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"Opération Gladio : et la France ?" - l’Humanité 10.11.1990
par HISTORIA
Publie le samedi 22 février 2014 par HISTORIA - Open-Publishing"Gladio : et la France ?
Le chef du gouvernement italien Giulio Andreotti s’est voulu rassurant jeudi devant le Sénat à propos de l’affaire « Gladio » (Glaive), ce réseau anti-communiste armé fonctionnant sous l’égide de l’OTAN et financé par la CIA.
Il a affirmé que le « Gladio » n’avait jamais été impliqué dans les attentats terroristes qui ont ensanglanté l’Italie et a promis de remettre à la commission parlementaire chargée de ce problème une liste de 622 Italiens qui selon lui faisaient partie du Glaive. M. Andreotti a assuré que 127 dépôts d’armes auraient été démantelés. Il a cependant confirmé qu’en 1964 les renseignements militaires italiens avaient rejoint le « comité clandestin allié » dont les Etats-Unis, la France, la Belgique, la Grèce faisaient notamment partie.
Il n’a pas répondu aux demandes de dissolution du Glaive. Pour sa part, le juge d’instruction vénitien chargé de l’affaire, Felice Casson, veut entendre Francesco Cossiga, à titre de témoin et en sa qualité de Président de la République. « A ma connaissance, c’est la première fois qu’un chef de l’Etat italien en exercice est ainsi convoqué » a déclaré un membre un Conseil supérieur de la Magistrature dont M. Cossiga est président de droit.
En Belgique, le ministre de la Défense Guy Coëme a confirmé jeudi soir dans une interview à la radio publique RTBF l’existence d’un réseau international de services secrets qui aurait regroupé tous les pays du pacte atlantique. Il a indiqué avoir appris le matin même que son pays assurait la présidence tournante de cet organisme et que celui-ci avait eu une réunion fin octobre à Bruxelles. M. Coëme a demandé la dissolution de la filière et « une enquête administrative » sur son lien éventuel avec « le banditisme et le terrorisme qui ont frappé la Belgique dans les années 80 », tout en estimant qu’il n’y en avait pas.
La presse française -à l’exception du « Monde »- est très discrète sur les nouvelles révélations dans cette affaire. Elle ne pose surtout pas la question de l’existence d’une organisation du même type que le « Gladio » dans notre pays, bien que les dirigeants italiens et belges y aient fait référence. Le mutisme officiel sur la question n’est pas moins remarquable. Nous continuons à demander que la vérité soit rendue publique et que l’organisation soit démantelée sans délai.
Myriam Barbera
Article paru dans l’édition du 10 novembre 1990."