Accueil > /Occitanie/"complainte" pour les occitans assassinés par les Français

/Occitanie/"complainte" pour les occitans assassinés par les Français

Publie le dimanche 25 janvier 2009 par Open-Publishing
7 commentaires

Carles Pons, responsable du Comité Diaspora Occitan, nous fait l’honneur de nous offrir un de ses petits travaux, au service de notre peuple occitan.

Une complainte de la Croisade ? Oui

Je ne suis pas recroquevillé, non, sur un passé révolu, mais ce passé sanglant, cette
« shoa » dont nos aïeux souffrirent, plus d’un siècle durant, comme beaucoup d’Occitans, je ne peux l’occulter et quelques couplets me sont venus à l’esprit.

Mais d’abord, les faits.

Le 15 janvier 1208, le Légat du Pape, Pierre de Castelnau, est assassiné à Saint-Gilles en Provence, domaine du Comte de Toulouse.
Ce dernier, réputé pour sa tolérance religieuse, accusé d’être le protecteur des Cathares, sera mis en cause directement.
Ce sera pour Simon de Montfort, petit Seigneur, rêvant depuis sa forêt des Yvelines à un Domaine plus vaste, plus riche, l’occasion de prendre la tête d’une Croisade, sous prétexte de combattre l’hérésie, mais en fait avec l’ambition de conquérir cette Occitanie opulente, intellectuellement en avance sur les régions d’Oil.
Et ce sera le 22 juillet 1209, Béziers, qui refuse de livrer une poignée de Cathares.
« Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens » aurait dit Arnaud Amaury, qui écrira sur une lettre à Innocent III, le chiffre de 20.000 morts, soit la totalité de la population.
De Béziers, les Croisés partiront vers Toulouse, martyrisant au passage, tous les villages suspects de catharisme.
A Bram, dans l’Aude, ils crevèrent les yeux et arrachèrent le nez à 99 habitants, le centième, lui, conservera ses yeux car il devra emmener, pour l’exemple, ses compagnons aveugles à Lavaur.
Même scène d’horreur à Minerve en 1210, et puis il y eut Quéribus, Puylaurens, Peyrepertuse et puis Montségur le 16 mars 1244, où plus de 200 Cathares furent brûlés.

La liste sanglante des méfaits perpétrés par l’envahisseur français serait trop longue.

Voici deux textes qui évoquent cette tragédie :

Celui de Simone Weil, Philosophe, décédée à Londres en 1943 :

« Rien qu’en regardant cette terre et quand même on n’en connaîtrait pas le passé, on y voit la marque d’une blessure. On peut trouver dans l’Histoire, des faits d’une atrocité aussi grande, mais non plus grande que la conquête par les français, des territoires situés au Sud de la Loire, au début du XVIIIème siècle. Ces territoires où existait un niveau élevé de culture, de tolérance, de liberté, de vie spirituelle, étaient animés d’un patriotisme intense pour ce qu’ils appelaient leur « langage », mot par lequel ils désignaient la Patrie. Les français étaient pour eux des étrangers et des barbares… »

Celui d’Alain Decaux, Académicien, Historien, ancien Ministre :

« Pratiquement la guerre s’est faite aussi bien contre les Catholiques du Midi que contre les Cathares qui n’étaient qu’une minorité. En réalité, les Catholiques du Midi ont pris parti pour la liberté de leur province contre les envahisseurs Nordiques. Ce ne fut pas une guerre civile, le Comte de Toulouse n’était pas français. On apprendra, et cela pourra choquer, que les français se sont conduits comme des occupants. Ils ont massacré, tué, violé. En l’occurrence, les français ce sont les SS. C’est très désagréable d’entendre cela mais c’est la vérité ».

NB : le texte cité d’A.Decaux : "en l’occurence les français ce sont les SS" est tiré de son livre "L’Education Nationale" paru le 17 Mars 1966.

Pour la suite avec texte lu et musique en Occitan, merci de passer sur le site :

"occitan-touareg"

Messages

  • Oui, l’histoire de cette "croisade" est une tâche dans l’histoire de France ;

    Mais tous les pays ont connu de pareils évènements.
    Il faut faire tès attention à ne pas instrumentaliser cette tragédie.

    Dans les Balkans, les Bogomiles ont subi des massacres comparables, ils avaient la même croyance que les Cathares ;
    Mais dans cette partie de l’Europe, chaque groupe ethnique s’est retranché dans la haine des autres.
    D’où des guerres interminables où tout le monde se reproche le passé, même très lointain.

    Conclusion, la France est un pays relativement apaisé et uni, alors que les Balkans pour une surface moindre comptent près de treize entités politiques qui se regardent en chien de faïence, sans parler des récents massacres des années 90.

    Continuons de montrer l’histoire dans toute sa vérité, mais de grâce, gardons la distance historique.

