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Régionales : réflexions d’un élu municipal PCF

Publie le mercredi 7 octobre 2009 par Open-Publishing
20 commentaires

De Laurent Mély, conseiller municipal de Choisy-le-Roi (94)

voir la page originale :

http://pensees-politiques.over-blog.net/article-36220410.html

Quelle(s) stratégie(s) aux régionales pour la gauche anticapitaliste ?
Le PCF, le NPA et le PG viennent à quelques jours d’intervalle de publier des documents d’orientations concernant leurs stratégies respectives aux élections régionales de 2010, orientations confirmées par leurs dirigeants et portes paroles respectifs lors de la Fête de l’Humanité. La question du rassemblement de la gauche est au cœur de ces trois documents concomitants dans le temps. L’analyse croisée de ces trois documents peut être utile pour dégager des perspectives :

Au NPA (déclaration du comité executif du NPA) :

Le NPA condamne fortement le « déplacement à droite d’une partie de la classe politique », à savoir le rapprochement des Verts, du PS et du Modem, illustré par la rencontre entre Vincent Peillon (PS) Daniel Cohn-Bendit (Vert) et Marielle de Sarnez (Modem)… ainsi que Robert Hue donc chacun saura, je l’espère qu’il n’y représentait que lui-même et en tout cas pas le PCF.

Pour le NPA : « Il faut se prononcer clairement pour un rejet national, explicite, dans les 22 régions, de toute alliance de premier ou de second tour comprenant le Modem. »

C’est pourquoi, le NPA « propose sans attendre au PCF, au PG, à LO, à la Fédération, aux Alternatifs de se rassembler. »

Dans cette déclaration, le NPA ne parle pas de sa position face au PS au second tour. On sait cependant qu’Olivier Besancenot a déjà déclaré être prêt à accepter une « fusion technique » au second tour dans le but de battre la droite.

Au PG (déclaration du secrétariat national)

Le PG condamne dans des termes à peine moins forts que le NPA le « glissement des socialistes vers le Centre ». Selon le PG, le PS a choisi l’alliance avec le Modem « et le programme qui va avec », programme qui n’est bien sûr pas celui de « la rupture avec les logiques capitalistes »

Pour le PG, l’objectif est de « contester le leadership social-démocrate à gauche » par l’élargissement d’un Front de Gauche qui ne saurait « se décliner au pluriel ni être à géométrie variable selon les élections ». C’est pourquoi le PG propose un « paquet » : « l’engagement à s’unir pour les élections régionales, présidentielles et législatives, de toutes les forces désireuses de construire une alternative politique à vocation majoritaire en rupture avec les logiques capitalistes et les modèles productivistes ».

A ce titre, le PG n’approuve pas la volonté du PCF d’inclure le PS dans des ateliers d’élaboration du programme du Front de Gauche, ce qui ne peut être selon lui que « la source de confusion et d’illusion ».

Aux élections régionales, le PG propose une « fusion démocratique avec les autres listes de gauche ». Le terme « fusion démocratique » indique une fusion sur le principe du rapport de force, du nombre de voix respectifs de chaque liste et conditionne la participation la participation aux exécutifs « en fonction du contenu et du rapport de force d’une part, et des accords du PS avec le Modem d’autre part ».

Au PCF (rapport introductif de Pierre Laurent),

Au PCF, la discussion est encore en court. Si Pierre Laurent, n°2 du PCF a fait un rapport introductif présentant des projets d’orientations, le Conseil National n’a pas encore tranché et il n’existe pas de déclaration définitive. Un vote des militants sera organisé mi-novembre pour décider de la stratégie à suivre. Néanmoins, ce rapport introductif, ainsi que la discussion qui s’en est suivi donne quelques indications :

Si le PCF a dans d’autres déclarations fortement condamné le rapprochement PS-Modem et s’est désolidarisé de Robert Hue qui participait à la rencontre organisé par Vincent Peillon, il renvoie aujourd’hui dos à dos NPA et PS : « On nous somme de choisir, il faudrait soit renoncer à l’ambition d’un projet transformateur, soit renoncer au pouvoir. »

L’ambition du PCF pour les régionales est de « travailler à des projets régionaux utiles à combattre la crise et les logiques financières capitalistes ». Pour se faire, il espère rallier toutes les composantes de la gauche : les socialistes : « ne renoncez pas face à la crise, ne vous perdez dans des alliances avec le Modem qui désespèrent le peuple de gauche, ouvrez avec nous le débat de projets à gauche » ; les verts : « nous serons plus forts et plus efficaces pour imposer de nouveaux modes de développement si nous nous attaquons ensemble aux logiques de rentabilité, prédatrices pour les hommes et la nature » ; le NPA, « ne ratez pas une fois encore le coche de l’unité, ne vous retirez sur l’Aventin quand il s’agit d’aller disputer le terrain des majorités de gestion »

C’est dans cet optique que le PCF veut ouvrir les ateliers du Front de Gauche aussi bien au NPA qu’au PS.

