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Prison confirmée contre des policiers menteurs

Publie le jeudi 11 décembre 2003 par Open-Publishing

Après un tabassage, des CRS avaient établi de faux témoignages contre le
DAL.

Les policiers qui mentent, multiplient les faux témoignages devant un
juge d’instruction pour faire condamner pour « rébellion en réunion et avec
arme » des manifestants qu’ils viennent de tabasser. Cela n’est pas rien.

Encore faut-il le prouver. En l’occurrence, les CRS n’ont pas eu de chance
 : deux chaînes de télé, un vidéaste amateur, des photographes et des
passants choqués qui se sont mués en témoins étaient là.

C’était en mai 1997, place d’Iéna, en plein XVIe arrondissement à Paris. Les
militants de Droit au logement (DAL) manifestaient devant un immeuble du
Crédit Lyonnais inoccupé depuis cinq ans. Pris en flagrant délit de
mensonge, les policiers ont été condamnés en première instance, le 27 juin
2001. L’affaire est revenue en appel, le 5 novembre dernier. Et, hier,
l’arrêt est tombé, confirmant les peines pour les six policiers (dix à
quinze mois avec sursis) assorties d’une privation des droits civiques et
civils pour trois ans. L’Etat est condamné à verser un total de 12 200 euros
aux trois plaignants. « Il aura fallu six ans et demi », regrette Irène
Terrel, avocate de l’un d’eux.

A l’audience, Romain L., qui fut le plus amoché, expliquait : « Les coups, je
veux bien passer l’éponge. Mais les faux témoignages auraient pu avoir des
conséquences fâcheuses pour nous. Il a fallu des mois pour que les policiers
reconnaissent qu’ils avaient fait un montage. » A ses côtés, Jean-Pierre I.
renchérissait : « A une audience de comparution immédiate, ça aurait pu
conduire à la prison. Je pense à ceux qui n’ont pas eu notre chance. » Son
avocat, Henri Leclerc, fort de ses cinquante ans de pratique, fut formel :
« Arrivant avec un dossier comme ça, c’était quelques mois de prison ferme,
voire plus. » Pour la défense de Romain L., Irène Terrel précisa que les
trois jeunes hommes étaient accusés d’avoir chargé les forces de police avec
une hampe de drapeau de 3,5 m, en utilisant comme bélier la partie ciselée
de l’objet. « Accusés par cinq fonctionnaires dont un brigadier : ils
n’avaient aucune chance. Mais mon client était dans un tel état que ça
aurait fait désordre dans le box des comparutions immédiates. Donc, il y a
eu nomination d’un juge d’instruction. » Un juge dont elle loua le travail.

Par Jacqueline COIGNARD