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Où va la dynamique social actuelle ? Une grève hautement significative.
par Jacques Chastaing
Publie le vendredi 4 mars 2016 par Jacques Chastaing - Open-PublishingLa grève actuelle pour les salaires des employés de la Cooperl à Lamballe, Montfort sur Meu, Saint Maixent l’Ecole en Bretagne et St Eanne dans les Deux Sèvres, une entreprise d’abattage des porcs, est importante pour comprendre la profondeur de la colère sociale actuelle et sa dynamique possible. La grève livre un message éminemment politique et potentiellement révolutionnaire sur l’état d’esprit actuel d’au moins une fraction de ses salariés et peut-être de ce que recouvre à une échelle bien plus large la dynamique sociale présente.
Voilà un extrait ce que qu’écrit l’intersyndicale des objectifs de la grève dans une lettre ouverte aux éleveurs porcins :
" Nous subissons tous la gestion uniquement financière de cette direction, écrivent les syndicats. En effet, nous salariés, comme les éleveurs, nous revendiquons de vivre dignement de notre travail. (....) Le président est devenu pour l’instant simplement la marionnette du directeur général. Or la Cooperl appartient juridiquement aux éleveurs et nous leurs demandons d’en reprendre les rênes."
" Nous refusons que la misère des salariés soit opposée à celle des éleveurs. (...) Nous exigeons que sur les soixante-cinq millions d’euros prévus en investissement pour 2016, vingt millions soient affectés à parts égales sur les humains (dix millions pour la rémunération des ouvriers et dix millions pour soutenir les éleveurs) "
On voit que l’unité ouvrier-paysan, celle des grévistes ouvriers et des paysans en lutte, proposée par les grévistes de l’entreprise propose un partage des bénéfices (investissements) entre ouvriers et paysans et une remise en cause de la propriété capitaliste par la remise de l’entreprise (une pseudo coopérative mais avant tout comme la plupart des grandes coopératives actuelles, une entreprise capitaliste comme les autres) à ceux qui travaillent, au moins aux paysans, juridiquement propriétaires à défaut de l’être dans les faits.
Il y a certainement bien des limites dans cette lutte et peut-être ces objectifs dont on ne perçoit l’écho que de loin. Cependant, cette grève nous dit qu’il faut être très attentif à ce qui en train de se passer dans les profondeurs du mouvement social en cours car on peut être surpris rapidement et encore bien plus que par ce qui s’est passé autour des chemises d’Air France ou de la mobilisation qui s’est levée autour de Goodyear.
Ce qu’on voit se lever autour du 9 mars et ensuite donne une idée de l’ampleur de la colère accumulée depuis des années et la grève de la Cooperl donne un aperçu de la maturation des consciences qui s’est faite silencieusement tous ces temps mais qui ne trouvait pas le chemin pour se faire entendre.
Il se pourrait bien que la dynamique progressiste qu’on voit s’exprimer sur un terrain électoral aux USA ou en Grande Bretagne avec les succès de Bernie Sanders et Jeremy Corbyn et d’une certaine manière aussi sur ce terrain en Grèce, Espagne ou Portugal depuis quelque temps, se manifeste en France dans la rue et de manière bien plus explosive du fait d’un certain nombre de blocages sociaux et politiques mais aussi des traditions particulières de luttes dans ce pays. Il est bien possible que le large mouvement qui se dessine dans le monde trouve encore une fois son expression la plus radicale et la plus consciente dans les rues, les entreprises, les bureaux, les universités, les villes et les campagnes du territoire français
Si l’état d’esprit de ces salariés et syndicalistes de la Cooperl est certainement provoqué par la conjonction des luttes ouvrières et paysannes en Bretagne et leur rencontre dans les entreprises de transformation agricole, cela peut refléter de manière probable ce qui peut apparaître rapidement dans la conjonction de multiples luttes à venir de nombreux secteurs, étudiants, salariés, paysans...
Il restera à donner une visibilité politique significative à cette aspiration de la rue à un autre monde, où on ne soit pas obligés de vivre toute sous sa vie dans le règne des eaux glacées du calcul égoïste capitaliste .
1.Mercredi 2 mars : 5me jour de grève à la Cooperl à Lamballe et manifestation. Après ceux de Montfort sur Meu les salariés de Cooperl Saint Maixent l’Ecole rejoignent le mouvement.
http://www.ouest-france.fr/bretagne/lamballe-22400/greve-la-cooperl-les-salaries-mobilises-pour-le-5e-jour-consecutif-4068281