Accueil > Pax americana, le prix du sang
de Michel Guilloux
Une semaine après la réélection du président des États-Unis, la démonstration armée de Falouja souligne cruellement, toujours et encore, l’impasse de la loi du plus fort.
À une dizaine de jours de la conférence internationale de Charm-el-Cheikh, le pilonnage de la ville de Falouja concentre tous les ingrédients de la poudrière irakienne depuis la décision unilatérale de George Bush et ses alliés d’envahir le pays, puis de l’occuper dans l’engrenage sanglant qui ne cesse depuis. On peut utiliser le cynisme, à l’instar de l’ambassadeur d’Irak aux Nations unies déclarant hier que cette opération est « un moindre mal ». On peut aussi recourir au sophisme digne de la méthode Coué, tel Tony Blair à la Chambre des communes, tentant d’expliquer en substance que plus on bombarde des civils, plus ils seront prêts à accepter la démocratie promise avec la tenue d’élections en janvier. Les opinions publiques, hostiles depuis le début au déclenchement de la guerre, ne s’y trompent pas. En Grande-Bretagne, elle sanctionne le premier ministre sur ce point à un niveau jamais atteint depuis mars 2003.
« Moindre mal » que de considérer hôpitaux et cliniques comme objectifs militaires ? « Moindre mal » que de bombarder une ville, dont le premier ministre irakien reconnaît lui-même qu’un tiers de la population est resté sur place ? Peut-on penser sérieusement que ces quelque 100 000 hommes, femmes, enfants et vieillards soient tous des « terroristes » ? « Moindre mal » que d’utiliser à Falouja la même méthode qui a échoué à Samarra, citée comme l’« exemple » de la sécurisation à la mode américaine ? « Moindre mal » lorsque, au même moment, l’armée US est chassée de la ville de Ramadi, à 100 kilomètres à l’ouest de Bagdad, et que les insurgés se déclarent solidaires de Falouja ? « Moindre mal » qu’un tel état de fait oblige les ONG à quitter le pays ou à s’inquiéter, comme l’UNICEF, de la « confusion des rôles » militaires et humanitaires ?
Une semaine après la réélection du président des États-Unis, la démonstration armée de Falouja souligne cruellement, toujours et encore, l’impasse de la loi du plus fort. Elle ne peut qu’inquiéter quant à la réponse au souhait exprimé, de par le monde, de voir évoluer la diplomatie menée par Washington. Le président égyptien Hosni Moubarak, accueillant la conférence internationale sur l’Irak les 22 et 23 novembre prochain, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, tout comme la France, s’inquiètent de la tenue d’élections dignes de ce nom à la date prévue. Cette interrogation paraît plus que fondée. Côté américain, par la voix de Colin Powell, on sort le gant de velours en gardant la main de fer. Le secrétaire d’État évoque le souhait de George Bush « d’une relation forte avec tous ses amis et alliés européens » avant de préciser que « le président ne va pas fléchir, ni reculer. (...) C’est une continuation de ses principes, de ses vues politiques, de ses croyances ». Cette intransigeance radicale s’est retrouvée au coeur de la rédaction du projet de déclaration finale de la conférence de Charm-el-Cheikh, qui doit réunir les voisins de l’Irak, les pays du G8, l’ONU, la Ligue arabe et l’Organisation de la conférence islamique. Les représentants de la Maison-Blanche ont opposé des « no » cinglants aux demandes, formulées en particulier par la France, de voir fixer un « horizon » du retrait des troupes étrangères et un « retour à l’esprit » de la résolution 1546 des Nations unies, de juin dernier, qui stipulait le caractère temporaire de l’occupation de l’Irak. En cela, ils restent fidèles aux raisons de fond qui motivent l’occupation irakienne, à savoir imposer la domination des intérêts économiques et politiques du cercle dirigeant américain au Proche-Orient.
Reste que, de ces discussions préliminaires à la tenue de
la conférence proprement dite, avec tous ses participants, la diversité de leurs points de vue, leur poids réel dans la région et l’évolution en Irak même, sans oublier la Palestine et autour de l’après Arafat, il demeure l’espoir qu’un autre rapport de forces voie le jour. Cet espoir est ténu mais réel, et sa défense constitue la seule position lucide pour un autre monde que celui dont rêvent Bush 2 et ses partisans.
http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-11-10/2004-11-10-449591
Messages
1. > Pax americana, le prix du sang, 11 novembre 2004, 18:49
100 obus à la minute. Voilà ce qu’à vécu falloudja à certains moments d’une bataille que je considère dire d’un fachisme aveuglant et que je nomme AmeriKKKa.
Quelle paix peut offrir cet empire de l’Ouest, proteur de valeurs aussi peu fiables que l’obésité, la sous-culture, me lythe de l’Ouest tueur de peux-rouges, les grosses voitures et les télés affligeants (à quoi cela sert d’avoir 300 chaines de télé si c’est pour y voir de la pub tous les 1/4 d’heure) ???