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Que reste t-il du commandant Massoud

Publie le jeudi 15 septembre 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

N’oublions pas !!

Le commandant Massoud nous a quitté il y a 4 années déjà. Que reste t-il de son action dans nos mémoires ?

La prolifération d’ouvrages sur le commandant Massoud, 4 ans aprés sa mort, perpétue la légende. Mort sous les coups des émissaires d’el Qaida, le célebre Lion du Panshir reste vivant dans nos coeurs et dans celui de tous ceux qui se sont un temps soit peu penchés sur l’homme. Etrange destin que celui de ce combattant tombé presqu’en même temps que le mythe de l’Amérique invincible. Venus quelques mois avant sa disparition, demander l’aide politique et humanitaire aux "sourds européens" contre la menace talibanne, il fut éliminé comme on élimine un symbole. Celui de la résistance acharnée contre le fanatisme de groupes religieux, contre l’ingérence des puissances extérieures, contre la force brutale de l’URSS, contre le despostime du communisme.

Cet homme a été de tous les combats durant toute sa vie. Pendant que les diplomates américains et européens s’acharnaient à faire fléchir l’Ours soviétique, confortablement installés dans leurs fauteuils de politiciens, lui se battait, armes à la main, pour empêcher l’armée rouge de continuer ses atrocités en Afghanistan. Combien en a t-il vu des femmes violées, des enfants mutilés par les mines en forme de jouet que les hélicoptères faisaient voler au dessus des villages ? Il connaissait mieux que personnes la fureur propagandiste des combattants d’Al Qaida. Il avait prévenu...et il avait tendu la main...En fin stratége et militaire qu’il était, il entendait, il connaissait l’existence de ses camps d’entraînement en Afghanistan et il savait à quoi ils étaient destinés. Il supposait qu’une alliance était possible avec la vieille Europe moins impliquée que les Etats-Unis dans la région. Mais, mais..... personne ne l’a entendu sauf peut-être une poignée d’intellectuels dont certains étaient probablement plus motivés par une photo au côté du mythe que d’être ses porte-parole auprés des décideurs.

Et puis vint ce funeste mois de septembre 2001 où le Lion tomba. Une seconde d’inattention durant ces 30 années de combat lui couta la vie. Le pillier de la résistance afghane, celui auquel tout le monde s’accrochait quand il n’ y avait plus d’espoir , s’ecroula comme un mauvais présage. Personne n’y crut comme personne n’en crut ses oreilles aux premiers fracas de l’écroulement des tours jumelles newyorkaises. Comme un incroyable concours de circonstances, la disparition de ce rempart coincida avec l’attaque la plus meutrière que le monde occidental ait connu depuis la fin de la 2e guerre mondiale. Incroyable peut-être mais pas imprévisible car il n’avait cessé de prévenir tous ceux qu’il l’avait approché. Il n’était pas un devin ni un prophète, juste un fin un stratége militaire désireux d’éviter le pire à des innocents.

Cette coincidence troublante mais néanmoins réelle sonne à nos oreilles et à celles de nos décideurs, si tenté qu’ils aient un peu de sensibilité, comme un avertissement : ne sous-estimons pas le combattant de la liberté qui du haut de sa montagne nous appel à l’aide et nous prévient, car il est peut-être le dernier à nous prévenir avant que son malheur ne nous atteigne.

Nicolas Lalande
Directeur de rédaction
Elkalam.com
http://www.elkalam.com

Messages

  • Faut-il pleurer le commandant Massoud ?

    Alors que ses héritiers spirituels détiennent les postes clés du nouveau gouvernement afghan, feu le commandant Massoud est auréolé comme un résistant démocrate éclairé, aux antipodes des talibans. Pourtant, les trois traits les plus marquants du « lion du Panshir » sont son fondamentalisme islamique, ses tendances dictatoriales et son ethnicisme.

