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Robert Ménard, un curieux plaignant contre « Le mur des cons »

Publie le mardi 30 avril 2013 par Open-Publishing
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Il injurie dans tous les médias, mais il n’admet pas qu’on l’épingle
Robert Ménard, un curieux plaignant contre « Le mur des cons »
Maxime VIVAS

Il n’est pas un moyen d’expression, un journal, une affiche, un tract, une radio, une télévision, un livre (jusqu’à « Mein Kampf ») dont Robert Ménard, abusivement présenté comme LE fondateur de Reporters sans frontières, ne se prétende le défenseur. Pouvoir tout dire, tout imprimer, partout, il jure en avoir fait le combat d’une vie.

Il s’agit-là de pure propagande et une toute récente information va nous le démontrer, une fois de plus.

En effet, Robert Ménard a fait savoir qu’il avait demandé à son avocat, maître Gilles-William Goldnadel, de déposer une plainte pour injures contre le syndicat de la Magistrature qui avait affiché sa binette dans un bureau sur un « Mur des cons ».

Plainte contre un syndicat, pour l’affichage dans un lieu privé d’une (mauvaise) blague de potache

Le panneau mural incriminé se trouve dans un local syndical, lieu privé, et il n’était pas destiné à être diffusé. Les images que nous avons vues sont des images volées. Les bonnes âmes qui auraient souri de la même œuvre figurant à la une de Charlie Hebdo et affichée dans des milliers de kiosques (la liberté d’expression, s’pas ?) s’insurgent que des magistrats pratiquent l’humour (vache), la dérision, activités autorisées pour eux dans les prétoires et à l’usage des prévenus, ou quasi quotidienne pour des journalistes urbi et orbi, mais pas dans le huis clos des permanences syndicales.

Rappel d’un précédent dans les murs de RSF

Ce que nous dit Robert Ménard par cette plainte, c’est que son amour de la liberté d’expression est à géométrie variable et que sa logique est digne d’un mal-comprenant. Car Robert Ménard a fait en 2003 ce qu’il reproche à d’autres de faire en 2013. Et en mieux, en plus féroce, à plus grande échelle, et en public, puis dans ses locaux.

En 2003, dans le cadre d’une campagne contre le tourisme à Cuba, Reporters sans frontières, subventionnée par des officines écrans de la CIA va éditer des flyers et des affiches où la célèbre photo du Che par Korda est traficotée afin que le guérillero apparaisse comme un CRS frappant le peuple.

En juillet 2003, sur plainte de la fille (et héritière) de Korda, la Justice française a ordonné la destruction des photos et des affiches du Che-CRS. Ce jugement avait ulcéré la fibre libertaire de RSF qui, sous le titre « La justice française interdit à Reporters sans frontières d’utiliser l’image du Che », a publié le 9 juillet 2003 un communiqué où l’on peut lire :
« D’ores et déjà, nous déplorons cette décision de la justice française qui fait le jeu des autorités cubaines. Nous regrettons en particulier que cette plainte contre Reporters sans frontières, qui portait sur le droit à l’image, n’ait pas été l’occasion de parler du fond… »

Pour l’anecdote, Robert Ménard avait conservé, après le jugement, une affiche, collée dans son bureau. Cette persévérance a déplu à la Justice qui a dû sévir à nouveau.
Espérons que le procès intenté aujourd’hui par ce grand défenseur de la liberté d’expression, donnera « l’occasion de parler du fond », c’est-à-dire de la raison pour laquelle, lui et d’autres, figuraient sur ce mur intérieur d’un syndicat.

Ce n’est pas Robert Ménard qui insulterait quelqu’un

La susceptibilité de Robert Ménard surprend, venant d’un homme qui définit la classe politique par sa « veulerie », « goujaterie », « duplicité » qui, lors d’un forum Internet, renvoya ses contradicteurs à leur « bêtise, illettrisme, imbécillité, ânerie » avant de qualifier des chefs d’Etat de « salopards » le président de la République (Sarkozy) de « lâche », celui du CIO de « lâche et de menteur », tandis que la gauche est peuplée de « fous furieux » et qu’une journaliste vedette de France Inter est un « faux-cul » et « une conne ».
Vrai, l’affichage de Robert Ménard sur le « Mur des cons » d’un local syndical est du plus mauvais goût. Un « Mur des poètes à la langue fleurie » eut été plus adéquat.

Un avocat amoureux de la liberté d’expression

Gilles-William Goldnadel, avocat de Robert Ménard, se présente (Wikipedia) comme un « Juif de combat » et se définit comme « sécuritaire », « réactionnaire » et partisan d’une « révolution conservatrice », se revendiquant de la « droite sauciflard ».

Attentif à qui déparle, il a su engager des poursuites contre Edgar Morin, Sami Naïr, Danièle Sallenave, Daniel Mermet, Le Monde, le MRAP… Il a écrit un livre contre Stéphane Hessel, défenseur de la Palestine.

Robert Ménard, le chantre du droit de tout dire, ne pouvait choisir meilleur défenseur pour démontrer aux derniers naïfs que la totale liberté d’expression qu’il revendique ne concerne pas tout le monde : il doit en être épargné.

Comment Robert Ménard veut libérer Béziers

Par ailleurs, on sait que Robert Ménard se verrait bien maire de Béziers et que le FN local est d’accord pour en faire sa tête de liste. Les sites du FN, dont celui de son égérie Marine Le Pen, le citent avec entrain, publient ses écrits, vantent ses livres.
Robert Ménard, qui a ouvert une permanence depuis plusieurs mois à Béziers, travaille à élargir sa liste. Il s’agit de débaucher des UMP, voire des PS (au moins un élu PS avait accueilli l’idée avec sympathie). Le secrétaire de son comité de campagne sur place est un membre du parti de Dupont-Aignan.

Ratissage, confusion, enfumage…

Robert Ménard élu avec de tels soutiens, on promet à Béziers la tranquillité, le calme, la bonne gestion, le respect de l’opposition et la liberté d’expression qui prévalurent dans les 4 villes qui eurent naguère le malheur d’élire un maire du FN. Avec, en prime, l’affichage dans les panneaux Decaux des éléments de langage châtié que devront apprendre les « goujats, illettrés, imbéciles, ânes, salopards, lâches, menteurs, fous furieux, faux-culs et connes ».

Maxime Vivas

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