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Pourquoi ne pige-t-on rien à l’indépendantisme catalan ?

par lo beret liure

Publie le dimanche 27 septembre 2015 par lo beret liure - Open-Publishing
3 commentaires

Le camp des séparatistes a transformé les élections régionales anticipées de ce dimanche 27 septembre en plébiscite pour l’indépendance. L’occasion d’essayer de mieux comprendre les racines et les arguments de ce mouvement qui suscite beaucoup d’indifférence en France.

Le camp des séparatistes a transformé les élections régionales anticipées de ce dimanche 27 septembre en plébiscite pour l’indépendance. L’occasion d’essayer de mieux comprendre les racines et les arguments de ce mouvement qui suscite beaucoup d’indifférence en France.

Ce week-end, la Catalogne va connaître une échéance électorale très tendue : ses élections régionales anticipées, transformées pour l’occasion en plébiscite pour l’indépendance par le président sortant Artur Mas. Le camp indépendantiste, qui présente pour l’occasion une candidature commune portée par la société civile (Junts Pel Si ), a ainsi annoncé qu’il enclencherait un processus d’indépendance unilatéral en cas de majorité. Un scénario qui, d’après les derniers sondage, serait envisageable…

Alors que nos voisins espagnols font face à l’un des plus gros défis territoriaux de leur histoire récente, il faut bien avouer que la question de l’indépendantisme catalan reste assez peu connue ou débattue de notre côté de la frontière. Une ignorance, voire un manque d’intérêt, qui ne manque pas d’agacer en Catalogne et fait le bonheur du camp unioniste sur Twitter.

(« Bon maintenant vous le savez, les indépendantistes. En France on en a rien à foutre de indépendance de la Catalogne » // « En France , ils n’ont rien à faire du sujet catalan et ils n’en n’ont pas peur car il ne se passera rien. Ils se préoccupent de Podemos, dixit le responsable d’une filiale. »)

French bashing mis à part, pourquoi ne pige-t-on rien à l’indépendantisme catalan ?

1.Un indépendantisme ancré à gauche

Si les Français sont si souvent perdus face à la question du séparatisme « à la catalane », c’est que les indépendantistes ne correspondent pas du tout à l’idée que nous avons de ce type de mouvement. À commencer par leur positionnement politique. En France, la référence la plus connue, le séparatisme corse, est ancré idéologiquement à ses débuts dans la droite nationaliste française (ndlc : ça, c’est la vision franchouillarde hors réalité du terrain, d’autant que nombre de militants à l’initiative de la création du FLNC, viennent de familles de la résistance communiste 39-45). Or, le terreau idéologique de l’indépendantisme catalan trouve, lui, ses racines à gauche.

« Historiquement, la revendication récente de l’indépendance est d’abord venue d’un parti de gauche, Esquerra Republicana (ERC), qui fait désormais partie de la candidature commune qui se présente en faveur de l’indépendance aux côtés du président sortant », explique Cyril Trépier, chercheur en géopolitique et spécialiste de l’indépendance catalane.

Selon ce dernier, les indépendantistes catalans se revendiquent de gauche ou de centre-gauche afin de battre en brèche le reproche habituel de l’égoïsme de régions riches ne voulant plus payer pour des régions moins favorisées. « Autrement dit, les indépendantistes catalans se veulent l’antithèse de la Ligue du Nord en Italie, qui envie l’audience médiatique dont ils bénéficient depuis fin 2012. » Mais, si peu de gens souhaitent encore aujourd’hui être considérés de droite en Catalogne, dans la réalité, les positions idéologiques ne sont pas toujours aussi tranchées. Depuis son grand succès de l’année 2012, le mouvement tend à se « transversaliser » dans la société. Surtout, la réalité des décisions politiques en Catalogne, dirigée par Convergencia, le parti du président Mas défini comme de centre-droit, tend à nuancer ce positionnement très à gauche.

On associe l’espagnolisme au franquisme et par syllogisme à la droite

Lluis Orriols

Pour Lluis Orriols, docteur en science politique et co-auteur d’un ouvrage sur les comportement électoraux en Espagne :

« Si l’on observe les préférences, surtout en terme de politique de dépense et de politique fiscale, la Catalogne est beaucoup moins de gauche que ce qu’elle affirme en réalité. »

Pourquoi alors un tel tabou au moment de s’identifier politiquement ?

