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Philippe Courroye, un procureur très en cour.

Publie le jeudi 19 novembre 2009 par Open-Publishing
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Connaissez-vous un des magistrats les plus puissants de France, le sarkozyste Philippe Courroye ?

Non ? Alors lisez cet article ahurissant :

Philippe Courroye, un procureur très en cour.

Au printemps 2007, Philippe Courroye change de fonctions, passe de l’instruction au parquet, de Paris à Nanterre. Un autre métier, plus "politique". Surtout dans les Hauts-de-Seine, fief de l’UMP et des multinationales. Le Conseil supérieur de la magistrature conteste sa nomination, arguant de son manque d’expérience à ce poste, mais il s’installe au palais de justice de Nanterre, dans un bureau décoré d’un portrait de l’Empereur.

Le voici donc au coeur du "Sarkoland" ouvert à d’autres horizons, plus parisiens. Certaines relations, nouées auparavant, virent à l’amitié, par exemple avec Martin Bouygues ou Me Paul Lombard. Cet avocat aux manières de marquis florentin a de l’entregent, le sens de la négociation et des rencontres fortuites. Il fréquente beaucoup de patrons du CAC 40, sans que l’on sache jamais trop s’il s’agit d’amis, de clients, ou des deux à la fois. "Il a fait basculer Courroye dans un autre monde", estiment plusieurs sources. Un monde où l’on déjeune et dîne entre gens d’influence, sans se soucier du qu’en dira-t-on.

C’est ainsi qu’au début de 2009, Me Lombard concocte, dans son appartement du Quartier latin, une soirée "théâtre" pour une trentaine de privilégiés. Il a demandé à Christophe Barbier, directeur de la rédaction de L’Express et membre d’une troupe amateur spécialisée dans les spectacles à domicile, de jouer la pièce Le Souper. Parmi les spectateurs, Philippe Courroye et son épouse, mais également l’actrice Charlotte Rampling et son mari, l’homme d’affaires Jean-Noël Tassez, poursuivi dans... l’Angolagate !

Le tableau a de quoi étonner : entre champagne et petits-fours, alors que Christophe Barbier vient d’interpréter Talleyrand en costume d’époque, Courroye et Tassez discutent comme deux vieilles connaissances !

Autre épisode, plus connu : le déjeuner que Philippe Courroye organise chez lui avec l’omniprésent Me Lombard, le PDG de Casino, Jean-Charles Naouri, et le sous-directeur des affaires économiques de la PJ parisienne, Patrick Hefner. La révélation de cette rencontre par Le Canard enchaîné du 8 avril va élargir le cercle des anti-Courroye. Pouvait-il ignorer que ce policier supervisait une enquête concernant Casino et qu’il était peut-être malvenu de réunir pareils convives, fût-ce pour un repas "amical" ? Pour sa défense, il avance que l’affaire en question n’était pas traitée par son parquet, mais par celui de Paris - ce qui est exact - et qu’il n’en avait pas connaissance - ce qui amuse les sceptiques.

L’affaire du "déjeuner Casino".

Un aspect de cette polémique l’a beaucoup affecté : l’évocation du nom de son épouse. Mais là aussi, pouvait-il y échapper ? Ostiane Courroye est chargée des projets de mécénat au sein du groupe... Casino ! A ce titre, elle mène à bien des programmes de nutrition et d’accès à l’éducation dans divers pays. Précisons aussi qu’elle n’est pas une novice en mécénat : du temps où elle vivait à Lyon (jusqu’en 2007), elle était déléguée générale de la Fondation Bullukian, une institution locale richement dotée.

Le "déjeuner Casino", ajouté aux agapes chez les Pinault, est perçu comme l’erreur de trop. L’image de Philippe Courroye n’est plus brouillée : elle vire au négatif. "La déception est à la mesure de son image de chevalier blanc", regrette un collègue. "Sa réaction de surprise laisse supposer qu’il y a eu d’autres repas, et qu’il a fini par ne plus voir le mal", suggère un autre.

"Son monde n’est plus le nôtre, résume un ex-compagnon de route au palais de justice de Lyon. Philippe a cherché une double reconnaissance, professionnelle et sociale, et cela peut le fragiliser. Avec le recul, je me demande si cette culture de la mondanité n’existait pas, de façon discrète, quand il était à Lyon, par le biais de son épouse notamment."

Blessé par ces accusations, il revendique son droit à l’amitié et dit n’avoir aucune leçon d’indépendance à recevoir. Mais rien n’y fait : la critique l’emporte. A Nanterre, en particulier. A tort ou à raison, les reproches s’accumulent. Sur ses "obsessions carriéristes". Sur la manière dont, en 2007, il a classé l’affaire de l’appartement des Sarkozy à Neuilly. Sur son indulgence à l’égard des banques dans le dossier Moulinex-Brandt.

Verdict d’Emmanuelle Perreux, présidente du Syndicat de la magistrature (gauche) : "Il a la main sur les affaires des Hauts-de-Seine, et plus aucune n’aboutit. Pour Sarkozy, il représente le parquet de demain."

"Demain", justement, Paris l’attend. Et le tir de barrage s’annonce terrible. Pour Christophe Régnard, président de l’Union syndicale des magistrats (majoritaire), cette promotion serait la preuve que "l’institution est de plus en plus noyautée par des proches de l’Elysée". S’il est nommé, Philippe Courroye avancera donc à contre-courant, plus seul que jamais, contraint de gommer au plus vite son image d’ami des puissants.

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/philippe-courroye-un-procureur-tres-en-cour_827998.html

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