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Sabiha AHMINE : Manouchian, une mémoire aussi marquée de « noms parfois difficiles »
Publie le mardi 24 février 2009 par Open-PublishingManouchian : une mémoire aussi marquée de « noms parfois difficiles »

Samedi dernier, j’ai participé à la cérémonie annuelle en hommage aux 23 membres du groupe FTP-MOI (Main d’ oeuvre Immigrée) « Morts pour la France », fusillés le 21 février 1944 au Mont Valérien. Ce jour là, au square Manouchian à Vaulx en Velin, nous étions ensemble, avec mes collègues Guy Fischer, vice président du Sénat et Marie-France Vieux-Marcaud, vice présidente aux lycées à la région et autres élu-e-s ainsi que d’anciens résistants ou simples citoyens, pour un moment de mémoire et pour un hommage particulier aux héros de l’affiche rouge.
Comme le note le communiqué de la mairie de Vaulx en Velin, ces héros, ces vingt et trois étrangers qui sont nos frères pourtant, sont « tombés en combattant à un moment où les résistant(e)s étaient bien rares ». Fusillés par les Nazis, ils sont morts pour notre liberté. Tou(te)s étaient résistants étranger(e)s, communistes, de divers nationalités ils n’avaient aucune haine pour le peuple allemand... La plupart avaient fait la guerre d’Espagne dans les Brigades Internationales, arrêtés par la police de Vichy et livrés à l’occupant.
A l’instar des tirailleurs africains de Chassely, aux quels nous rendons hommage chaque année depuis 2001, ils n’ont « réclamé ni gloire ni larmes ». Que se soit à Chassely en 1940 ou au Mont Valérien en 1944, l’occupant Nazi a voulu salir l’image de ses héros de la République, par sa stratégie barbare et raciste de division et de mensonge. Son objectif vise, en vain, à dresser la population contre eux avec la célèbre « Affiche Rouge », qui les présentait comme des délinquants, comme de vulgaires voleurs ou comme des terroristes à la solde de l’étranger….
C’est dans le sens de défendre et réhabiliter la mémoire de tous ces héros, sans discrimination et sans mépris, que nous avons programmé, dès 2003, érrigé l’exposition « Les étrangers dans la Résistance » au CHRD, qui rend un vibrant hommage à l’ensemble des étrangers (d’Europe, Asie, Maghreb, Afrique ou Dom-Tom) qui sont morts pour la liberté de notre pays. Voir le lien : (http://www.lyon.fr/static/vdl/conte...). En tant qu’ancienne présidente du CHRD, cette modeste action est une manière pour nous de rappeler le célèbre poème d’Aragon : « Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes. Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants. L’affiche qui semblait une tache de sang. Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles. Y cherchait un effet de peur sur les passant.
Aujourd’hui, si nous rendons encore et toujours hommage pour ces héros étrangers, c’est parce que le combat des héros de l’Affiche Rouge, comme celui de l’ensemble de nos anciens résistants, a besoin de reconnaissance. Car ils se battaient au nom de principes universels : ceux du refus de la barbarie Nazie, l’émancipation de l’humanité, le refus des injustices, la paix, la lutte conttre tous les racismes et de toutes les discriminations.
Avec l’Union Juif pour la Paix (L’UJFP), qui rend hommage chaque année à ces héros étrangers, et avec d’autres militants et mouvements, nous voulons tirer ensemble les leçons de cette mémoire pour la jeunesse. C’est pourquoi, à l’heure où, en France, les étranger(e)s sont à nouveau suspect(e)s, nous voulons ainsi rappeler le rôle majeur que les étranger(e)s ont joué dans la Résistance Française. Certes, la situation n’est pas la même, mais nous refusant de faire des étranger(e)s des boucs émissaires. Nous dénonçons surtout la criminalisation des Sans Papiers et la politique gouvernementale à leur égard.
Cet hommage est aussi un hymne à la solidarité internationale : avec L’UJFP, avec l’ensemble des humanistes et des progressistes, nous somme vigilants contre toutes les tentatives de dès humanisation des peuples opprimés, comme le peuple palestinien. Nous demandons inlassablement la fin de l’occupation de la Palestine et une juste paix entre Palestiniens et Israéliens fondée sur l’égalité des droits et la justice.
Sabiha AHMINE