Quant à la stratégie de premier ou de deuxième tour, là encore, le PCF ne désespère pas de pouvoir amener le PS sur ses positions : « Pourquoi par exemple décréter aujourd’hui que nous ne serions capables que de fusions techniques au second tour ? Notre ambition est toute autre.
L’offre politique que nous voulons construire vise bel et bien ces deux objectifs : des projets de qualité réellement ancrés à gauche, et leur mise en oeuvre effective »

En conclusion

Le PG et le NPA sont sur des positions quasiment similaire et abordent frontalement la question des alliances : engagement à conduire des listes autonomes du PS au premier tour, et fusion avec réserve avec les autres listes de gauche au second tour. Entre les termes « fusion technique » et « fusion démocratique », on peut penser qu’un terrain d’entente peut être trouvé. C’est ainsi que le PG émet l’idée qu’il pourrait fusionner au second tour avec une liste PS, mais ne pas participer à l’exécutif en cas d’alliance avec le Modem ou si le contenu du programme de l’exécutif ne lui convient pas, ce qui est très proche de la position du NPA.

Le PCF n’a pas encore officiellement décidé de sa position finale. En attendant, il persiste à ménager la chèvre et le chou, à dire que l’important est « le projet », dont on peut discuter tout autant avec le NPA qu’avec le PS. Cette attitude me semble irréaliste. Parler d’alliance, c’est « parler du projet qui va avec » pour reprendre les mots du PG. Dans sa déclaration de principe, le PS déclare ainsi « croire en l’économie sociale et écologique de marché », tandis que le NPA est lui « anticapitaliste » comme son nom l’indique. « Croire en l’économie de marché » ou se définir comme « anticapitaliste », ça borne un projet. Le PS d’un côté, le NPA et le PG de l’autre en sont d’ailleurs bien conscients, c’est pourquoi tous ont exclus toute alliance avec l’autre.

Aujourd’hui, la pierre d’achoppement d’une union de la gauche anticapitaliste semble bien être le PCF, lequel semble avoir les plus grandes difficultés à rompre avec le PS. Ce qui peut en partie se comprendre :

Le PCF a participé aux exécutifs régionaux sortants et leurs bilans sont un peu le sien. Participer à des listes indépendantes du PS sans se déjuger sur sa cogestion des régions avec le PS ne peut prendre un sens que si le PCF parvient à expliquer pourquoi ce qui était vrai hier ne l’est plus aujourd’hui. A mon sens, la conversion du PS à l’économie de marché, son rapprochement avec le Modem d’une part, et la création du PG, les offres d’alliances du NPA d’autre part ont créé un nouvel horizon politique qui peut justifier un changement de pied du PCF.

Une autre raison est sans doute la crainte pour le PCF de perdre de nombreux élus, notamment au sein des exécutifs. Une crainte que partagent bien sûr les élus concernés pour leur propre sort. Mais plus largement, les dirigeants et une partie de la base craignent la perte d’influence politique que donnaient ces élus et aussi les financements et donc les moyens d’actions politiques que donnaient ces même élus. Je crains plus pour ma part la perte de crédibilité du PCF s’il fait le choix de suivre le parti hégémonique de la social-démocratie à l’heure ou la gauche anticapitaliste cherche à se rassembler.

On comprend néanmoins que le choix ne soit pas facile pour le PCF.

Néanmoins, pour difficile que soit ce choix, il faut le faire. Ce choix est le seul qui donnerait une crédibilité et une cohérence à la gauche anticapitaliste, condition indispensable pour qu’elle retrouve la confiance des électeurs : comment dénoncer aux élections européennes la cogestion droite – centre – social-démocratie de l’Europe et avoir fait campagne sur la différence du groupe GUE pour à l’élection suivante cogérer avec la social démocratie - voir avec les centristes - les régions sans à minima des listes indépendantes au premier tour et garder quelques distances au second par l’emploi d’un terme comme « fusion démocratique » ou « fusion technique » ? J’appelle de mes vœux une prise de position sans ambiguïté du PCF à chercher le rassemblement de toutes les forces anticapitalistes, en toute indépendance de la gauche social-démocrate et notamment du PS, avec la recherche d’une formule qui fasse consensus entre le PCF, le PG et le pour le second tour afin de faire barrage à la droite tout en marquant la différence entre les deux gauches, anticapitaliste et social-démocrate.

