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Palestine : le piège : entre réformisme et intégrisme

Publie le vendredi 15 juin 2007 par Open-Publishing
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de Pam

La longue lutte du peuple palestinien était devenue une cause militante
internationaliste symbole de la capacité de résistance d’un peuple. Les
évènements de Gaza avec une guerre civile qui semble dépasser les horreurs
de la répression israélienne ont bien sûr des conséquences dramatiques
d’abord pour le peuple palestinien. Mais pour tout le mouvement
international de soutien à l’intifada, à la résistance palestinienne, ils
rendent indispensables un effort d’information et d’explication

Il semble en tout cas que la résistance palestinienne se retrouve coincé
dans un piège mortel.

L’OLP et son principal parti ; le Fatah ont choisi avec les accords d’Oslo un
compromis "historique" semblant ouvrir une issue vers la création d’un état
palestinien. Ce parti a tenté de combiner participation aux négociations
internationales et lutte populaire avec la première puis la deuxième
Intifada. Il était frappant d’écouter en France Leila Shahid insister
fréquemment sur le rôle de l’Union Européenne. A l’évidence, cette stratégie
tentant de jouer des contradictions entre les deux principales puissances
impérialistes que sont l’Union Européenne et les Etats-Unis s’est révélé ces
dernières années une impasse.Si Chirac y a gagné une relative légitimité
dans les pays arabes, Arafat en est mort, assiégé, emprisonné dans son
réduit de Ramallah, président dont les plus grands avaient serré la main
mais qu’ils laissaient seul se faire écraser sous les bombes israéliennes
malgré la sollidarité de quelques militants internationalistes.

Il devenait clair que ni la France, ni l’Union Européenne n’allait "sauver"
la palestine. Quelques soient les crimes de l’armée israélienne, les
rapports de force mondiaux conduisant les dirigeants européens à protester
gentiment, tout en continuant leur commerce et leurs alliances militaires au
service des états-unis dans la région, du Liban à l’Afghanistan. Le refus de
Chirac de la guerre en Irak a pu faire illusion, mais nous savons bien que
ce sont d’abord les intérêts économiques français dans la région qui en sont
la cause et non pas les souffrances des peuples.

Le renforcement de l’aggression israélienne notamment avec la construction
du mur, l’annexion toujours plus résolue de Jérusalem et la poursuite
continue de la colonisation en Cisjordanie créait une situation explosive et
il fallait à tout prix casser la représentation unie du peuple palestinien,
sa capacité de solidarité dans les pires difficultés. L’intégrisme islamique
politique était évidemment une opportunité. Il avait déja servi les intérêts
états-uniens pour enliser l’ex URSS en Afghanistan. Pourtant, la révolution
iranienne et la politique américaine au moyen-orient rendait la chose
difficile.

Au Liban, la résistance populaire mettait en échec en 2006 l’armée
israélienne sur la base d’une alliance entre un mouvement islamiste et des
forces progressistes dont le parti communiste. Emprisonné depuis des années
dans les geôles israéliennes, Marwan Bargouti était un symbole capable de
rassembler largement des forces palestiniennes du Hamas au parti communiste.
Rien n’était donc joué.

La victoire du Hamas aux élerctions montrait certainement à la direction
palestinienne la nécessité d’assumer l’échec d’Oslo et de reconnaitre qu’il
n’y aurait pas d’accord sur une base portée par les capitales occidentales,
que ce n’était pas le changement de Clinton en Bush qui en était la cause,
mais bien les intérêts stratégiques des différentes puissances dont joue
Israel pour poursuivre coûte que coûte son objectif d’anéantissement du
peuple palestinien.

Les puissances occidentales ont sauté sur l’occasion pour plonger le peuple
palestinien dans un piège sans issue. Etranglant l’autorité palestinienne
sous prétexte de positions du Hamas qui respectait pourtant depuis des mois
la trêve des attentats, l’occident a constamment opposé direction
palestinienne et Hamas, financant certains, promettant des armes, alors que
personne n’imaginait un seul instant intervenir !

Qu’est-ce qui a conduit le Hamas a choisir une guerre civile qui à
l’évidence affaiblit la palestine ? Difficile à dire. Bien sûr, le Hamas
prendra exemple sur la corruption réelle de l’autorité palestinienne pour
parler de "libération". Mais les morts, les tirs sur les manifestants civils
marqueront durablement les capacités de résistance et d’unité. Le résultat
est une palestine divisée entre Cisjordanie et Gaza. En tout cas, c’est bien
l’armée israélienne qui après avoir détruit Arafat a "libéré" Gaza tout en
la maintenant sous pression constante, favorisant objectivement le Hamas et
lui offrant potentiellement un "territoire".

Combien de mercenaires et d’agents des puissances occidentales étaient à
Gaza depuis un an ? Qui a fourni les armes, les munitions ? qui a
désinformé, provoqué, manipulé ? Peut-être que celà n’a pas été nécessaire,
mais ce qui est certain, c’est que Isarel sort renforcé de cette guerre
civile, la palestine éclatée et meurtrie, l’uinité palestinienne construite
au prix du sang par l’OLP défaite. La stratégie occidentale était depuis
longtemps un piège destiné à détruire une lutte nationale progressiste
héritière des luttes anticoloniales. D’un coté, l’intégration avec la
reconnaissance dans les institutions internationales, les petits fours et
les cérémonies, de l’autre la répression et le pourrissement, les armes et
la corruption. Il serait mal venu de condamner le peuple palestinien dans
cette situation. Entre réformisme et intégrisme, la voie est étroite. Ne
faut-il pas dire clairement que seul un point de vue communiste, fondée sur
les seuls intérêts du peuple, sans illusion sur les pouvoirs impérialistes
peut la faire émerger ? Ne faut-il pas dénoncer avec plus de forces le rôle
joué par la France et l’Union Euréopenne dans cet enlisement des
palestiniens à Gaza ?

Rien n’est impossible pour le peuple palestinien qui a montré son incroyable
capacité de résistance. Il est donc encore plus important de lui témoigner
notre confiance et notre solidarité.

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