? Reconnaîtra-t-il l’infini déséquilibre des forces en présence ? : d’un côté, Israël est une puissance nucléaire et coloniale (le « flic des Etats-Unis au Proche-Orient », comme le souligne Noam Chomsky) ; de l’autre l’« Autorité » palestinienne de Mahmoud Abbas est une entité sans pouvoir, dont la ligne de compromis mou avec Israël n’a amené que revers et déboires à un peuple déjà meurtri par les interventions militaires israéliennes et le blocus de Gaza.

Pourtant, rien ne devrait inciter à l’optimisme. Depuis la présidence Clinton, les Etats-Unis n’ont rien fait pour contrarier le fait colonial des Israéliens, se contentant de le condamner de manière purement formelle. George W. Bush donna même son appui à l’entreprise coloniale peu avant son départ de la Maison blanche sans que cela ne suscite d’émotion particulière. Depuis le refus par Yasser Arafat du « deal en or » concocté par Bill Clinton à Camp David en juillet 2000, les Etats-Unis n’essayent même plus de maquiller leur parti-pris pro-israélien. Ce « deal en or » prévoyait de reconnaître l’annexion d’une partie des terres occupées par Israël depuis 1967 ; il entérinait la mainmise israélienne sur la partie arabe de Jérusalem ou encore il apportait une fin de non recevoir au droit au retour des Palestiniens expulsés en 1948 et en 1967. Qu’Arafat ait dû porter seul la responsabilité de l’échec de Camp David qui « ruina » la présidence Clinton (avant que Monica Lewinsky ne vienne définitivement l’achever), montre bien de quel côté penche la machine médiatico-diplomatique aux Etats-Unis.

Lors de la première année de sa présidence, Obama n’a rien fait pour dissiper l’image très partisane de son pays sur ce dossier. Aux prises avec Benyamin Nétanyahou, un homme de la droite extrême et hostile à l’arrêt de la colonisation, Obama a peiné à se démarquer de ses prédécesseurs. Il a quand meme bien compris que l’arrêt inconditionnel de la colonisation est le préalable à toute reprise des négociations. Pourtant, Barack Obama est allé d’échec en échec, humilié par la politique jusqu’au-boutiste du premier ministre israélien jusqu’à la semaine passée. A cette occasion, Nétanyahou a essuyé un premier refus : Obama a demandé l’arrêt de la construction de logements dans la partie arabe de Jérusalem. Le premier ministre israélien a estimé qu’il s’agissait d’une exigence « irraisonnable » et « illogique ». L’administration étatsunienne a, fait inhabituel, rendu public son désaccord. Un porte-parole de la Maison blanche n’a pas hésité à parler de « profondes divergences de vue » entre les deux hommes. Quand Nétanyahou a déclaré que c’était à ses yeux la même chose de construire des maisons à Tel Aviv et à Jérusalem, Obama lui a répondu qu’il n’était pas d’accord. La teneur de cet entretien privé a filtré en direction des médias étatsuniens (caricaturalement favorables aux positions israéliennes), ce qui marque un changement de stratégie au sein de l’administration Obama. Ce contrepied médiatique a plongé Israël dans l’embarras et a paru suffisamment sérieux pour que le lobby pro-Israël mène une contre-offensive de grande ampleur par l’entremise de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC). Il s’agit en la matière d’une institution de masse dont l’objectif est de faire adopter au Congrès les « politiques et décisions les plus favorables à Israël ». Une majorité d’élus au Sénat et à la Chambre des représentants est membre de cette organisation. Les universitaires John Mearsheimer et Stephen Walt ont souligné le rôle influent d’AIPAC dans l’élaboration de choix politico-militaires des Etats-Unis, le présentant comme le « bras armé » du gouvernement israélien au Congrès (The Israel Lobby and US Foreign Policy, 2007). AIPAC a déclaré que les « trois quarts » des membres du Congrès avait signé sa lettre ouverte exigeant la « fin des critiques » à l’égard d’Israël, car ce type de querelles doit être réglé en « tête-à-tête en non sur la place publique ». AIPAC a préconisé un resserrement des liens entre l’administration étatsunienne et le gouvernement israélien.