Par Laurent MELY

Messages

  • Quest-ce qu’une "fusion technique" ? Faire partie d’une éventuelle majorité exécutive, ou bien avoir des élus qui peuvent voter avec l’opposition ?

    • je crois qu"une fusion technique c’est faire parti d’un groupe en gardant ses valeurs et sa liberté. Si une proposition est bonne, alors on vote pour, par contre si une proposition est contraire a ces principes ( donner des subventions a une entreprise qui licencie) on vote contre.

    • Non, une "fusion technique" est un cache sexe qui, sous les apparence de la réflexion politique fait passer avant tout les intérêts bureaucratiques et électoraux devant les véritables enjeux de société.

      C’est purement de la langue de bois.

    • Quest-ce qu’une "fusion technique" ? Faire partie d’une éventuelle majorité exécutive, ou bien avoir des élus qui peuvent voter avec l’opposition ?

      C’est un accord purement électoral (pour battre la droite), donc pas un accord politique : les listes peuvent fusionner (a priori avec représentation proportionnelle en fonction des résultats du 1er tour, d’où le terme également employé de "fusion démocratique"), mais cette fusion n’implique aucune solidarité de vote.

      Elle aboutit au contraire à l’apparition d’une opposition de gauche à une éventuelle majorité PS-Vert (voire Modem) : on peut alors soutenir des projets qui iraient dans le bon sens (par exemple une avancée vers la gratuité des manuels scolaires pour les lycéens), on peut faire et défendre des propositions (par exemple gratuité des transports en commun pour les chômistes et les étudiants), et on peut s’opposer à tout ce qui ne va pas dans le sens de l’intérêt des gens qu’on représente (par exemple, grande spécialité socialiste, les subventions aux entreprises par le biais des partenariats entreprises/universités).

      Cela dit, encore faut-il que le PS accepte. Ce qui dépend entre autre du score du premier tour. Mais la soupe est si bonne, ça doit motiver, plutôt que de risquer de perdre la région et d’avoir pas mal de copains qui perdraient ce boulot plutôt cool et très bien payé qu’est le mandat de conseiller régional...

      Chico

    • si donnez des subventions a une boite qui licencie est un enjeux de société, toutes mes excuses.

    • Non, une "fusion technique" est un cache sexe qui, sous les apparence de la réflexion politique fait passer avant tout les intérêts bureaucratiques et électoraux devant les véritables enjeux de société.

      C’est purement de la langue de bois.

      Je ne suis pas d’accord. Je comprends qu’on puisse estimer que les fusions techniques dont il est question ici sont une erreur (par exemple, les gens feront-ils le distinguo entre un ralliement politique et une fusion technique ? Le NPA ne risque-t-il pas de brouiller son image avec ces fusions avec le PS ? Peut-être... Tout le monde n’est pas forcément chaud pour ces fusions, au NPA).

      Mais dire que proposer ces fusions c’est forcément tomber dans l’électoralisme et le bureaucratisme me semble totalement abusif : ça peut être ça, ça peut ne pas l’être. Pour l’instant le NPA est très clair : avoir des élus peut être un appui aux luttes, être un élément du rapport de force global entre les classes (et entre leurs représentants politiques), mais nous ne sèmerons jamais l’illusion que le système peut basculer sans un affrontement classe contre classe. Bref, je ne vois pas au nom de quelles considérations il faudrait se priver d’un outils, pourvu qu’on reste lucide et méfiant.

      Chico

    • LA fusion technique c’est surtout permettre à des partis qui ne sont RIEN d’exister...en bref une combine...et çà veut transformer le Monde avec ce genre de méthodes...pfff !

    • Dans quelle région cela s’est -il produit ? Et quand ?

    • LA fusion technique c’est surtout permettre à des partis qui ne sont RIEN d’exister...en bref une combine...et çà veut transformer le Monde avec ce genre de méthodes...pfff !

      L’autre méthode, pour exister et avoir des élus, c’est de s’allier au PS, comme les Radicaux de gauche ou... d’autres.

      Je ne sais pas si c’est plus efficace pour transformer le monde...

      Chico

    • La fusion technique, c’est une nécessité démocratique :

      Comment demandez aux électeurs de voter pour vous au premier tour, en leur disant, que de toute façon, on ne se présentera pas au deuxième tour et donc on refusera d’être élu !

