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Quand le consommateur se fait encore enfumer

Publie le vendredi 17 mai 2013 par Open-Publishing

Michel Barnier
La Commission européenne veut réduire voir supprimer les commissions interchange pour aider une fois encore les banques et les commerçants aisés au détriment du consommateur !

L’Autorité de la concurrence est chargée d’une mission louable : en gros, prévenir toute situation de monopole afin d’empêcher que les coûts d’un produit ne soient décidés que par une seule entreprise. Ceci lésant le consommateur, privé de tout choix et obligé de subir le tarif fixé par une seule entité. Bon.

Ce principe est suivi à la lettre par une Commission européenne, forte d’un droit de la concurrence développé, en vue encore et toujours de faire baisser les prix pour le consommateur final. D’accord.

Seulement, il arrive parfois que cette « philosophie » soit tout à fait contre productive. Il arrive qu’il soit nécessaire de réfléchir un peu plus et de se poser la question : « à qui profite le crime ? ».

On l’a vu avec l’échec de la libéralisation de certains services en réseau. Si les vols low cost, la fin du monopole des tarifs de France Télécom ont fait du bien à tout le monde ; la une mise en place de tarifs réglementés (TARTAM) s’apparente malgré tout à un échec de la libéralisation du marché de l’énergie. Comme quoi, ça ne marche pas à tous les coups.

Autre exemple, la baisse de la TVA dans la restauration. L’intention est toujours la même, et les restaurateurs promettent la main sur le cœur de baisser leurs prix, d’embaucher et d’investir davantage. Les prix ont baissé deux fois moins que prévu et le secteur de la restauration a augmenté marges et chiffre d’affaires. Nouvel échec.

Autre mesure dans les tuyaux de l’Autorité et de la concurrence et de la Commission européenne, projet de Michel Barnier, commissaire au Marché intérieur et aux Services : la baisse voire la disparition des Commissions d’interchange. Une nouvelle initiative qui mérite réflexion.

Visa et Mastercard sous la pression de l’Autorité de la concurrence vont généraliser la baisse de leurs commissions. Il semblerait que l’Autorité n’ait pas l’intention de s’arrêter là et la Commission envisage même de prendre des mesures pour les supprimer.

Cette mesure ne risque pas de profiter aux consommateurs : les commerçants ne s’engagent pas à une baisse de leurs prix pour permettre à leurs clients de profiter des 500 millions d’euros d’économie qui seraient obtenus grâce à la baisse des commissions. Pire, le coût de la carte bancaire risque d’augmenter, les banques répercutant la hausse des tarifs.

Prenons pour exemple nos voisins européens : l’Espagne a diminué ses commissions d’interchange de 57% entre 2006 et 2010. Résultat : les frais bancaires des utilisateurs de carte ont augmenté de 50%. En Australie et aux États-Unis la remise en cause des commissions d’interchange s’est traduite également par une augmentation des frais bancaires.

Espérons que cette fois, nos dirigeants sauront défendre l’intérêt et le pouvoir d’achat des personnes qui votent pour eux ! Espérons que ceux qui sont censés nous représenter évitent de participer à la paupérisation de notre société !

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