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Portugal : la droite remplace la gauche pour gérer l’austérité

Publie le lundi 6 juin 2011 par Open-Publishing
2 commentaires

L’abstention -40%- aura été le principal vainqueur des élections législatives de dimanche au Portugal, marquées, selon les premières estimations, par le succès de la droite face à la majorité sortante socialiste, sur fond d’austérité liée au plan européen d’aide à une économie sinistrée.Ces élections ont été provoquées par la démission du premier ministre socialiste, José Socrates, en mars dernier, après le rejet, par le parlement, des mesures d’austérité rendues nécessaires par l’obtention d’un plan d’aide de 78 milliards d’euros.

Selon les estimations sortie des urnes, dimanche soir, le Parti social-démocrate (centre-droite) devrait remporter une majorité absolue au parlement avec ses alliés chrétiens-démocrates (PP, conservateur et nationaliste), avec 52 à 53% des suffrages, tandis que le PS du premier ministre sortant ne recueille que 30% des voix. Pedro Passoes Coelhos, le président du PSD, devrait devenir le prochain premier ministre.

Après l’Irlande en février, c’est donc un deuxième gouvernement frappé par la crise et contraint d’imposer des mesures impopulaires d’austérité, qui tombe sous les coups des électeurs. En Espagne ou en Grèce, les partis au pouvoir ne peuvent guère espérer mieux lors des prochaines échéances électorales.

Avant le vote, notre partenaire MyEurope.info analysait ainsi le climat déprimé qui entourait ce scrutin :

Entre le PS sortant ou le PSD de centre-droit et entre indignation et résignation alors que l’aide internationale de 78 milliards d’euros va dicter les règles pendant les quatre prochaines années, ces élections se déroulent dans un climat particulièrement morose.

Fernanda rencontrée sur la place de Graça dans quartier historique de Lisbonne, a du mal à maitriser sa colère :

« Pourquoi j’irai voter ? Tout le monde sait bien que rien n’aura changé lundi. L’austérité, l’austérité…on nous en rabat les oreilles. C’est déjà difficile, et cela ne va pas s’arranger ! »

Son mari, fonctionnaire, a déjà fait les frais des politiques d’austérité qui se succèdent depuis près de deux ans :

« Une coupe brutale de 200 euros par mois, parce qu’il gagne plus de 1500 euros mensuels. Moi je ne travaille pas, à cause des enfants, alors ça fait une sacrée différence ».

Comme Fernanda, une grande partie de la population, qui commence seulement à vraiment prendre conscience de l’importance des nouveaux sacrifices qui seront demandés pour faire face à l’endettement du pays, n’est pas motivée pour aller voter.

Luis Carvalho, professeur d’économie politique à l’ISCTE, l’Institut des sciences du travail à l’Université de Lisbonne, commente :

« Les politiques de droite comme de gauche sont à la merci de ceux qui vont accorder les crédits internationaux qui seront distribuée par tranches au Portugal.

Le sentiment assez général est que les jeux sont faits. Je m’étonne que dans ce contexte mes concitoyens ne soient pas indignés par le fait que ce sont des technocrates venus de l’extérieur, sans aucune légitimité démocratique, qui vont prendre les rênes du pays pour trois ou quatre ans ».

http://www.rue89.com/2011/06/05/portugal-la-droite-remplace-la-gauche-pour-gerer-lausterite-207985

Messages

  • Encore une fois des manifestations sans perspectives politiques ne servent a rien.(comme mai 68)
    Pourtant la vrai alternative de gauche etait là avec la CDU et le bloc de gauche.
    L’ insurection et l ’ indignation c’ est dans les urnes que cela doit se faire.
    Pour ne pas l’ avoir compris,abstention aidant,il ne reste plus au peuple portuguais que de se serrer la ceinture,pour rembourser la dette illegitime.
    Les actionnaires des banques etrangeres,et les retraités americains des fonds de pension ont de beaux jours devant eux§

    • Encore une fois des manifestations sans perspectives politiques ne servent a rien.(comme mai 68)

      sauf que Mai 68 permit des conquêtes supérieures à celle de la gauche une fois arrivée aux écuelles...