      La fusion "technique" ou bien "démocratique", c’est bien de dire : ok, on fusionne puisque c’est la seule manière à la fois de battre la droite et en plus que les voix de nos électeurs soient représentées.
      Mais c’est aussi une manière de dire : on garde notre indépendance, et on ne sera pas comptable du bilan des executifs sociaux démocrates.

  • Le PCF est devant la quadrature du cercle. Le Pb est insoluble.

    Avec le PS ou les verts, il cautionne la fraude à l’étiquette de gauche.

    Avec le NPA il part à l’aventure avec l’héritier de la LCR, c.a.d. d’une organisation qui a à son passif 40 ans de magouilles contre le PC !

    Et sans alliés, il se stérilise, ce qui peut amener 5 ou 6% d’électorat, mais guère plus à long terme. C’est la srtatégie du NPA, et elle atteint déjà ses limites, malgré le vedettariat de OB.

    En fait, certaines équipes locales d’union de la gauche marchent bien, autant les garder.

    Mais au niveau national, le PCF devrait oser l’indépendance, la solitude quelques temps, car, de toute façon, Corbeil a encore prouvé après La Havre, Montreuil, etc, qu’il n’y a aucun avenir à baisser sa culotte.

    Les socialistes et verts ne revoteront coco au 2eme tour que s’ils y sont forcés.

    Mais pour pouvoir faire pression, le PCF devrait se donner les moyens de vivre sans élus, au lieu de se soumettre pour garder les derniers, très provisoirement.

  • LES SOCIALISTES ET LES VERTS VOTERONT POUR LES COCOS AU DEUZIEME TOUR CONTRAINTS ET FORCÉS

    vOILA UNE BELLE REFLEXTION.
    JE VAIS TE DIRE QQUE CHOSE EN 1981 (début d’année) AU RESTO OU JE ME RESTAURAIS AVEC MES CAMARADES DE TRAVAIL TROIS COCOS UN MILITANT SOCIALISTE EST ARRIVÉ.
    iL SE FAIT QUE JE LE CONNAISSAIT ET LA DISCUSSION S’ENGAGE SUR LES DERNIERES CANTONALES OU IL Y AVAIT DES GENS DE DROITEBIEN SUR uN CANDIDAT DU PS UN CANDIDAT COCO ET UN ESPECE DE CANDIDAT "SOCIALISTE ,NON INSCRIT.
    LE REPORT DES VOIX FAISAIT QUE LE COCO DEVAIT REMPORTER CETTE ELECTION.MAIS C’EST LE "SNI" QUI L A EMPORTÉ
    VOUS ME DIREZ ON N ’EST PAS MAITRE DE SES ELECTEURS
    ET VOILA CE BRAVE HOMME UN PAUVRE C..D’OUVRIER
    QUI VIENT BENOITEMENT NOUS DIRE MOI JE N AI JAMAIS VOTÉ COMMUNISTE AU DEUXIEME TOUR MEME SI LE PARTI ME LE DEMANDE.

    MOI POUR MA PART JE N’AI JAMAIS PLUS VOTÉ SOCIALISTE

    nb : SNI N’A RIEN A VOIR AVEC LES INSTITUTEURS MAIS C’EST SOCIALISTE N ON INSCRIT

    • Voilà comment on fait le lit de Sarko ! "Prolétaires, unissez-vous".

    • c’est une réalité exacte que j’ai vérifiée maintes fois dans mon patelin. A de très rares exceptions ( en général les "anciens" SFIO) les militants et adhérents PS ne votaient pas PC au second tour, ne reportaient pas leurs voix ( alors que l’inverse du PC vers le PS était quasi automatique).
      Il fallait désormais "plumer la volaille communiste". Ce qui était "de bonne guerre" après que le PC avait voulu dans les années 20/30 "plumer la volaille socialiste"...

    • Heureusement que dans une grande union la gauche a fait le travail de la bourgeoisie , vive l’unité !... en faveur du capital.

      Comme quoi l’union de combat contre la droite permet de comprendre comment une gauche suça du bourgeois et cogna sur le travailleur.

      Grace à cette "gauche" on eut Le Pen au 2e tour, et grâce à cette gauche de collabos nous eûmes le retour revanchard de berlu avec une classe ouvrière détruite.

      Pour les cliques sectaires et soumises, l’expérience est un peigne pour les chauves, ceux qui se précipitent comme des papillons sur les réverberes, sans cesse sont décidément irrécupérables.

      On fera sans.

      et il faut faire sans.