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SEUIL DE TOLERANCE (article paru dans le CQFD n°30)

Publie le mercredi 25 janvier 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

Cyril Khider était en grève de la faim depuis plus d’un mois, ayant perdu douze kilos, il avait été transféré d’urgence dans l’unité médicale de Bois-d’Arcy.

En détention provisoire depuis 2001, pour avoir tenté, à bord d’un hélico, de délivrer son frangin Christophe, condamné à trente ans de cabane pour divers braquos et la mort accidentelle d’un homme. Comme lors de cette tentative d’arrachage, ils ont pris en otage deux matons et en ont blessé un, l’engeance matonne en fait voir des vertes et des pas mûrs à Cyril depuis qu’il est encage. Il a d’ailleurs été accueilli lors de son arrivée à la zonz’ de Nanterre par ce préambule lapidaire : « Ce que tu as fais aux collègues, tu vas le payer amèrement, tôt ou tard on te crèvera... ».

Et depuis, ça n’a pas arrêté : pour des motifs fallacieux (préparation d’une hypothétique évasion), on le jette au quartier d’isolement, il se fait baluchonner, insulter et provoquer maintes fois par les matons qui vont jusqu’à l’empêcher de dormir. Et ce n’est pas tout : linge de corps souillé, blocage du courrier, vol d’effets personnels, crachats et autres immondices dans la gamelle, fouille de cellule et fouille au corps quotidiennes, parloir souvent supprimé, éloignement familial. Ce qui était recherché, arriva : Cyril pète les plombs, insulte et menace, ce qui lui vaut une peine intérieure de cinq mois. Lors du jugement, un magistrat lui lance : « Votre seuil de tolérance est peu élevé ! ».

Par la suite, Cyril décide de retourner à l’isolement « Pour sauver ma vie. » il y reste quatre-vingt quinze jours, dans 4m2, sans un seul jour dehors, alors que, dans les textes de loi, la période d’isolement ne peut dépasser quarante cinq jours. Peu de temps après, il refuse une énième fouille au corps (à poil devant les portes-clefs, penché pour exposer son cul et tousser pour voir si quelque chose en sort). Il est alors, qu’il est plaqué au sol par une dizaine de matons et se fait écarter les fesses de force. Il vit cette agression comme un viol.

Cyril convaincu par sa mère, décide en juin dernier de porter plainte contre l’Administration Pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité humaine. Plainte qui, comme toujours, reste sans réponse.

On rappellera qu’en principe la prison n’est qu’une privation de liberté, et non un lieu où l’arbitraire et la torture blanche sont érigés en système de vengeance corporatiste.

Marius Fréhel

Messages

  • Rappel : le policier qui a mollesté le type devant les caméras, durant les révoltes de banlieues, à bénéficié de la protection des syndicats de police pour ne pas être trop inquiété.
    Sarkosy lui dit merci , mais sans trop que cela s’ébruite.
    l’incarcération devrait evidemment être soumise à des contrôles : proposition , mettre des caméras pour surveiller 24h/24h les matons. Les prisionniers pourraient éteindre/allumer les caméras quand ils veulent en appuyant sur un bouton.
    Cela ne ferait pas rire FEN-Police, mais cela éviterait peut-être ce genre de maltraitrance.

    jyd.

    • Au pays des droits de l’homme, il est inconcevable que l’on traite des humains ce cette façon. La société à une grande part de responsabilité. Il est grand temps que nous ouvrions les yeux et notre bouche, demain qui sait, l’un d’entre nous pourrais se retrouver derrière les barreaux pour X raison. Je connais, pour avoir assister dans un commissariat, et lors d’une visite à un ami en prison le traitement réservé aux personnes suspectées ou incarcérées par les soit disant représentants de la justice française.
      J’ai honte parfois d’être française, de toute évidence l’état recrute n’importe qui pour être maton ou simple flic, vous me direz, si ils avaient fait l’ENA ils auraient choisis un autre métier.
      Je pense qu’il est grand temps de mettre en place une vraie justice, il faudrait que tout les protagonistes soient également juger sur leur travail et que des sanctions soient prises pour chaque manquement au respect.
      Ce n’est par avec un SARKO que l’on obtiendra quelque chose de bon, ce dernier à fait de la sécurité son cheval de bataille, que lui importe que des gens soient condamnés, maltraités, les erreurs judiciaires ne le concerne pas.
      L’union fait la force, battons-nous pendant que nous avons encore droit à la parole !!!!