« C’est surtout à cause de la relation entre le nationalisme espagnol et la droite. Sans doute en raison d’un héritage du franquisme, on associe l’espagnolisme au franquisme et par syllogisme à la droite », explique ce spécialiste des questions électorales catalanes.

2.Ce n’est pas (seulement) un mouvement identitaire

Avec comme référence majeure l’indépendantisme corse ou québecois, la France a le plus souvent tendance à associer le concept d’indépendantisme à celui d’identité de préférence voire de repli identitaire. Or, de ce côté-là aussi, nos voisins séparatistes aiment à nous embrouiller. Si nous n’y pigeons rien, il semblerait que le leader de Podemos, Pablo Iglesias, non plus. Venu défendre la candidature de son parti aux élections catalanes, ce dernier a tenté un rapprochement hasardeux entre l’origine de certains catalans d’adoption et leur possible opposition à l’indépendance. Une intervention qui a déclenché un véritable tollé dans l’opinion publique catalane, obligeant Iglesias à nuancer rapidement ses propos.

21% de la totalité des étrangers vivant en Espagne résident en Catalogne

L’incident souligne les relations complexes qu’entretiennent l’indépendantisme et l’identité catalane. Selon le dernier sondage publié par la Vanguardia –sondage qui donne la liste des indépendantistes en tête aux élections régionales avec 41% des intentions de vote–, 39,6% des Catalans déclarent se sentir autant Catalans qu’Espagnols (contre 27,4% uniquement Catalans). Lluis Orriol nuance : « L’identité entre énormément en corrélation avec l’indépendantisme en Catalogne. » Le spécialiste concède toutefois qu’il existe un pourcentage d’électeurs, à l’identité mixte, majoritairement hispanophone qui appuient l’indépendance. « Pour eux, il ne s’agit pas seulement d’une question identitaire mais aussi d’une question de désaffection vis-à-vis de l’Espagne. »

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Il n’est ainsi pas insensé de concéder aux indépendantistes catalans que l’identité n’est pas l’argument majeur sur lequel se construit le mouvement. D’autant plus que ce dernier est né dans une région qui connaît de forts mouvements migratoires : ainsi 21% de la totalité des étrangers vivant en Espagne résident en Catalogne. Conscient de ces chiffres et du métissage social, le camp indépendantiste a compris que l’identité catalane, si elle est essentielle pour une base de son électorat, ne devait pas être son seul argument au risque de l’isoler de tout un pan de la population catalane. D’où l’habileté avec laquelle Junts Pel Si a construit sa campagne, jouant sur les grands symboles comme la Diada (fête traditionnelle espagnole) tout en y associant un discours anticlivage, basé sur l’idée de construire un pays plus juste et neuf, un concept ouvert et qui parle à tous.

L’histoire de la construction nationale espagnole est celle d’un échec de l’émergence de l’État-nation

Lluis Orriols

Patrick Roca Batista fait partie de l’Assemblée nationale Catalane, cette puissance organisation de la société civile qui milite en faveur de la création d’un État catalan. Le militant franco-catalan reconnaît l’importance de l’identité dans le mouvement indépendantiste : « Mais c’est une notion d’identité ouverte et plurielle […], comme si la longue coexistence au quotidien de deux langues et de deux cultures, la catalane et l’espagnole, avait immunisé la société catalane contre le rejet de l’altérité. » Vision idéalisée d’une nation qui se démène pour exister ? L’ADN de l’indépendantisme catalan se plaît à retourner les clichés : à gauche et pas à droite, identitaire mais ouverte à tous…

3.De profondes différences historiques avec la France

Si en France le phénomène peut avoir l’air d’un ovni politique et social, c’est aussi en raisons de profondes différences historiques. « Du fait de la force territoriale de Paris, de deux guerres mondiales contre l’Allemagne et peut-être d’autres épisodes comme la Révolution française, on a une adhésion beaucoup plus forte en France au modèle de la nation », analyse Patrick Roca Batista. « L’histoire de la construction nationale espagnole est celle d’un échec de l’émergence de l’État-nation. A contrario, l’Histoire de la France est un succès notable dans ce domaine », ajoute Lluis Orriols.