    Annelise Arcq et Marco Louvrier

    La convergence des intérêts américains et des islamistes a plongé l’Afghanistan dans le chaos.
    (Photo Solidaire, Annelise Arcq)

    Le commandant Massoud, fils d’un colonel de l’armée du roi Zaher Shah, a fait ses études au lycée français de Kaboul et à la Faculté Polytechnique. Ces antécédents lui ont donné une aisance avec les Occidentaux qui contraste avec l’âpreté des autres commandants de la résistance islamique afghane. L’adulation des médias ­ notamment français ­ à son égard remonte au début des années 80. On peut pourtant difficilement considérer Massoud comme un modéré. Le Monde rapporte que « dans son fief de la vallée du Panshir, les femmes portent la burqa (robe traditionnelle recouvrant tout le corps avec un filet à hauteur des yeux) []. La femme de Massoud, mère de leurs cinq enfants, respecte le purdah (réclusion) et vit dans le village d’origine de Massoud. »1

    Durant ses études à Kaboul, il adhère au mouvement étudiant islamiste fondamentaliste, alors dirigé par un jeune professeur en théologie, Burhanuddin Rabbani. Le président Daoud, qui a démis le roi Zaher Shah et s’est emparé du pouvoir en 1973, combat ces fondamentalistes. Certains sont emprisonnés, d’autres ­ parmi lesquels Gulbuddin Hekmatyar, Burhanuddin Rabbani et Ahmad Shah Massoud ­ fuient au Pakistan, où ils reçoivent l’aide du Premier ministre Ali Bhutto. Ces opposants afghans étaient en effet un bon moyen pour le Pakistan de fomenter des troubles contre Daoud, qui réclamait du Pakistan la restitution de territoires pachtounes, devenus pakistanais lors de l’établissement de la frontière par le colonisateur anglais.

    Ces fondamentalistes vont chercher leur inspiration auprès des Frères Musulmans, une confrérie fondée en Egypte en 1928 dans le but de susciter une révolution islamique et d’instaurer un Etat islamique. Leur islamisme se caractérise par des conceptions fort éloignées de la démocratie. « L’histoire des Frères musulmans est traversée et fascinée par l’idéologie fasciste », écrit Muhammad Saïd al-Ashmawy.2 Leur modèle politique se fonde sur une figure charismatique. L’obsession de ces fondamentalistes ­ et donc de Massoud : « Le caractère et la pureté du dirigeant, ses vertus et ses compétences, et le fait de savoir si sa personnalité égale celle du prophète Mahomet. () Ce modèle est inévitablement favorable à la dictature. »3

    Une surenchère intégriste profitant aux Etats-Unis

    Daoud est renversé par un coup d’Etat du parti communiste afghan. Les réformes agraires et autres mesures progressistes se heurtent à une forte résistance armée. Lorsque le gouvernement afghan fait appel aux troupes soviétiques, le Pakistan a déjà sous la main des dirigeants islamiques radicaux, capables de diriger la jihad, la guerre sainte contre le communisme et l’athéisme.

    Rabbani devient le chef du parti Jamiat Islami, dont Massoud, parent de Rabbani par alliance, sera un des dirigeants. Gulbuddin Hekmatyar prend la tête du Hezbi Islami. Notons en passant que Bin Laden rejoint le Hezbi Islami au début des années 80, fasciné par le charisme d’Hekmatyar.

    Ces partis peuvent compter sur un soutien financier et militaire croissant des Etats- Unis. L’anticommunisme des éléments les plus fondamentalistes en font les meilleurs alliés des Etats-Unis. En 85, l’aide annuelle de la CIA s’élève à 285 millions de dollars, montant doublé par l’Arabie saoudite. Ajoutons qu’à cette époque, le Shah d’Iran vient d’être renversé et remplacé par gouvernement des Ayatollahs, d’obédience musulmane chiite. Les Etats-Unis ont d’autant plus de raison de soutenir la connexion sunnite qui va de l’Arabie saoudite à l’Afghanistan, se livrant à une surenchère islamiste pour contrer l’influence iranienne.

    La convergence des intérêts américains et des islamistes va plonger l’Afghanistan dans le chaos.

    Des centaines de Hazaras capturés, violés, tués

    Les « vertus » de Massoud ne s’arrêtent pas là : son ethnicisme a coûté la vie à des milliers de personnes. Pendant l’occupation soviétique, la guerre contre l’occupant soviétique se doublait d’une guerre entre partis fondamentalistes, pour gagner du terrain sur l’autre. Dans diverses interviews, Massoud prétendait que lorsque les Soviétiques attaquaient la vallée du Panshir par le Nord, les milices du Hezb Islami l’attaquaient par derrière A la chute du gouvernement prosoviétique et la constitution de la république islamique, en 1992, ces oppositions entre partis et entre fractions rivales au sein de ces partis redoublent d’intensité. Les milices ne désarment pas et les différents camps ne cessent de s’affronter politiquement et militairement, faisant des milliers de victimes.

