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PARTICIPER AUX ELECTIONS : OPPORTUNISME OU PRAGMATISME ?

par Robert SAE

Publie le mercredi 23 novembre 2016 par Robert SAE - Open-Publishing
1 commentaire

Au sein des mouvements révolutionnaires, le débat est aussi vieux que les élections elles-mêmes. Participer aux élections, est-ce abandonner la voie révolutionnaire ? Est-ce faire le jeu du système dominant ? Ces questions sont particulièrement brûlantes dans le contexte actuel qui confirme que l’éradication de ce système - notamment en construisant de puissants contre-pouvoirs dans tous les domaines- est la condition essentielle à la survie de l’humanité.

Pour certains, qui se sont auto-proclamés détenteurs de l’orthodoxie révolutionnaire, participer à une élection, quelle qu’elle soit, relève purement et simplement de la trahison. Pourtant, un simple regard sur l’histoire des mouvements populaires enseigne que les choix que ceux-ci ont pu faire sont loin de toute affirmation doctorale. Aujourd’hui, les mêmes qui glorifient le commandant Chavez, dont la stratégie a permis les progrès que l’on sait, qualifient de « traîtres » les militants qui considèrent judicieux d’intervenir sur le front électoral. Les Sandinistes du Nicaragua, le FMLN* au Salvador, l’IRA* en Irlande auraient-ils trahi la cause en décidant de participer aux élections ? Nous entendons déjà le contre-argument des professeurs es-révolution : « S’ils y ont participé, c’est après avoir construit un rapport de force par la lutte armée ! ». Admettons ! Mais nos donneurs de leçons sont-ils eux-mêmes en train de construire un rapport de force par la lutte armée ou même seulement par le développement d’un mouvement de masse significatif ? Si c’était le cas, cela se verrait, cela se saurait.

Oui ! On a raison de dénoncer ceux qui déclarent que : « la lutte armée n’étant pas possible, les élections sont la seule voie pour affronter le système et gérer le pays dans l’intérêt du peuple. Cela ne dispense absolument pas de l’exigence de penser la question de la participation aux élections dans le cadre d’une stratégie globale pour la lutte de libération nationale et pour l’émancipation sociale. Au total, pour les mouvements révolutionnaires, à l’opposé de tout opportunisme, la participation aux élections ne saurait être qu’une affaire d’opportunité. La tache première, essentielle, indispensable, c’est l’organisation des masses populaires dans les structures associatives, dans les comités de lutte, dans les quartiers, toujours et partout, sur la base d’une juste compréhension des enjeux, des voies à emprunter et des objectifs à atteindre pour une transformation révolutionnaire de la société. Sur cette base, l’important est que les formes de lutte et d’intervention adoptées correspondent à une juste appréciation du rapport de force.

L’opportunité de participer ou pas aux élections ou même de les boycotter, peut être envisagée à la lumière de plusieurs questions : Cette participation prendra-t-elle le pas sur le travail d’organisation des masses ? Favorisera-t-elle le mythe des sauveurs suprêmes ou, au contraire, sera-t-elle vécue par le peuple comme une expression de son engagement collectif ? Permettra-t-elle d’accéder à une parcelle de pouvoir, serait-elle minime ou locale ? Que ce soit le cas ou pas, permettra-t-elle d’être un tremplin significatif pour la vulgarisation des idées et des objectifs ?

Nous pourrions continuer la liste des questions de fond qui se posent. Mais celles déjà énoncées suffisent à conduire à une conclusion : Concernant la participation aux élections, seul un débat serein, respectueux des positions et des préoccupations des militants sincères, loin de toute posture, permettra d’arrêter, au cas par cas, les bonnes positions.
*FMLN : Front Farabundo Marti de Libération Nationale / IRA : Armée Républicaine Irlandaise

Messages

  • conduire à une conclusion : Concernant la participation aux élections, seul un débat serein, respectueux des positions et des préoccupations des militants sincères, loin de toute posture, permettra d’arrêter, au cas par cas, les bonnes positions.

    Quand je lis ça, je me dis : oui, super !

    Sauf qu’avant il y avait cette série, qui contredit totalement ce qui est dit et qui fout tout en l’air :

    Pour certains, qui se sont auto-proclamés détenteurs de l’orthodoxie révolutionnaire

    les mêmes qui glorifient le commandant Chavez, dont la stratégie a permis les progrès que l’on sait, qualifient de « traîtres » les militants qui considèrent judicieux d’intervenir sur le front électoral [tu penses à qui ? pas sûr qu’ils existent ailleurs que dans ton imagination...]

    Nous entendons déjà le contre-argument des professeurs es-révolution :

    Mais nos donneurs de leçons sont-ils...

    Bref, encore une fois, faites ce que je dis, pas ce que je fais...
    Pfff... Misère...

    Dommage, ça pourrait être un débat intéressant, entre gens qui savent traiter ceux qui ne pensent pas comme eux autrement que par un mépris ridicule.
    Dommage aussi car sur le fond je suis plutôt d’accord.