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QUAND ILS SONT VENUS CHERCHER CUBA, JE N’AI RIEN DIT : JE N’ETAIS PAS CUBAIN !

Publie le jeudi 20 avril 2006 par Open-Publishing
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de Viktor Dedaj

Si Cuba a commis des erreurs, la première, la grande, la définitive, l’inexcusable est celle-ci : faire une révolution à 150 km des Etats-Unis (c’est vrai qu’ils auraient pu trouver un endroit plus discret). Et si les Occidentaux ont un droit, le premier, le grand, le définitif est celui-ci : fermer leurs gueules ou alors s’en prendre avec la même vigueur et le même esprit critique à l’action des Etats-Unis à l’égard de Cuba. Il serait grand temps de comprendre, une bonne fois pour toutes, que le problème principal de Cuba est celui d’avoir osé l’indépendance dans l’arrière-cour des Etats-Unis. Vu que les Etats-Unis se prennent à considérer le monde entier comme leur jardin, on peut raisonnablement penser que les Cubains ne seront bientôt plus les seuls à sentir le poids de leur regard... suivez le mien.

Vu d’Europe, il me semble que toute exigence formulée à l’égard du régime cubain ne peut être moralement justifiable qu’accompagnée de la certitude, sinon de la garantie, que nous assumerions la responsabilité des conséquences. Ou s’agirait-t-il, comme pour le Nicaragua, d’y faire un petit tour de piste et puis de se tirer en vitesse avant que ça ne chie encore plus ?

Certes, mais quel soulagement ça serait de voir Cuba redevenir, enfin, un pays "normal" . On y verrait désormais un pays du Tiers-Monde "normalisé" et on accusera (si on est de gauche) "le système". On se souviendrait peut-être de la Salsa (ça se vend bien) et des négresses qui se trémoussaient avec des plumes dans le cul. Par contre, le téléphone (désormais propriété de AT&T) marchera super bien - dans les hôtels - et les journalistes sur place pourront enfin envoyer leurs articles à temps à Paris sans stresser. On y verrait aussi quelques gamins dormir sous un panneau défraîchi annonçant "100 millions d’enfants dans le monde..." et le reste serait illisible. Peut-être même que Siné - s’il arrive à tenir encore debout - se fendrait d’un dessin vachement revanchard à l’égard des Yankees. Même que ça leur ferait vachement mal.

Exiger - sans autre forme de procès - le multipartisme, LA démocratie, des élections "libres" et une presse libre à 150 km de Miami est une façon comme une autre de pisser sur la tombe de Salvador Allende.

Il n’y a pas de hasard à constater combien les Etats-Unis, forts de leur impunité de tout temps et en tous lieux, traitent l’Europe chaque jour un peu plus comme - pardon camarades - un vulgaire Cuba, via les GATT, les AMI, Hormones et cie (pour ne parler que de la partie la plus visible de l’iceberg). Et l’Histoire a montré que chaque concession faite aux Américains n’est, pour eux, que l’expression d’une faiblesse. Et comprendre ça 20 ans plus tard sera le comprendre avec - au moins - 21 ans de retard.

Mais Oncle Sam est patient, disais-je... Alors lorsque la "démocratie" américaine aura englouti le dernier îlot de résistance à l’idéologie de l’avoir, il ne nous restera plus qu’à reformuler et reprendre en chœur la fameuse phrase : "Quand ils sont venus chercher Cuba, nous n’avons rien dit parce que nous n’étions pas Cubains...".
On vous aura prévenus.

http://vdedaj.club.fr/cuba/charlie.html#chercher

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