Ces différences historiques nous empêcheraient donc de percevoir la véritable dimension de l’indépendantisme catalan.

« Alors que l’attention en France se concentre, de façon très imparfaite, sur les questions de l’identité et de l’économie, l’aspect le plus important et peut-être le plus intéressant de la question catalane passe souvent injustement au second plan : la dimension politique du processus. En décontextualisant l’indépendantisme catalan, on passe à côté de sa dimension principale : celle d’un problème de partage du pouvoir politique. »

Par-dessus tout cela est arrivée la crise économique de 2009, se transformant ensuite en une crise de la dette

Lluis Orriols

Cette lutte intestine entre le centre du pays et l’une de ses régions les plus riches n’est pas facile d’accès pour un public français. En marge du problème de la spoliation fiscale, les Catalans estimant que la lourde levée d’impôts à laquelle ils sont confrontés n’est pas justement réinvestie en termes d’équipements, d’infrastructures et d’investissements dans leur territoire, la posture verrouillée de Madrid concernant les négociations avec le « territoire rebelle » a exacerbé les tensions. Ainsi, la « réforme du statut d’autonomie de la région », qui devait permettre aux Catalans de repenser les relations entre leur région et l’Espagne, a été enterré par la Cour Constitutionnelle espagnole en 2010. Une décision perçue comme profondément injuste par l’opinion publique et qui a fini d’envenimer les relations entre Madrid et Barcelone.

« Par-dessus tout cela est arrivée la crise économique de 2009, se transformant ensuite en une crise de la dette dans laquelle la Catalogne est devenue une sorte de petite Grèce, et a dû demander de l’argent à l’Espagne, comme la Grèce à la Troïka », détaille Lluis Orriols.

L’indépendantisme catalan est ainsi issu d’un cocktail explosif fait de frustrations, d’impossibilité à négocier dans un contexte de crise et un paysage institutionnel profondément moins unifié que le nôtre. Il faut bien admettre que ces différentes strates ne le rende pas vraiment facile d’accès pour qui vit hors de Catalogne… Les programmes indépendantistes s’avèrent quant à eux beaucoup plus limpides. Pour convaincre la majorité des déçus de faire chambre à part avec l’Espagne, le programme tient en 4 mots : Faire un pays neuf.

« Ce qui rend le processus catalan passionnant à suivre et à vivre de l’intérieur, c’est qu’il est mis en œuvre par une société civile sans doute parmi les plus mobilisées au monde à l’heure actuelle, et qui présente un contraste saisissant avec une certaine apathie européenne ambiante. La création de l’État catalan est associée à l’idée de construire un pays non seulement neuf, mais surtout meilleur, et à le faire de façon participative, par le débat citoyen », s’enthousiasme Patrick Roca Batista.

Cela pose le problème de savoir qui est catalan et qui ne l’est pas et comment va-t-on le définir

Benoît Pellistrandi

En effet, si l’on ne comprend pas toujours l’indépendantisme catalan en France, que pourrait-on bien avoir à craindre d’un mouvement qui se positionne comme ouvert aux autres communautés et qui se plaît à s’imaginer en pays idyllique ? Cet indépendantisme « aimable » comme l’appelle Benoît Pellistrandi, historien spécialiste de l’Espagne, ne présenterait-il pas certaines limites et dangers ? « Cela pose quand même le problème de la citoyenneté, à savoir qui est catalan et qui ne l’est pas et comment va-t-on le définir. Et là, c’est quand même la boite de Pandore que l’on ouvre », avertit ce dernier.

Avis nuancé aussi du côté de Lluis Oriol :

« Ce nationalisme civique, comme le discours sur l’identité, est un discours des élites. On ne peut pas être sûr que cela entre totalement en adéquation avec la réalité sociologique. »

Reste que le véritable danger semble plus se situer dans la division profonde qu’affronte aujourd’hui la Catalogne. Avec une déclaration unilatérale d’indépendance, le risque de se retrouver avec deux sociétés parallèles ne reconnaissant à aucun moment la légitimité l’une de l’autre est grand. Dans un tel scénario, la médiation européenne deviendra sans doute nécessaire. Mieux vaudra alors pour la France trouver une autre posture que l’ignorance ou l’indifférence.

