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Qui est Strauss-Kahn ?

Publie le jeudi 17 février 2011 par Open-Publishing
16 commentaires

par Raoul Marc JENNAR

L’actualité abonde de sujets. Les acteurs politiques et les évènements défilent. Un clou chasse l’autre, comme dit le proverbe. On oublie vite. Et les médias en tous genres en font chaque jour l’illustration. Or, depuis quelques temps, ces médias nous abreuvent d’articles et de sondages de nature à nous convaincre que Dominique Strauss-Kahn, s’il est candidat aux présidentielles, a toutes les chances de battre . Sans jamais nous rappeler ce qu’il a fait quand il était ministre de Jospin et ce qu’il fait à la tête du FMI. Bien entendu.

Qui sont ces médias ? Pour l’essentiel, les grands hebdomadaires de droite (L’Express, Le Point, Paris-Match, le Journal du Dimanche) et de la gauche libérale (Le Nouvel Observateur) et des quotidiens de droite comme Le Figaro ou La Tribune. Les sondages qui nous désignent déjà le prochain président sont commandés par des journaux de droite.

Il semble que les patrons de ces organes de presse (Lagardère, Dassault, …), déçus par l’actuel occupant de l’Elysée, préfèrent quelqu’un qui leur épargnera, espèrent-ils, grèves et manifestations. D’où la nécessité de nous présenter un candidat de la gauche dite moderne, dite réaliste, dite responsable.

Il me semble donc important de rappeler qui est celui qu’on invite avec tant d’insistance à soutenir, avant même que le ait choisi son candidat. Sans doute pour que ce choix soit celui du patronat. Pour ce faire, cinq sources utiles : le numéro du 24 avril 2010 de l’hebdomadaire Marianne avec un dossier intitulé « DSK mis à nu », l’article de Jean-Jacques Chavigné consacré au FMI de DSK dans le numéro 176 de juin-juillet-août du mensuel Démocratie et Socialisme, l’organe du courant du même nom au sein du , le livre de Vincent Giret et Véronique Le Billon, Les Vices cachés de DSK (Seuil, 2000), quelques chroniques que j’ai publiées en son temps dans un hebdomadaire belge ou sur ce blogue et, enfin et surtout, l’excellent dossier de François Ruffin paru dans le numéro 47 (automne 2010) de Fakir (encore en vente actuellement – contact@fakirpresse.info).

Il me paraît indispensable de rappeler les choix qui furent ceux de Strauss-Kahn quand il était ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie de Jospin :

  • la privatisation des banques publiques : le GAN, le CIC, la Marseillaise de Crédit, le Crédit Lyonnais, le Crédit Foncier de France, le Groupe Caisse d’Epargne. Après le passage de Strauss-Kahn, il n’y a plus de secteur financier public.
  • les autres privatisations. Sous l’impulsion de Strauss-Kahn, le gouvernement Jospin a davantage privatisé que les gouvernements de droite présidés par Balladur et Juppé : Airbus, France Télécom, Thomson-CSF, Thomson Multimedia, Air France, …
  • la libéralisation du secteur de l’énergie : Strauss-Kahn, qui défend les négociations de l’OMC, soutient l’adhésion du gouvernement Jospin aux propositions européennes (Barcelone) qui vont permettre ensuite à la droite de privatiser EDF-GDF.
  • c’est lui qui met en place le régime des stocks options avec plusieurs mesures favorables à cette manière de rémunérer les hauts-dirigeants d’entreprises
  • c’est lui qui lance l’idée de fonds de pension « à la française »
  • c’est lui qui pousse Jospin à renier les engagements pris par le devant les électeurs, en 1997 : défendre et renforcer les services publics, défendre Renault-Vilvoorde, poser quatre conditions pour le passage à l’euro.

C’est Strauss-Kahn qui, en 1999, a proposé Pascal Lamy pour que celui-ci devienne le Commissaire européen au commerce international (avant de devenir, ensuite, directeur général de l’OMC).

En 2003, Strauss-Kahn déclare à Tribune Juive qu’il se lève chaque matin « en se demandant comment il pourra être utile à Israël. » En 1991, il avait déclaré : “Je considère que tout Juif de la diaspora, et donc de France, doit, partout où il peut, apporter son aide à Israël. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est important que les Juifs prennent des responsabilités politiques. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, à travers l’ensemble de mes actions, j’essaie d’apporter ma modeste pierre à la construction d’Israël.” (Passage)

En 2005, Strauss-Kahn fait campagne pour le « oui » au TCE.

