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Remue-méninges au PS

Publie le samedi 30 août 2003 par Open-Publishing

François Hollande veut remplir sa boîte à idées. Inaudible depuis sa double défaite électorale de l’an dernier, le PS veut faire de sa traditionnelle Université d’été qui s’ouvre ce vendredi à La Rochelle le coup d’envoi d’un vaste remue-méninges pour se doter d’une colonne vertébrale doctrinale.

Ses priorités : présenter une opposition crédible au gouvernement Raffarin et préparer les échéances électorales de 2004 face à une extrême gauche menaçante.

L’urgence numéro un du PS est tourner la page du malaise. Alors que François Hollande proclamait en mai au Congrès de Dijon que les socialistes étaient "de retour", le PS est apparu désarmé, en panne de propositions sur les retraites, et ses leaders ont été sortis sans ménagement des manifestations. L’été a aussi été l’occasion de revers, du démontage de son stand au Larzac aux critiques de Bernard Kouchner sur l’attitude du parti face à la crise sanitaire liée à la canicule.
Pour reprendre la main, le Premier secrétaire veut faire du rendez-vous de La Rochelle le point de départ d’un vaste brainstorming pour doter le parti du corpus doctrinal qui lui fait défaut. "Le PS a été capable de survivre au choc", dit-il, mais il faut maintenant montrer qu’il est "capable de proposer et d’ouvrir les voies vers une alternative politique".
Il faut "proposer des réponses nouvelles et fortes", faute de quoi "je crains que nous fassions du surplace pour un petit moment", a également craint sur France-2 Arnaud Montebourg, leader du courant minoritaire "Nouveau PS", qui a ouvert ses propres journées d’été mercredi à Fouras (Charente-Maritime).

Dès la rentrée, le PS espère se refaire une santé sur les chantiers de l’école, la santé et l’emploi, sur lesquels il estime avoir "plus de légitimité" face à un gouvernement fragilisé. Jeudi, la direction du parti s’est donc réunie en séminaire pour fixer un "agenda de travail". "On veillera à ce que sur les grands sujets, on ne soit pas simplement dans la critique nécessaire, mais que déjà de grandes orientations soient posées", explique François Hollande. Vendredi, l’éducation sera l’objet de la première table ronde, avant un grand débat au printemps et la rédaction de propositions alternatives fin 2004, début 2005.

Mais pas question de courir derrière le gouvernement ni de rédiger un programme à la va-vite. Conscient qu’il a théoriquement quatre ans à passer dans l’opposition, François Hollande veut faire la reconstruction intellectuelle du parti au "fur et à mesure", à son rythme. Pour y parvenir, il souhaite renouer avec les intellectuels et le mouvement social. Le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, et plusieurs leaders syndicaux seront présents à La Rochelle.

Mais le succès de la réunion altermondialiste du Larzac risque fort de monopoliser les conversations des ténors socialistes, divisés sur la question. Leader du courant "Nouveau monde", réuni en journées d’été à Meschers-sur-Gironde (Charente-Maritime) depuis mercredi, Jean-Luc Mélenchon ne tarit pas d’éloges sur le porte-parole de la Confédération paysanne José Bové, "véritable cadeau du Bon Dieu". "J’ai toujours été dubitatif quant à l’opportunité d’applaudir les gens qui vous conspuent", répliquait récemment Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn, dans "Le Parisien".

Un phénomène que le numéro un du PS observe avec circonspection. Partisan d’un "dialogue" avec les altermondialistes, il promet une "bataille" féroce aux partis d’extrême gauche, dont le pouvoir de nuisance pour la gauche pourrait s’apparenter à celui du FN pour la droite. Des listes communes LO-LCR aux régionales de mars 2004 pourraient en effet priver le PS de victoire dans plusieurs régions, notamment en Ile-de-France. "Il faut être sans concession avec l’extrême gauche, car elle veut notre malheur", prévient François Hollande en guise d’avertissement. PARIS (AP)