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Reda Semoudi était menotté dans le dos ... et il saute du 9ème étage

Publie le jeudi 10 janvier 2008 par Open-Publishing

source :
 http://www.liberation.fr/actualite/...

Un délinquant expulsable échappe aux policiers et saute du 9e étage
VICTOR NICOLAS et PATRICIA TOURANCHEAU
QUOTIDIEN : mercredi 9 janvier 2008

Un Algérien de 26 ans, sans papiers et suspecté de trafic de drogue,
s’est jeté hier matin du balcon de son appartement, au 9^e étage d’un
immeuble de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) où la police l’avait
accompagné pour une perquisition. Selon deux sources concordantes,
l’homme aurait « échappé à la vigilance des policiers » de la brigade
des stupéfiants de Paris et « sauté par la fenêtre ». Le parquet de
Bobigny a saisi l’Inspection générale des services (IGS) d’une enquête
sur les circonstances de sa mort et a ordonné une autopsie : « L’IGS a
commencé les auditions pour savoir comment cela s’est passé dans
l’appartement, et comment le gardé à vue a pu sauter dans le vide »,
explique un magistrat.

L’homme avait été interpellé lundi « sous une fausse identité » en
flagrant délit d’un petit trafic de Subutex (un substitut à l’héroïne)
dans le XVIII^e arrondissement de Paris et placé en garde à vue vers 16
heures. Hier matin, les policiers l’ont conduit à son domicile pour
perquisitionner. C’est là qu’ils ont découvert son véritable nom - Reda
Semoudi, âgé d’une petite trentaine d’années -, recherché pour
« interdiction de séjour » en France et frappé d’un arrêté de reconduite à
la frontière.

*Débris.* Les officiers de la brigade des stups ont déclaré à l’IGS la
suite : « Reda Semoudi était menotté dans le dos et placé sous la
surveillance d’un officier qui se trouvait à ses côtés. Le gardé à vue
lui a donné un violent coup de boule [qui l’a] déstabilisé. Il a foncé
vers la porte-fenêtre, puis, en tournant le dos, l’a fait coulisser
malgré ses menottes. Puis il est parti. » Et s’est écrasé au pied de son
HLM au 8, rue Charles-Baudelaire à Noisy-le-Sec.

Hier après-midi, la famille et des voisins discutaient près des traces
de sang. Sa femme, Tassadit, enceinte de quatre mois, a appris la
nouvelle vers midi en rentrant chez elle : « On m’a dit qu’un voisin
avait sauté, j’ai mis un moment avant de comprendre que c’était mon mari. J’étais sans nouvelles de lui depuis hier soir, alors qu’au
commissariat on aurait dû le laisser me téléphoner », dénonce-t-elle.

Au neuvième étage, l’appartement est sens dessus dessous. Dans la
cuisine, des débris de bols et des friandises jonchent le sol. Au salon,
les portes-fenêtres coulissantes ont été recouvertes d’un produit noir
révélateur d’empreintes. Les stores sont à moitié baissés, et des objets
sont entassés sur le balcon. Rachid, l’ex-mari de Tassadit et père de
deux enfants, n’hésite pas à accuser les forces de l’ordre. « Ce n’est
pas un suicide, c’est un meurtre. Comment aurait-il pu ouvrir les
fenêtres s’il avait les menottes ? Les policiers auraient dû le
surveiller ! » s’énerve-t-il. Selon lui, Reda n’avait aucune raison de se
suicider : « Il n’était ni drogué, ni alcoolique, ni receleur. S’il
n’était pas recommandable, je ne lui aurais pas laissé la garde de mes
deux enfants ! »

Au noir. Arrivé en France en 2001, Reda avait déjà séjourné deux fois
en centre de rétention. Marié depuis deux ans, le couple attend un
enfant pour juin. Peu avant Noël, Reda avait rencontré le sous-préfet
lors d’une fête d’école et lui avait parlé de sa naturalisation. En
attendant, il travaillait, de petits boulots au noir, payés entre 20 et
30 euros par jour.

Après le drame, le corps est resté étendu, sous une couverture, au pied
de l’immeuble entre 11 et 13 heures hier. De nombreux témoins racontent qu’ils l’ont vu le corps sans menottes, preuve selon eux d’une erreur des policiers. « Les jeunes vont sûrement réagir violemment à ce drame.

Il y a fort à parier que des voitures vont brûler ce soir », craignait
une voisine.


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