Accueil > Petit rappel : L’affaire de Timisoara

Petit rappel : L’affaire de Timisoara

par pilhaouer

Publie le vendredi 23 août 2013 par pilhaouer - Open-Publishing
4 commentaires

Défendre le régime syrien est une chose.

Douter de le propagande qui conduit à d’autres guerres est autre chose !

Lorsqu’on croit détenir la vérité, il faut savoir qu’on le croit, non pas croire qu’on le sait.

(Jules Lequier)

Et lorsque l’adhésion à "des faits" non établis risque d’entraîner un chaos plus monstrueux encore, il est nécessaire de douter.

On saura un jour et je me serai peut-être trompé.

Petit rappel : L’affaire de Timisoara :

L’affaire a lieu en décembre 19891, lors de la chute du régime Ceaușescu. Les médias occidentaux, et en particulier français, annoncent quelques centaines de morts, puis jusqu’à 70 000 morts quelques jours plus tard. On parle de « charniers »2. Les témoignages, les chiffres et les explications les plus absurdes sont avancés sans aucun contrôle :

TF1 : « Ceaucescu, atteint de leucémie, aurait eu besoin de changer son sang tous les mois. Des jeunes gens vidés de leur sang auraient été découverts dans la forêt des Carpates. Ceaucescu vampire ? Comment y croire ? La rumeur avait annoncé des charniers. On les a trouvés à Timisora. Et ce ne sont pas les derniers »3.

Le magazine L’Événement du jeudi du 28 décembre 1989 titre même : « Dracula était communiste »2.

Gérard Carreyrou lance un appel à la formation de brigades internationales prêtes à « Mourir à Bucarest »2.

Le quotidien Libération avec Serge July titre « Boucherie ». On y lit : « Timisoara libéré découvre un charnier. Des milliers de corps nus tout juste exhumés, terreux et mutilés, prix insupportable de son insurrection. »2

Le Monde félicite La Cinq d’avoir « révélé l’horrible charnier des victimes des manifestations du dimanche précédent ? »4

Ces mêmes allégations et graves approximations sont également reprises par les médias étrangers :

Le renommé journal espagnol El País avance qu’« à Timisoara, l’armée a découvert des chambres de torture où, systématiquement, on défigurait à l’acide les visages des dissidents et des leaders ouvriers pour éviter que leurs cadavres ne soient identifiés. »2

Le New York Times, tout en soulignant que ces chiffres n’ont pas été confirmées par des sources indépendantes, avance que 4.500 personnes auraient été massacrées en trois jours5.

C’est le journal Le Figaro qui, dans son édition du 30 janvier, annonce qu’il s’agissait d’un faux, que les morts montrés à la télévision avaient été déterrés du cimetière de la ville6.

Wikipedia

Les journaux ci-dessus étaient considérés comme crédibles et le sont encore !

Aucun journaliste n’est mort de honte !

Qui ne serait indigné par la mort d’enfants ?

1.Le fait que Bachar El Assad soit considéré à tort ou à raison comme un méchant n’est pas une preuve et il semble que ses adversaires ne soient pas à ranger dans les catégories des gentils ni les puissances impérialistes qui mettent de l’huile sur le feu.

Faut-il encore rappeler que Saddam Hussein était un méchant mais n’avait pas les armes de destruction massives inventées par le gentil Colin Powell et les gentils démocrates Bush et Blair pour attaquer l’Irak et le ramener un siècle en arrière avec des centaines de milliers de morts auquel il faut ajouter les enfants morts à cause de l’embargo dont la gentille Madeleine Albright a dit un jour que "c’était le prix à payer".

2.Le fait qu’"on parle" de 1 300 morts (2 600, 3 900, serait-ce mieux ?) ne saurait rendre l’information plus crédible mais ce peut être un moyen pour empêcher la réflexion en nous submergeant d’émotion et parler d’enfants tués pendant leur sommeil provoque le même effet.

3. Cette information a pour but de nous mobiliser contre l’intolérable.

Mais alors, il faut nous expliquer pourquoi les horribles guerres au Congo qui ont fait des millions de mort dans des conditions tout aussi atroces ne génèrent pas au moins un article par semaine .

