Pourquoi s’abstenir au deuxième tour des présidentielles 2017 ?

Le vote FN est un symptôme et non une cause. Son importance résulte de la politique actuellement menée. Or Macron ne fera, s’il est élu, qu’aggraver cette politique, alimentant ainsi le vote pour l’extrême droite. Voter Macron, c’est apporter un soutien à la politique qui nourrit le Front National. Lutter contre le Front National, c’est lutter contre Macron. Soutiendrait-on un pyromane au motif qu’il serait capable de contenir un peu l’incendie avant que celui-ci ne reparte de plus belle ?

Les injonctions paradoxales rendent schizophrènes : l’abstention protège notre santé mentale.

Faire preuve de discernement exige de mesurer la violence de la détresse sociale qui alimente le vote FN et la dangerosité de la politique de Macron (il ne s’agit pas de spéculations, celle-ci est démontrée par son action passée en tant que ministre de l’économie). Avec sagacité, on peut aussi constater que plusieurs idées du FN sont déjà arrivées au pouvoir (à travers la mise en œuvre de l’état d’urgence, l’histoire de la déchéance de nationalité...). Qu’on évite donc de parler d’une démocratie protégée par le candidat d’En Marche. La France de la Ve république est une monarchie élective.

Je ne suis pas abstentionniste par principe (j’ai voté Mélenchon au premier tour). Je pense que si le vote peut être quelquefois employé à des fins démocratiques, il est notable que le scrutin présidentiel français vise à légitimer l’oppression capitaliste. (En 2005, le référendum pour la constitution européenne y a échoué, on a vu comment il fut contourné.)

Voter ou pas, voter blanc, n’est pas déterminant. Ne dépensons alors pas trop d’énergie à en débattre, même si cela peut éventuellement permettre de mieux savoir ce que l’on veut et nourrir une dynamique d’engagement. Ce qui importe vraiment, c’est de s’organiser pour lutter contre le capitalisme, pour promouvoir des idées égalitaires, c’est de mettre en place des solidarités concrètes, de lutter contre la précarité professionnelle, contre les loyers exorbitants, etc.

Or le vote - y compris celui en faveur de Mélenchon - manifeste de la part de certains un désir de s’abstenir de toute action politique effective... Pourtant, même si Mélenchon avait été élu président, un mouvement social d’ampleur, comme celui de 1936, aurait été indispensable pour permettre l’application de son programme.

Je suis solidaire avec les électeurs du Front National, (à l’exception d’une minorité d’authentiques fascistes). Ce sont eux qui subissent en première ligne les ravages du capitalisme : paysans, artisans, ouvriers, commerçants... Je suis aussi solidaires avec les électeurs de Macron, (à l’exception d’une minorité d’authentiques capitalistes). Membres des classes moyennes, ils subissent également les nuisances de capitalisme, notamment l’angoisse terrible que celui-ci génère.

Comment rassembler la grande majorité des gens qui souhaitent contribuer à leur mesure à l’amélioration de la société ? Il faut en particulier lutter contre le pouvoir médiatique oligarchique, qui a fait gagner Macron et Le Pen au premier tour (respectivement par promotion et par répulsion). Comme participe à le faire Bellaciao, il faut développer la promotion d’une pensée progressiste.

Quel que soit le résultat des élections, construisons la résistance. Investissons les mouvements, les partis, les syndicats, les associations, acteurs de la lutte contre le capitalisme.