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Restreindre le regroupement familial
Publie le mardi 18 septembre 2007 par Open-Publishing2 commentaires
France
Restreindre le regroupement familial
BERNARD DELATTRE
Mis en ligne le 18/09/2007
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Débats houleux sur une énième loi sur l’immigration.
Qui traduit le souci de l’Elysée d’opter pour "une immigration choisie", respectueuse de l’"identité nationale".
Et qui suscite des tensions jusque dans le gouvernement.
Johanna de Tessières
CORRESPONDANT PERMANENT A PARIS
C’est loin d’être la première loi sur les étrangers traduisant la volonté de Nicolas Sarkozy de passer d’une "immigration subie" à une "immigration choisie". Lors de la précédente législature, au moins quatre textes allant dans ce sens avaient déjà été votés, suscitant chaque fois une ample polémique. La énième loi "sur la maîtrise de l’immigration, l’intégration et l’asile", dont l’examen probablement houleux débute ce mardi à l’Assemblée, échappe d’autant moins à cette règle de la controverse qu’elle est la première du genre à être soumise au Parlement depuis que Nicolas Sarkozy a été élu à l’Elysée. Notamment après avoir, pendant sa campagne électorale, rapproché les concepts d’"immigration" et d’"identité nationale", ce que seul jusqu’à présent l’extrême droite avait osé faire en France.
Ce nouveau texte ambitionne de rendre encore plus difficile l’immigration par regroupement familial, qui avait déjà été durcie par des lois de 2003 et 2006. S’il est voté, ce qui ne fait guère de doutes, l’étranger régulièrement établi en France ne pourra y être rejoint par sa famille que s’il dispose de revenus suffisants et si ses proches maîtrisent le français, sont dûment formés et souscrivent à un "contrat d’accueil et d’intégration" assurant leur respect "des valeurs de la République". Un amendement parlementaire autorise même de soumettre les candidats au regroupement familial à un test génétique attestant de la réalité de leurs liens avec leurs proches présumés établis en France.
C’est ce dernier point qui focalise les passions. Et va jusqu’à provoquer des tensions au sein du gouvernement, parmi les figures emblématiques de la politique d’"ouverture". "En tant que fille d’immigrés, cela me heurte", a reconnu ce week-end la jeune secrétaire d’Etat à la Ville, Fadela Amara, qui y voit un "opprobre" jeté d’office sur des étrangers peu ou prou considérés tous comme des fraudeurs en puissance. "Cette politique d’immigration choisie ne recueille pas totalement mon adhésion", a embrayé le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner.
"Escalade inacceptable"
Au sein même de la majorité UMP, quelques députés s’indignent que l’on fasse supporter le coût de ces tests (plusieurs centaines d’euros par personne) aux candidats au regroupement familial, s’interrogent sur la fiabilité de ces tests dans les pays concernés, voire doutent du caractère non coercitif de cette disposition annoncée comme fonctionnant sur une base purement volontaire.
Si le FN Jean-Marie Le Pen applaudit, la gauche - le PS un ton plus bas que les autres partis, lui qui a droitisé son discours sur l’immigration lors des présidentielles -, des intellectuels ainsi que toutes les associations de défense des droits de l’homme et des étrangers sont, eux, effarés. A leur estime, l’établissement de "fichiers génétiques pour les étrangers" constituerait une "escalade inacceptable", une "nouvelle étape franchie dans la rupture avec les valeurs de la République". Il témoignerait d’une politique "raciale, raciste et xénophobe". Le généticien Axel Kahn a dénoncé pour sa part une conception exclusivement génétique de la famille, une vision purement biologique de la filiation.
Le gouvernement, face à ce tollé, hurle à "la caricature". Il promet que, dans les faits, ces tests génétiques serviront aux étrangers, en leur permettant de voir leurs demandes d’immigration plus rapidement traitées par l’administration. Et avance que des dispositifs similaires sont en vigueur dans onze démocraties européennes. "Quel est donc le problème ?", a dès lors feint de s’interroger Nicolas Sarkozy, ce week-end.
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Messages
1. Restreindre le regroupement familial, 18 septembre 2007, 10:02
Quand on sait que si ce test était appliqué systématiquement sur les naissances en France, il révèlerait que pour environ 8%, le mari de la maman n’est pas le papa du bébé, on rigolerait d’avance, si ce n’était pas aussi tragique !!!
1. Restreindre le regroupement familial, 29 décembre 2007, 17:45
mais quand un enfant se fait élevé par son père qu’il soit naturel ou biologique les sentiments si la personne et sympa il n’y a pas de diffèrence