Les campagnes d’intimidation contre les critiques de la politique israélienne sont redoutables et redoutées. La vigueur des attaques fait très souvent rentrer dans le rang les rares éléments récalcitrants. Ici, la contre-offensive n’a pas semblé perturber l’administration Obama. Robert Malley, l’ex-bras droit du président Clinton pour les affaires israélo-arabes, a confié que cette confrontation était « délibérée » du côté du gouvernement fédéral. Davantage, elle serait la preuve de la « détermination » d’Obama sur la question. L’avenir nous dira si l’infime espoir suscité par l’opposition obamesque était illusoire ou pas. Il apparaît pourtant difficile à Obama de rebrousser chemin car il perdrait la face et toute crédibilité pour le plus grand malheur des Palestiniens. Le président étatsunien aurait d’autant plus tort de relâcher son effort que le fait colonial israélien est en passe de devenir impopulaire au Capitole. On y estime que l’extrémisme de Nétanyahou met en danger la vie des soldats étatsuniens en Irak et en Afghanistan.
Si l’administration Obama parvient à convaincre l’opinion publique que l’arrêt de la colonisation israélienne est dans l’intérêt des Etats-Unis, alors peut-être sera-t-il possible d’envisager à moyen terme le retour à une vraie solution négociée. Mais nous n’en sommes pas encore là.

Messages

  • vous attendez encore quelques chose d’Oblabla ? c’est un président fantoche, il fait déco...les vraies manettes sont tirées par Golmann Sachs et le complexe militaro-industriel.

  • sentiment partagé, c’est un produit d’appel acceptable( post- bush) pour le complexe militaro industriel impérialiste américain

  • Rien a attendre d’OBAMA son bras droit se nomme Rham Emmanuel Israël il suffit de voir qui est cette personne, sans compter les autres membres du gouvernement pro-israelien, ainsi on peut comprendre que rien ne changera.

    • A l’approche d’un sommet à Washington auquel Obama a convié une quarantaine de dirigeants du monde pour discuter de sécurité et de non-prolifération, les 12 et 13 avril, "Israël" annonce qu’il va maintenir avec le soutien des Etats-Unis la politique du "flou" sur son arsenal nucléaire.

      "Cette politique du flou constitue un des fondements de la sécurité nationale israélienne et les Etats-Unis la considèrent comme très importante, a déclaré mercredi le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Dany AyalonAyalon, à la radio militaire.

      Selon lui, "il n’y aucune raison pour que les Américains modifient leur approche ou que la position israélienne change".

      "Nous continuons à dire qu’"Israël" ne sera pas le premier pays à présenter l’arme nucléaire au Moyen-Orient. Cette politique va continuer et aucune pression d’un quelconque pays ne le fera changer", a-t-il encore ajouté.

      La politique du "flou" constitue la position officielle israélienne depuis son adoption en 1965, date de l’inauguration de la centrale nucléaire de Dimona dans le Néguev au sud des territoires occupés.

      Par la suite, l’entité sioniste a conclu une "entente" en 1969 avec les Etats-Unis aux termes de laquelle les dirigeants israéliens s’abstiennent de toute déclaration publique sur le potentiel nucléaire d’"Israël". En échange, Washington s’est engagé à s’abstenir d’exercer des pressions sur ce dossier.

      Par précaution, tout le programme est en outre couvert par la censure militaire, que les médias israéliens contournent se retranchant derrière l’avis des "experts étrangers".

      Pour éviter toute intervention étrangère, "Israël" s’est aussi abstenu de signer le Traité de non-prolifération nucléaire ce qui lui évite d’avoir à se soumettre aux inspections de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique basée à Vienne.

    • Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a averti mercredi le président Barack Obama d’une réponse "fracassante" après la publication de la nouvelle doctrine nucléaire américaine qui n’exclut pas l’utilisation de l’arme atomique contre l’Iran.

