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Pourquoi François Fillon a-t-il bien peu de chance d’être élu président de la république en 2012 ?

par Lo Pak

Publie le dimanche 22 janvier 2017 par Lo Pak - Open-Publishing
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Fillon est le seul candidat jusqu’à aujourd’hui dont on dispose d’une mesure de son électorat : 3 millions de personnes ont voté pour lui lors de la primaire de la droite. Or Hollande a été élu en 2012 au deuxième tour avec 18 millions de voix contre 17 millions pour Sarkozy, sachant que le corps électoral compte 46 millions de personnes. On en est donc très loin. Les voix obtenues par Fillon représentent 6,5 % du nombre total d’électeurs inscrits. A la différence des autres scrutins, le taux participation à l’élection présidentielle est toujours très élevée (de l’ordre de 80% soit 37 millions de personnes). Les voix exprimées pour Fillon feraient alors 8 % des votants.

Mais les électeurs au deuxième tour de la primaire de la droite n’avaient le choix qu’entre deux candidats, Fillon et Juppé. Or une partie des gens qui ont voté pour Fillon préféreront sans doute voter pour Le Pen au premier tour de la prochaine élection présidentielle. Ceux qui adhèrent a une idéologie extrémiste choisiront l’original à la copie. Et le choix n’est pas limité au Front national pour des électeurs de droite. Bayrou envisage toujours de déposer sa candidature, et Macron séduit les électeurs de droite de sensibilité libérale.

Fillon ne va pas non plus bénéficier de la répulsion envers les socialistes. Personne ne votera pour lui contre Hollande, étant évident que sa politique ne seraient qu’un renforcement de celle de l’actuel président – En 2012, Hollande avait été élu grâce à une plus forte abstention à droite qu’à gauche, à cause du rejet de la politique de Sarkozy. Mais ceux qui ne sont pas aller voter pour Sarkozy en 2012 n’iront pas plus voter Fillon en 2017 au premier tour. Hollande pouvait alors incarner un petit espoir d’amélioration, ce n’est pas le cas de Fillon aujourd’hui. Ce dernier n’a ainsi aucune réserve de voix.

En réalité, Fillon a donc très peu de chance de l’emporter. Considérons que Marine Le Pen a de bonnes chances de passer le premier tour et d’être éliminé au deuxième. Ainsi l’autre candidat présent au deuxième tour serait élu mais ce ne sera probablement pas Fillon. En conclusion, la situation est très imprévisible, tout est possible – On a d’ailleurs constaté l’incapacité des sondeurs à prévoir le résultat des élections aussi bien aux Etat-Unis (défaite de Clinton face à Trump), qu’en France (Juppé était donné favori de la primaire de la droite). Ce qui est probable, c’est que le futur président aura, pour la première fois de l’histoire de la cinquième république, obtenu au premier tour moins de 20 % des suffrages exprimés.

Pourtant, l’élection de Fillon est présentée comme inéluctable par les médias dominants - même s’ils affichent une grande préférence pour Macron. Les propriétaires capitalistes ont en effet intérêt à verrouiller l’imaginaire des Français. Les idées de droite occupent ainsi la quasi-totalité du discours médiatique dominant. Même si les idées de Fillon ne sont pas présentées comme idéales, elles sont présentées aux détriments de l’exposé de projets alternatifs. Les capitalistes ont le plus à perdre du renforcement des idées de la gauche progressiste, donc intérêt à les rendre les plus absentes possibles du paysage médiatique.

Il faut donc contrer le piège de considérer la victoire de Fillon comme étant probable. (Le biais commis pour justifier l’assurance de son élection est de considérer une proportions de voix et non un nombre absolu). Il faut par contre promouvoir activement les idées progressistes, s’organiser pour les défendre, comme Bellaciao participe à le faire. Mais une part de la population préfère peut-être la certitude du pire à l’incertitude du meilleur ?

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