Le directeur général du FMI est fidèle à l’ancien ministre de Jospin. Sous son impulsion, le FMI instrumentalise la dette publique des pays du Nord comme du Sud.

Sous la pression du monde des affaires et de la finance, les gouvernements ont décidé de ne plus permettre aux pouvoirs publics d’emprunter auprès d’organes publics de crédit, à des taux nettement avantageux. En Europe, c’est devenu la règle depuis le traité de Maastricht. Les Etats sont tenus d’emprunter auprès des banques privées. C’est la principale cause de leur endettement, vu les taux pratiqués.

La seconde cause d’endettement, c’est le renflouement des banquiers et des spéculaterurs suite à la crise de 2008.

Pour combattre la dette, on ne pose pas de questions sur les causes de celle-ci. On affirme que le seul remède, ce sont des réformes dites « structurelles ». Le FMI de Strauss-Kahn poursuit ainsi 4 objectifs :

  • diminuer les des fonctionnaires, remplacer les par répartition par un recours aux assurances privées, réduire les investissements dans la santé, l’éducation, la culture
  • vendre les services publics aux firmes transnationales
  • flexibiliser le marché du travail en démantelant le droit du travail, en favorisant les délocalisations et en rendant les licenciements plus faciles
  • augmenter les profits des firmes privées en multipliant les exonérations de cotisations sociales ou d’impôts et en gelant ou en réduisant les .

Ce sont ces politiques que le FMI de Strauss-Kahn impose aux pays du Sud. Avec la complicité de la , il fait de même avec les Etats de l’Union européenne.

Nul ne s’étonnera dès lors qu’il ait très officiellement exprimé son soutien aux « réformes » entamées par .

« On vit 100 ans, on ne va pas continuer à avoir la retraite à 60 ans , » déclarait Strauss-Kahn au journal Le Figaro, le 20 mai 2010.

Quelle différence entre et Strauss-Kahn ? Celle qu’on peut trouver entre un Sarkobrun et un Sarkorose. C’est toujours du Sarko.

Il me semble urgent que, dès à présent, les partis à la gauche du fassent savoir qu’en tout état de cause, il leur sera impossible de soutenir Strauss-Kahn en 2012. Il ne suffit pas de changer une personne. Il faut changer de politique. Cela va sans dire, me dira-t-on. Mais cela va encore mieux en le disant.

http://www.jennar.fr/index.php/qui-est-strauss-kahn/

Messages

  • Entièrement d’accord et à 65 balais ce sera, dans l’hypothèse qu’on nous présente comme acquise, la première fois que je resterai chez moi au second tour des présidentielles.Certains diront que ce n’était pas malin de ne pas l’avoir fait plus tôt mais là ça dépasse toutes les bornes du cynisme habituel de l’oligarchie et mieux vaut tard que jamais, non ?

    • Tout à fait, jeune homme. Il n’y a pas d’âge pour se remettre en question. Cela vaut mieux que de rester figé dans ses certitudes.

    • Tu crois que le PCF va faire comme en 69, année érotique, le jour du second tour de 2012. C’est ma femme qui va être contente.

    • hélas non ! et désolé pour ta femme, mais pour le deuxième tour 2012 je n’en espère pas grand chose et je n’idolâtre pas les leaders médiatisés de la" gauche de la gauche".. Simplement , j’en ai marre de céder au chantage du vote utile si le PS n’apporte pas plus de garanties sur sa volonté et capacité de gouverner réellement à gauche. Dans l’état actuel des choses ce serait croire au père noêl.Et encore ledit père tient ses promesses,même s’il opère une distribution de classe. Curieuse attitude d’un parti qui réclame au parlement la transparence des sondages et risque de choisir son candidat en fonction des plus opaques de ces sondages : vous en connaissez beaucoup vous, et surtout à gauche des gens qui placent leur espoir en DSK ? J’en suis pourtant d’autant plus désolé qu’avec le sarkozisme, ce fascisme soft, on atteint des sommets dans la régression sociale, la sottise médiatique et l’arrogance néo-coloniale qui dépassent les records de ses prédécesseurs. Toutes ces prédictions sondagières vont probablement être balayées par le temps. les exemples ne manquent pas, de favoris des sondages un an avant , et arrivés en 3ème position au jour j :Chaban-Delmas en 1974, Balladur en 1995, Jospin en 2002, les gagnants ayant été d’abord classés comme outsiders par les sondeurs. On nous parle de la montée de la fille dans la famille Le Pen. Dans l’hypothèse au 2ème tour d’un duel DSK -fifille le Pen j’irai sans doute voter pour le directeur du FMI malgrès tout le mal que j’en pense et tout en trouvant ça honteux d’en arriver là ; mais s’il s’agit d’un duel Sarko contre la même héritière du FN je resterai probablement chez moi, car le coup du vote républicain j’ai déjà donné pour le résultat que l’on sait.