      "J’espère que les déclarations publiées ne sont pas vraies. Il (Obama) a menacé (d’avoir recours à des) armes nucléaires et chimiques (contre) les pays qui ne se soumettent pas aux Etats-Unis", a déclaré le président Ahmadinejad lors d’un discours prononcé dans le nord-ouest du pays et retransmis en direct par la télévision d’Etat.

      "Fais attention. Si tu marches sur les pas de (l’ex-président américain George W.) Bush, la réponse des nations sera aussi fracassante que celle donnée à Bush", a-t-il ajouté.

      "Ce que M. Obama a dit, même M. Bush, qui a du sang sur les mains, ne l’a pas dit", a-t-il ajouté. "Nous conseillons à M. Obama de faire attention de ne pas signer n’importe quel papier qu’on lui présente", a poursuivi le président.

      Dans le cadre de leur nouvelle doctrine nucléaire dévoilée mardi, les Etats-Unis s’engagent à ne jamais utiliser l’arme atomique contre un adversaire qui ne la détient pas et qui respecte les règles du Traité de non prolifération nucléaire (TNP).

      L’Iran et la Corée du Nord font toutefois figures d’exception à la règle, a prévenu l’administration américaine.

    • Le président américain a essuyé un nouveau revers sur le dossier nucléaire iranien : il n’est parvenu à l’imposer dans l’ordre du jour de la prochaine réunion du Conseil de sécurité qui devrait se tenir au cours de ce mois.
      Cette décision a été confirmée par le représentant du Japon au sein de l’instance onusienne, puis rapportée par le Financial Times. Elle survient après qu’Obama a alerté que les cinq+un du Conseil de sécurité allaient voter un quatrième bouquet de sanctions durant leur prochaine réunion.
      Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant occidental donne l’impression d’avoir vaincu les réticences chinoise et russe, en faveur de nouvelles sanctions contre Téhéran.
      Au vu des récentes positions chinoise et russe en faveur d’une solution diplomatique, la déception des Américains était prévue. Elle n’est pas sans les empêcher de poursuivre les pressions, sur Moscou et Pékin, su fond d’une propagande relayée par agences et médias

  • Heu , je voulais ajouter quelque-chose au billet mais tout est dit avant , je me retrouve un peu con a vous dire cela , mais je suis d’accord avec tous les commentaires , il ne faut rien attendre d’obama comme de sarkozy ouf j’ai trouve quelque-chose a dire .

  • Ce sont vraiment de sombres idiots (et c’est vraiment un euphémisme) !!!

    Même les plus grands intellectuels américains, comme Chomsky, et Howard Zinn, qui ont voté Nader parce qu’ils étaient dans les "safe states" (là où le vote pour Obama était assuré), avaient appelé à voter Obama dans les autres états !!!

    Sans compter les acteurs et artistes « anti-guerre » comme Susan Sarandon, Patti Smith… et même le vétéran Peete Seegher, qui a chanté l’ intronisation de la nouvelle marionnette du Nouvel Ordre Mondial !

    Ils n’avaient certainement pas lu le programme d’Obama sur son site, ni écouté attentivement ses discours (ils ne voulaient voir que sa couleur !!!).

    Ce que nous avions fait scrupuleusement avant d’écrire l’article très documenté, publié début novembre 2008 (voir la bibliographie) :

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article74101

    Ralph Nader, que je soutiens depuis sa candidature de 2000, avait tout prévu, mais, comme à l’habitude, il a été stigmatisé et vilipendé. Voir, par exemple (parmi des centaines de documents) :

    Obama, McCain, and Nader (video) (http://www.internationalnews.fr/article-23494788.html)

    Obama Will Become A War Criminal ! Ralph Nader (video) (http://www.internationalnews.fr/article-23637187.html)
    Bref, tous ces gens « de gôche », soi-disant anti-guerre qui ont trompé les militants en appelant à voter Obama me dégoûtent profondément. C’est pourquoi je n’irai pas écouter Chomsky -que j’ai admiré de longue date quand il était dénigré en France - le 28 mai prochain. Et que je n’ai pas publié depuis sur les atrocités commises sur ce président, puisque tout était déjà écrit à l’avance…