      Il faut donc mesurer ces paroles ; Mai 68 , sans objectif de départ sorti avec 33% de Smic (55% du SMAG-salaire mini agricole) en plus, les sections syndicales reconnues, les salaires de 10%, le ticket modérateur ramené de 30 à 25%, etc...

      C’est autre chose qu’un gouvernement de gauche qui réussit à privatiser plus que tous les gouvernements précédents.

      La vraie alternative de gauche entre la coalition PC-Verts et les cousins portugais du NPA ne peut se concevoir qu’au travers d’une stratégie de conquête du pouvoir par les travailleurs (et pas par les partis), sans illusions sur l’enkistage institutionnel.

      Les manifs sans perspectives politiques comme tu dis ont d’abord été des manifs sans suffisamment d’organisation et de revendications précises.

      Et ça ça vient du fait que les partis de la gauche n’ont pas travaillé suffisamment dans ces mouvements pour les aider à déblayer les obstacles pour parvenir à leur fin.

      Mais si cela avait été sur le thème "votez pour nous" on en connait le résultat à l’avance (si ils ne se font pas chasser d’abord à coups de pied au cul).

      Les illusions des masses s’expriment dans les élections également. Mais aussi dans les mouvements de masse , sauf que ces derniers sont seuls à écrire l’histoire, transcrite électoralement ou pas.

      Les maisons ne se construisent pas en posant d’abord les tuiles.

      C’est en étendant les mouvements de masse, en leur donnant des perspectives permettant d’attendre leurs objectifs qu’on peut leur permettre de changer de nature. Encore faut-il, à cette fin, avoir une stratégie de changement de ce monde qui soit solide et mise en place, ce qu’une coalition électorale n’est pas.

      Les questions électorales sont des questions de légitimité politique mais pas de pouvoir ou de débouché politique (sauf pour les électoralistes amnésiques).

      La révolution socialiste en Europe ne peut pas être autre chose que l’explosion de la lutte de masse des opprimés et mécontents de toute espèce.

      Des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement - sans cette participation, la lutte de masse n’est pas possible, aucune révolution n’est possible - et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs.

      Mais, objectivement, ils s’attaqueront au capital, et l’avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé, qui exprimera cette vérité objective d’une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité, pourra l’unir et l’orienter, conquérir le pouvoir, s’emparer des banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des raisons différentes !) et réaliser d’autres mesures dictatoriales dont l’ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie et la victoire du socialisme, laquelle ne "s’épurera" pas d’emblée, tant s’en faut, des scories petites-bourgeoises.

      Lénine, 1916

      La révolution russe de 1905 a été une révolution démocratique bourgeoise. Elle a consisté en une série de batailles livrées par toutes les classes, groupes et éléments mécontents de la population.

      Parmi eux, il y avait des masses aux préjugés les plus barbares, luttant pour les objectifs les plus vagues et les plus fantastiques, il y avait des groupuscules qui recevaient de l’argent japonais, il y avait des spéculateurs et des aventuriers, etc.

      Objectivement, le mouvement des masses ébranlait le tsarisme et frayait la voie à la démocratie, et c’est pourquoi les ouvriers conscients étaient à sa tête.

      idem

      et on ne me verra pas souvent citer lénine, mais là, il est touchant de voir qu’il y a de mêmes incompréhensions de ce qui se passe à un siècle de distance, qu’entre les réformistes et les sectaires de la gauche radicale, les mouvements de masse et explosions indéniablement sociales, très impurs, suscitent tant de méfiances, de peurs, de craintes, de mépris et surtout de dimension.

      Ce touchant réflexe réactionnaire a plusieurs emballages, mais une conséquence, laisser mains libres à l’extrême droite qui n’a pas bien compris encore que ces gauches, entre les réformistes et les radicaux sectaires, abandonnaient le mouvement de masse.

      ce ne sont ni les partis, ni les courants politiques qui choisissent les mouvements de masse, ou qui choisissent quel peuple on doit avoir.