Laura Guien

http://www.slate.fr/story/107357/po...

***

Site de la CUP (Candidatura d’Unitat Popular - Països Catalans) : http://cup.cat/

& : https://www.facebook.com/unitatpopular

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Messages

  • Nous nous sommes suffisamment accrochés, sans prendre de gants pour que je dise que cet article de LBL est bien plus équilibré que d’autres..
    J’ai suffisament réagi en quart de catalan et 100 pour cent de communiste pour ne pas saluer ce qui me réjouit.

    Simplement donc une appréciation personnelle en deux points
    UN :
    Fondamentalement, la dispersion et la façon dont depuis cette belle soirée de novembre 75 ou l’on débrancha enfin les 47 tuyaux qui maintenaient en vie FRANCO-la MUERTE, le courant révolutionnaire s’est englué dans ses divisions et ses abandons de repères de CLASSE pour légitimer honteusement une pseudo"transition démocratique" ne pouvait pas aider à ce que les trvailleurs de CATALOGNE( qu’ils ne sachent pas encore parler catalan et danser la sardane pour beauxoup, est une anecdote...) à réfléchir individuellement et COLLECTIVEMENT à leur émancipation réelle..

    DEUX

    Je persiste à croire que l’HISTOIRE verra , y compris dans un processus de COMMUNISME sans etats, polices, armées ;, monnaies, etc , des recherrches d’autres rapports des hommes et femmes à ce qui restera longtemps une forme d’organisation de la Société qui sera un ETAT

     Par exemple, j’ai toujours "imaginé un Etat fédéral lâique de PALESTINE avec la co existence de deux entités largement autonomes (Israel dans ses frontières de 47 et entité dite"palestinienne)

     Une ESPAGNE fédérale républicaine avec (sans modèle ricain ou suiisse) de marges pouvoirs décentralisés, une pratique démocratique inédite, un souci permanent de défendre, faire vivre l’identité culturelle etc me semblerait d’un autre débat que ce que nous allons vivre ce soir.
    ET surtout plus propice à "cadrer" l’ESSENTIEL" :rapport K/travail

    La confusion totale, le brouillard consensuel, des drapeaux brandis par patrons et chomeurs,.. ; un rien de xénophobie"anti madrid", etc, ce soir je ne vais pas rester planté devant TVEI, ni Cadena 3

    La mobilisation dite"citoyenne" mérite autre chose que les soirs de liesse quand LE FC Barça corrige le REAL MADRID

    Cordialement

    A.C

  • Majorité absolue en sièges pour les listes indépendantistes en Catalogne

    Les partis indépendantistes ont remporté ce 27 sept. 2015 la majorité absolue des sièges aux élections "régionales" en Catalogne. Comme ils l’avaient annoncé durant toute la campagne, ce succès leur donne mandat pour mener ce riche territoire d’Espagne vers la sécession.

    Mais leurs adversaires ont refusé de reconnaître leur victoire, soulignant qu’ils n’avaient pas recueilli la majorité des voix.

    Après le dépouillement de 97% des bulletins, la liste « Ensemble pour le oui », principale coalition indépendantiste, obtient 62 sièges. L’autre liste indépendantiste, d’extrême gauche, Candidature d’unité populaire (CUP), en obtient 10.

    Ensemble, leurs 72 sièges dépassent la majorité absolue à 68 sièges sur 135. En pourcentage, elles ont recueilli 47,8% des suffrages, selon ces résultats.
    Artur Mas (CiU, conservateurs, président sortant de la Généralitat di Catalunya) a revendiqué la victoire. « Le oui a gagné, la démocratie a gagné », a-t-il lancé devant un écran géant installé sur une place face au siège de la coalition. « Nous avons un mandat démocratique (...) nous avons une énorme légitimité pour aller de l’avant avec notre projet ».