  • Le problème c’est que méluche et buffet ont cautionné le gouvernement jospin/dsk vu qu’ils étaient ministre. Comment peuvent ils etre crédibles aujourdh’ui ?

  • l’analyse de DSK ressort du bon Jennar comme on l’aime .

    Par contre, sa conclusion sans contenu politique de l’unité à gauche du PS pour changer quelque chose au travers d’une bataille institutionnelle ressort de l’illusion sur l’importance de celle-ci.

    La bataille institutionnelle n’a de sens que si existe un énorme contre-poids qui n’est pas sur ce terrain, mais a sa propre logique.

    Pour l’instant les croyances institutionnelles enlèvent des militants précieux aux combats sociaux qui sont les seuls lieux où peuvent se former ce qui pèsera réellement sur les institutions.

    C’est une cata qui se mord la queue.

  • le PS étant un parti de droite , tous les partis qui se prétendent revolutionnaires et anticapitalistes devraient d’ors et déja annoncer qu’ils ne voteront pas pour le PS au deuxième tour , tout autre attitude serait de la compromisson et démontrerait que leur position actuelle n’est qu’une façade ...faut-il leur rappeler ce qu’est la lutte des classes ?

    • La bataille institutionnelle n’a de sens que si existe un énorme contre-poids qui n’est pas sur ce terrain, mais a sa propre logique.

      Pour l’instant les croyances institutionnelles enlèvent des militants précieux aux combats sociaux qui sont les seuls lieux où peuvent se former ce qui pèsera réellement sur les institutions.

      ne pas donner un sens excessif à des votes, le rapport de force passe un peu là mais a un centre en dehors

  • On doit dire avec force à gauche que nous ne voterons jamais pour ce type .Mélenchon doit le dire clairement .
    Lisez Fakir, vous saurez tout sur ce monsieur pas très sympathique .

  • Pauvre Jennar atteint par la "mélenchonite" : dire ses 4 vérités à DSK pour occulter la politique du PS dans son ensemble !

  • Ah bon, mais quand DSK privatise (AIRBUS : le montage scandaleux pour favoriser Lagardère et spolier l’Etat français donc le contribuable !!!!!) plus que Balladur et Juppé réunis .....Mélenchon et Buffet ils ont dit quoi ?

    Il était où le bruit et la fureur ? Il faillotait comme nous l’apprend son ancien camarade Huchon ?

    Pourtant si je suis bien Jennar ( difficile à suivre pourtant ) il est plus trés loin du FDG ou PG, flanc gauche de protection des privatiseurs du PS ; comprenne qui pourra ....

  • Je crois surtout que pour être élu président en France, il y a une condition sine qua non ; il faut être pro-gouvernement israelien...!! Je ne sais pas si vous avez remarqué la rapidité du CRIF, par la voix de R.Prasquier, pour condamner les propos de Jacob sur DSK...???étonnant quand même..??

    • mettre au crédit de DSK, différentes affaires :
      la mnef
      la "consultance" à EDF pour la privatisation de celle-ci
      la cassette mery

    • pour résumer : S K est l’ennemi du peuple !
      mais les élections sont devenu l’opium du peuple....il n’y a pas d’élections par ici, ça n’existe pas...vous avez rêvé ! juste un simulacre d’élections....Car sans proportionnelle avec des elections à un tour, on ne peut parler que de campagne publicitaire, de cirque médiatique, de spectacle people avec des dirigeants cathodiques, palefreniers des banksters

    • Au premier tour des elections je me fais rouler dans la farine et au deuxième tour je suis découpé en fines tranches dorées....donnez nous notre pain quotidien, qu’ils disaient....
      Changement de Constitution ! elections à un tour ! à la proportionnelle !
      Sinon RIEN

    • Raoul Marc Jennar le mec qui pensait faire une carrière politique au NPA et qui a vu que c’était un parti de militant et qui s’est barré rapido. Trop classe.