    • "la France est un pays relativement apaisé et uni"

      Mais à quel prix ? destruction des langues autres que le français, hyper centralisme, désertification de la montagne, monopoles d’état qui mettent en danger l’économie du pays (le fret sncf perd 300 millions d’euros par an et nous laisse tous les camions sur la route)...
      Non je préfère une véritable démocratie comme en Allemagne ou tous les pouvoirs ne sont pas concentré dans une ville.
      Les Occitans ne sont pas les seules victimes, plus près de nous les vendéens subirent un véritable génocide après la révolution française, et c’est le seul génocide "démocratique" car ce sont les députés qui l’ont voté.
      L’école ne nous en parle pas et 200 ans plus tard l’assemblée nationale a voté un texte contre le génocide arménien. Si la France est un pays apaisé c’est aussi un pays amnésique.

    • En, bref, on peut massacrer en paix en sachant que les biens pensants vont pardonner ( ce qui autorise à recommencer). il ne faut pas instrumentaliser. C’est vrai, l’humanité dans sa toute gloire est généreuse en massacres. mon cher, continuons joyeusement à s’étriper, non pas ! que dis je , massacrons, que les plus fort doivent éliminer les plus faible ? je vais apprendre ça à mon fils de 3 ans , cela en fera un "bon français"

      Joan

  • Mis à part que cet assassinat entraîna la disparition d’une des cultures les plus avancées en Occident, en dehors de la Culture mauresque en Espagne, on peut aussi dire que l’événement ne fut rien moins que "clair".

    Un chevalier fonça sur le cortège qui venait de passer le pont du Rhône, tua le Légat du Pape d"un coup de lance et disparut sans espoir de retour, et surtout sans revendication.

    Raimond de Touluse fut accusé d’être l’instigateur du meurtre et de protèger les "terroristes" de l’époque, (Les Cathares mais aussi tous les habitants du coin), qui avaient le tort de ne pas "croire" come le Pape et surtout comme les Francs le désiraient.

    Ca devrait rappeller quelques événements/ prétextes à guerres, plus ou moins récents à certains. Les "psy-ops", ça date d’avant les Américains.

    Ca débouchera plus tard sur le "Traité de Villers-Cotterêt" qui en sus du génocide tout court, fut un véritable génocide culturel.

    Plus tard l’histoire se répètera avec les Albigeois, puis bien plus tard les révoltes contre les Dragonnades et le Pouvoir royal central. Puis les révoltes vigneronnes au début du XXème siècle, et enfin la Résistance à l’occupant en 39/45.

    On disait alors "Maquisards/Camisards".

    C’est pour cela qu’il faut évidemment garder la "distance historique" mais ne pas oublier que l’inconscient populaire est forgé par le passé. Et qu’il ressort toujours lors des événements tragiques, plus tard, au fil des siècles.

    Je ne peux jamais le négliger lorsque je pense à d’autres événements, à la fois proches et lointains, aussi tragiques par rapport au contexte.

    Il y en a en ce moment qui occupent illégitimement la Palestine qui feraient bien d’en tenir compte.

    Ceux qui négligent leur histoire sont condamnés à revire les mêmes erreurs. Les mêmes drames.

    Sinon dans la forme, du moins sur le fond.

    Adiessias.

    G.L.

    • Je comprends et même je revendique le sentiment de frustration de la France occitane.
      Mais l’histoire n’est pas manichéenne, il n’y a pas le bien et le mal.

      On pourrait parler des Vaudois, victimes, on ne peut plus innocentes, mais aussi des querelles sanglantes entre Armagnacs et Bourguignons, du massacre de la Saint Barthélemy, des révoltes paysannes écrasées dans le sang en Lorraine et en Alsace, des massacres de Nantes à l’époque révolutionnaire, sans oublier la terreur blanche dans le Midi.

      Tous les pays européens ont connu de pareils drames et l’histoire apprise à l’école a tendance à les marginaliser ou à les ignorer.

      Si nous voulons que cela ne se reproduise pas, il faut connaitre ces faits et réfléchir aux leçons à en tirer.

    • "Si nous voulons que cela ne se reproduise pas, il faut connaitre ces faits et réfléchir aux leçons à en tirer."

      Je suis bien d’accord avec vous, et ce genre de message est fait pour rappeler un peu l’histoire qui n’est pas enseignée dans notre pays démocratique, mais peut être que ces faits d’histoires Françaises sont anecdotiques et sans intérêts pour Paris.

      Cordialement

      Pellet Jean-Marc

    • L’histoire d’un pays n’est pas linéaire, elle est jalonnée d’exactions et d’injustices.Mais, entre France et Occitanie il ne s’agit pas que de cela. On est ici en face de l’annexion d’un pays pas un autre et d’une conquête par la force brutale. On est en face de la volonté d’anéantissement d’une culture, d’une civilisation, d’une langue, d’un peuple.
      C’est plus qu’un drame de l’histoire française, il n’est pas question de bien et de mal, il est question de peuple et de peuple.

      Charles Pons le dit mieux que nous dans sa complainte.

      Eve