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Procès le 25 juin : Mort à la Citadelle d’Amiens - Après l’accident, l’injustice
par REBELLE
Publie le jeudi 20 juin 2013 par REBELLE - Open-Publishing
Que s’est-il passé ?
Le 22 février 2002, Hector Loubota,19 ans, travaille sur le chantier d’insertion de la Citadelle. Grimpé sur un échafaudage, il s’applique à des travaux de maçonnerie. D’un coup, un pan de mur s’effondre, et il meurt écrasé sous 600 kilos de pierres.
Quelle en est la cause ?
Dans le dossier d’instruction, un expert en bâtiment a rendu un rapport accablant : le chantier a été lancé sans « aucune analyse des terrains », sans « étude préalable du bâti », sans « aucun suivi régulier », sans même « le nom d’une personne chargée de la sécurité » !
Il mentionne ainsi « l’absence d’étaiements » : la ville n’a planté aucun piquet pour soutenir le mur initial – qui ne tenait que grâce « à la terre et aux racines ».
Des erreurs d’autant plus coupables que, dans les années 1970, « cet ouvrage s’était déjà en partie effondré ». Il aurait fallu, avant de démarrer l’entreprise, estime l’expert, « procéder à des sondages, relever les fissurations, vérifier la stabilité du sol. » Aucun permis de démolir, ni de construire, n’avait d’ailleurs été déposé…
Si des précautions, même sommaires, avaient été prises, ce drame aurait été évité. Cet accident témoigne, malheureusement, du mépris de la municipalité d’alors, de ses notables, pour les « jeunes de quartier » qui viendraient s’occuper sur « le plus grand chantier d’insertion en France, sinon en Europe » (ainsi était-il vanté).
Mais ce mépris s’est poursuivi longtemps. En onze années, la ville d’Amiens n’a adressé aucun mot d’excuse, aucun geste de sympathie à la famille. Une approche a bien eu lieu, de la part d’une « médiatrice »…mais pour conseiller à la famille de ne pas porter plainte !
Des visites se déroulent régulièrement à la Citadelle. Les guides s’inquiètent davantage de la sauvegarde des chauve-souris sur le site que de cet accident, qui n’est pas mentionné.
À la Maison du Projet, une revue de presse recense tous les articles du Courrier picard sur la Citadelle. Tous ? Non : un seul est manquant, celui qui relate la mort d’Hector. Cette tragédie a été volontairement effacée des mémoires.
Source de l’article : http://cgttfechaulnes.over-blog.com/article-venez-au-proces-qui-se-deroulera-le-mardi-25-juin-a-9h-au-tribunal-correctionnel-d-amiens-118589468.html
Le livre de François Ruffin sur le sujet : "Hector est mort".
Le vendredi 22 février 2002, Hector Loubota, un jeune homme d’origine congolaise, travaille sur le chantier d’insertion de la Citadelle d’Amiens.
D’un coup, un pan de mur s’effondre, et il meurt écrasé sous six cents kilos de pierres. Quelle est la première consigne que reçoivent ses collègues ? « Surtout, n’en parlez pas en dehors », leur conseille un psychologue envoyé par la mairie. Que vient annoncer au père, le soir-même du décès, une médiatrice de la Ville d’Amiens ? « Mieux vaudrait que vous ne portiez pas plainte. »
La justice organise alors l’injustice.
Avec une instruction qui s’éternise.
Avec un procureur, des substituts, des magistrats, qui plantent en beauté le dossier.
Avec des élus qui mêlent l’arrogance à l’indifférence.
Avec une presse locale qui se tait.
« J’ai confiance dans la justice de ce pays », déclarait le père, Bernard Loubota, au début de l’affaire. Onze années plus tard, ce n’est plus le cas.
120 pages
Prix : 11 ans d’enquête pour 6 euros seulement !
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