Se draper dans la posture de l’indigné donne peut-être bonne conscience mais ...

Messages

  • Merci pour ces rappels. La passion fait souvent office de jugement. Je ne me souviens plus quel philosophe a dit : "Ce qui est bien connu n’est pas connu".
    Un crime ne peut justifier un autre crime, mais jamais nos médias ne mettent en avant le crime des américains au Vietnam avec l’agent ORANGE.

  • Merci d’avoir rappelé cette honteuse aventure de notre presse à l’affût du plus gore, notamment dès que cela pourra orienter l’opinion dans le sens souhaité par les habituels fauteurs de guerre.
    La ressemblance avec l’actualité contribuera (j’espère) à rendre certains plus précautionneux quant aux accusations à l’emporte pièce.
    Sur Timisoara, on a entendu ensuite de timides mea culpa, des "je n’ai fait que répercuter", "tout le monde le disait et il nous fallait bien couvrir l’événement nous aussi"... alors que la propagande était voulue, utile aux vendeurs d’engins de mort (et parfois patrons de presse aussi, tiens tiens).
    Sur d’autres horreurs réelles ou supposées, mises "par erreur" sur le dos d’un bouc émissaire pré désigné, on a seulement le silence en lieu et place d’un démenti, d’une enquête : une actualité chassant l’autre, le problème précédent est évacué avant que la vérité ne soit établie !

  • Un journal libanais (Alahed) publie une information sur les preuves qui auraient été fournies par la Russie de tirs par les rebelles de missiles contenant une charge chimique.

    Carnage de Ghouta : l’histoire des deux missiles tirés par la « Brigade de l’Islam »

    Pourquoi les Occidentaux et les Américains se sont-ils abstenus d’accuser le régime syrien d’avoir fait usage des armes chimiques dans la Ghouta de Damas ?

    La délégation russe a fourni aux missions occidentales et américaines lors de la réunion extraordinaire de l’Onu une version de l’attaque à l’arme chimique survenue le 21 août dans la banlieue est de Damas », rapporte le quotidien libanais Assafir dans son édition de vendredi 23 août citant des sources arabes.

    Cette version, qui n’a pas été rendue publique, a été étayée par des documents et des images satellitaires des lieux de l’incident et de la région de Ghouta.

    Selon les sources, les Américains n’ont avancé aucun document qui contredit la thèse russe vu que les images prises par les satellites US aboutissent au même résultat : C’est l’opposition syrienne qui a perpétré l’attaque à l’arme chimique. De ce fait, les Occidentaux n’ont pas pointé du doigt le régime et se sont contentés de demander un élargissement de la mission de la commission d’enquête internationale.

    Ce journal n’est pas neutre mais il ne l’est ni plus ni moins que la presse occidentale et on a donc toutes les raisons de chercher à vérifier ces informations très précises .

    D’autre part, la presse commence à parler d’une confirmation par MSF de l’utilisation de gaz de combat :

    Le Point :

    Syrie : MSF confirme l’usage d’armes chimiques

    Mais on peut lire dans l’article ce passage :

    Les équipes de MSF n’ont pas pu se rendre sur place, mais elles sont en contact avec le personnel médical de ces hôpitaux, auquel elles fournissent des médicaments, du matériel médical et un appui technique. "Les symptômes qui nous ont été rapportés, tels que les convulsions, l’hypersalivation, les pupilles contractées, la vision trouble et la détresse respiratoire, le schéma épidémiologique de cet événement - caractérisé par l’afflux massif de patients dans un laps de temps très court, la provenance des patients et la contamination des secouristes et du personnel ayant fourni les premiers soins - suggèrent fortement l’exposition massive à un agent neurotoxique", a souligné Bart Janssens, directeur des opérations à MSF, cité dans le communiqué.


    "Les équipes de MSF n’ont pas pu se rendre sur place, ...
    Les symptômes qui nous ont été rapportés ..."

    Si les journalistes d’investigation reviennent de vacances, on finira par savoir ...