    Aertur Mas a promis qu’en cas de victoire, lui et ses alliés mèneraient la Catalogne vers l’indépendance, en 2017 au plus tard.

    Ses partisans, portant les couleurs rouge, or et bleu du drapeau indépendantiste, criaient leur joie.

    « C’est génial, indescriptible, sublime, c’est très motivant, cela donne plein d’espoir car cela démontre que le peuple de Catalogne veut l’indépendance », se sont extasiés plusieurs électeurs.

    « À l’État espagnol, sans rancœur, adieu », a lancé sur son compte twitter Antonio Baños, leader de la CUP.

    Les partis coalisés avec Artur Mas au sein d’« Ensemble pour le oui » devront toutefois s’entendre avec la CUP pour gouverner. Or celle-ci ne veut pas non plus reconduire au pouvoir le conservateur Artur Mas, auquel elle reproche sa politique d’austérité.

     participation exceptionnelle -

    La participation exceptionnelle a atteint 77 %, dépassant de 10 points celle du dernier scrutin "régional" en 2012, record pour ce genre de scrutin dans la région. Artur Mas et ses alliés sont donc parvenus à transformer ce vote en plébiscite.

    Mais ses adversaires répliquent qu’il avait perdu le plébiscite, faute de la majorité absolue des voix, car n’ayant pas dépassé les 50 % des voix

    Le Parti populaire (PP, droite), au pouvoir en Espagne, a affirmé à Madrid que « la majorité des Catalans a rejeté l’indépendance ».

    « Nous allons continuer à défendre l’unité de l’Espagne », a déclaré le porte-parole du PP, Pablo Casado. « Les Catalans leur ont tourné le dos », a lancé Ines Arrimada, tête de liste de Ciudadanos, parti libéral anti-indépendantiste. En passant de neuf à 25 sièges, Ciudadanos est devenu le second parti de Catalogne. « Ceux qui ont gagné en sièges n’ont pas gagné en voix, en conséquence, ils ont perdu le plébiscite » qu’ils se proposaient d’organiser, a dit Pedro Sanchez, le chef du Parti socialiste (opposition) qui a recueilli 16 sièges.
    « Il y a une majorité de Catalans qui ne veulent pas l’indépendance mais qui veulent ouvrir une époque de coexistence et de dialogue », Pedro Sanchez propose une réforme de la Constitution accordant plus d’autonomie à la Catalogne.

    Depuis trois ans, Artur Mas n’avait cessé d’exiger un référendum d’autodétermination semblable à celui organisé en Écosse il y a un an, où le non l’avait emporté. Mais Madrid a toujours refusé, arguant de son inconstitutionnalité. A la faveur de la crise et de relations détériorées avec le pouvoir espagnol, le nationalisme de nombreux Catalans fiers de leur culture a évolué vers l’indépendantisme.

    Le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy, (PP, droite) s’était impliqué personnellement dans la campagne, plaidant pour une « Espagne unie », et avertissant les Catalans qu’en cas d’indépendance unilatérale ils risquaient l’exclusion de l’Union européenne, une explosion du chômage, et l’effondrement des retraites. Malgré ses efforts, son Parti Populaire a perdu huit sièges, tombant de 19 à 11.

    Les autres votes se sont portés sur une coalition de gauche rassemblée autour de Podemos, nouveau parti anticapitaliste allié du grec Syriza, qui a emporté 11 sièges. Son chef Pablo Iglesias a reconnu un résultat « décevant ».
    Si la Catalogne accédait à l’indépendance, elle emporterait avec elle un cinquième du PIB de l’Espagne, 4ème économie de la zone euro, et un quart de ses exportations. L’éventualité a inquiété banquiers et entrepreneurs et haute finance, qui ont invité Madrid et Barcelone a reprendre le dialogue.
    Barack Obama, David Cameron et Angela Merkel ont aussi souhaité le maintien de l’unité.

    Quelle que soit l’interprétation du résultat, ce scrutin fait entrer l’Espagne dans une zone de fortes turbulences, à trois mois des élections législatives. D’autant que le gouvernement a prévenu qu’il agirait contre tout acte « illégal » du gouvernement "régional".

    ***

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