    En février 1993, Massoud, devenu ministre de la Défense, va faire massacrer par l’armée des centaines de Hazaras4 à Afshar et Karteh Sahe, à l’Ouest de Kaboul. Les habitants sont assaillis dans leur lit à une heure du matin. Durant les 24 heures qui suivent, les forces gouvernementales tuent, violent, incendient les maisons, capturent les jeunes filles et garçons. On fait alors état de 700 tués et disparus. Un an plus tard, on découvrira encore des charniers5.

    Toujours en 1993, Massoud va détruire un quartier chiite (les Hazaras sont chiites) de Kaboul, faisant des milliers de mort, note Le Monde, qui précise : « Dans un conflit devenu de plus en plus ethnique, Massoud est d’abord un Tadjik et, dans son entourage immédiat, les autres ethnies (Pashtouns, Ouzbeks, Hazaras) sont absentes. »6

    « Chef de guerre tadjik, représentant les siens dans un combat fratricide et tribal »7, l’aura de Massoud se ternit à l’analyse

    1 www.lemonde.fr, dossier « Afghanistan sous la menace »

    2 Cité dans Richard Labévière, Les dollars de la terreur, Ed. Grasset, 1999, p. 130.

    3 Ahmed Rashid, Taliban, Ed. Atlas, 2000, pp 128-129.

    4 L’Afghanistan est constitué de diverses ethnies : Pashtouns (38%), Tadjiks (25%), Hazaras (19%) Massoud fait partie de l’ethnie tadjik.

    5 www.hazaraonline.f2s.com/massacres.htlm

    6 www.lemonde.fr, dossier « Afghanistan sous la menace »

    7 Idem.

    • Je me permets de répondre à ce commentaire :

      L’aide Américaine : Il faut savoir que les tadjiks du panshir on reçu bien peu d’aide des Etats Unis pendant la guerre contre les soviétiques. J’ai envie de dire qu’ils n’ont récupéré que les miettes puisque le Pakistan favorisait l’ethnie Pashtoune et l’aide au Hisb Islami de Hekamtyar.

      Les 3 traits du commandants Massoud :

      - fondamentalisme : effectivement il était partisan du Jamiat Islami, et Massoud s’est toujours montré comme un homme trés religieux. Mais sauf erreur de ma part, religion ne rime pas forcément avec fondamentalisme. Il faut remettre le personnage dans le contexte afghan (particulièrement traditionnaliste) et dire que Massoud s’est toujours montré bcp plus ouvert intellectuellement, culturellement aussi bien pendant la guerre qu’aprés. Pendant la guerre, Massoud a pris soin d’ouvrir des écoles pour les enfants, des dispensaires pour les femmes enceintes partout où il pouvait controler la situation. Il a travailler en collaboration avec de nombreuses ong occidentales afin de permettre une vie qui soit digne à tous les habitants de la vallée. Attention aux termes que vous emploez, Massoud était plutôt un religieux éclairé.

      - Ethnicisme : Vous a t-on parlé de l’Alliance du Nord ? Pendant la guerre d’Afghanistan, Massoud s’est toujours fixé l’objectif de réunir l’ensemble des ethnies notamment du nord (Ouzbeks de Dostom, tadjiks, Kirkiz....). Je ne vois pas comment Massoud aurait pu s’en sortir avec le seul soutien de son ethnie tadjik, minoritaire en Afghanistant.

       Dictatorial : Massoud était de formation militaire, un stratège hors pair mais pas un homme politique, je vous l’accorde. De la à l’accuser d’être un dictateur, ça me semble un peu poussé.

  • Massoud n’a jamais été qu’un chef de guerre, comme il y en a (eu) des dizaines en Afghanistan, porté aux nues par les mêmes médiarques qui ont encensé l’expédition coloniale en Irak. Pas davantage épris de démocratie qu’un vulgaire taliban dont il fut un temps allié. Trés en retrait pour les droits des femmes, dont ces mêmes médiarques se croient les défenseurs intransigeants, par rapport à Najibullah. Najibullah dont le dépecage vif par les talibans n’a pas tellement émus nos professionnels occidentaux de l’indignation. Il est vrai qu’il était communiste.

  • En mon sens, le commandant Massoud reste un des meilleurs hommes que l’Afghanistan a connu dans ces 50 dernières années... Amicalement, fredéric du site jeux concours.