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Plus de 660 morts en Haïti sous l’effet de la tempête Jeanne

Publie le mardi 21 septembre 2004 par Open-Publishing

par Joseph Guyler Delva

PORT-AU-PRINCE, Haïti - Le bilan en Haïti des inondations et des glissements de terrain provoqués par le passage de la tempête tropicale Jeanne s’établissait à plus de 660 morts et les autorités peinaient toujours à atteindre les régions isolées par les eaux.

Le président haïtien par intérim Boniface Alexandre a lancé un appel à l’aide internationale, profitant de sa présence à la séance inaugurale de l’Assemblée générale de l’Onu, à New York.

"Face à cette tragédie, dont l’ampleur est celle d’une catastrophe humanitaire, je lance un appel urgent à la solidarité de la communauté internationale", a-t-il déclaré.

La tempête a balayé le nord de Haïti au cours du week-end, déversant de fortes précipitations sur le pays, inondant des villes et recouvrant villes et villages d’épaisses coulées de boue.

Le Premier ministre par intérim Gérard Latortue, qui a décrété trois jours de deuil national à la mémoire des victimes, comptait se rendre mardi dans les régions les plus touchées.

Le gouvernement a fait état d’un bilan de 662 morts après ces inondations, et s’attend à ce qu’il s’alourdisse encore, les secouristes trouvant de nouveaux corps et atteignant seulement maintenant des secteurs isolés par les eaux.

Le bilan se répartissait ainsi mardi : 550 morts dans la ville de Gonaïves, 65 dans la province du Nord-Ouest et 47 dans d’autres villes.

"Il n’y a pas une maison à Gonaïves qui n’ait pas été touchée", a déclaré Latortue avant de quitter Port-au-Prince pour se rendre dans cette ville côtière.

Selon des responsables, la moitié des 200.000 habitants de Gonaïves ont besoin d’une aide immédiate sous la forme d’un abri, d’eau ou de nourriture.

UNE ILE QUASI SUBMERGEE

C’est à Gonaïves qu’est né le mouvement indépendantiste haïtien - ancienne possession française - il y a 200 ans, et c’est de là aussi qu’est partie une insurrection armée qui a abouti au départ, cette année, du président Jean-Bertrand Aristide.

L’entourage de Latortue a fait savoir que ce dernier espérait atterrir sur l’île de La Tortue, située au large de la côte Nord de Haïti, pour y évaluer les dégâts.

Des employés de l’Onu ont raconté lundi que l’île était à peine visible sous les inondations, et que les secouristes n’avaient jusqu’ici pas été en mesure de l’atteindre.

Les soldats de maintien de la paix déployés dans l’île sous mandat de l’Onu pour la stabiliser après le départ d’Aristide participent aux efforts de secours, et transportent des cargaisons d’aide d’urgence.

La forte déforestation d’Haïti rend ce pays vulnérable aux inondations.

Jeanne avait fait auparavant 11 morts et détruit des centaines d’habitations en République dominicaine, qui partage l’île d’Hispaniola avec Haïti.

La tempête s’est brièvement transformée en ouragan, s’est un peu calmée au cours du week-end et est redevenue ouragan lundi, avec des vents de 136 km/h.

Jeanne, qui se trouvait lundi à 600 km est-nord-est de Grand Abaco, une île des Bahamas, se dirigeait vers le nord-est. On s’attend à ce qu’elle vire mardi vers l’est, ce qui la tiendrait à l’écart des Bahamas et épargnerait la Floride, touchée par trois gros ouragans ces cinq dernières semaines.

De même, l’ouragan Karl ne posait aucune menace immédiate, évoluant, avec des vents de 195 km/h, en plein Atlantique, à 1.550 km est-nord-est des Petites Antilles, loin de toute terre.

Cependant, une nouvelle tempête tropicale, Lisa, s’est formée dans l’Atlantique. Accompagnée de vents de 100 km/h, elle se trouvait lundi à 1.400 km à l’ouest des îles du Cap Vert.

Les météorologues prédisent que dans sa progression vers l’ouest, en direction des Caraïbes, elle pourrait se transformer en ouragan. (Reuters)

http://www.reuters.fr/locales/c_newsArticle.jsp?type=topNews&localeKey=fr_FR&storyID=6294100