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Sarkozy en Libye, le show continue
Publie le vendredi 27 juillet 2007 par Open-Publishing1 commentaire
Tripoli . Au lendemain de la libération des infirmières, le président français est allé signer un accord de coopération qui devrait ouvrir grand la porte aux entreprises françaises.
de Camille Bauer, Tripoli, envoyée spéciale.
Le président aime cultiver les symboles. Au lendemain de la libération des infirmières bulgares, il a été hier le premier chef d’État occidental à se rendre à Tripoli. Une visite officielle, qualifiée de visite d’État, qui a été opportunément rajoutée au programme d’une tournée africaine qui ne devait au départ comporter que les étapes sénégalaise et gabonaise. Le président français est arrivé en fin d’après-midi à Tripoli pour y rencontrer Muammar Kadhafi, un geste scellant la normalisation des relations entre la Libye et les Européens. Déplacement politique éclair donc pour « aider la Libye à réintégrer le concert des nations », selon la formule de Sarkozy.
un partenariat militaro-industriel
Accompagné de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, il s’est rendu aussitôt au palais de Bab Azizia pour la cérémonie officielle d’accueil qui a été suivie par des entretiens et une signature d’accords de coopération. De nombreux accords donnant au leader libyen un véritable brevet de respectabilité.
Les détails du texte n’avaient pas encore été dévoilés, à l’heure où ces lignes étaient écrites, mais il s’agissait surtout, selon un diplomate, de mettre en forme les grands principes qui vont permettre d’entamer un partenariat militaro-industriel entre les deux pays. Par ailleurs, Jean-Marie Bockel, secrétaire d’État chargé de la coopération et de la francophonie, devrait signer trois accords sectoriels avec son homologue libyen en matière d’enseignement supérieur, de recherche et de coopération culturelle.
La visite a été préparée de longue date
Malgré son caractère impromptu, la visite de Sarkozy en Libye semble avoir été de longue date dans les cartons. L’affaire des infirmières « empêchait une normalisation complète », a confié à un diplomate français sous couvert de l’anonymat. Leur libération a fait sauter le dernier verrou permettant l’ouverture d’un nouveau chapitre dans les relations avec un pays qui regorge de promesses pour les entreprises françaises. Avec d’importantes réserves de gaz et de pétrole, d’énormes besoins en infrastructures, dans les secteurs bancaire et touristique, et à plus long terme, avec les perspectives de vente d’armement et de développement du nucléaire civil, la Libye fait figure de terre promise pour les affaires. Fidèle à sa vision d’une politique internationale qui fait de la défense des entreprises hexagonales une priorité, Sarkozy est venu en ambassadeur d’intérêts français qu’on devrait voir converger vers Tripoli dans les mois à venir.
L’immigration, marotte de la politique du président français, est un autre dossier essentiel des relations avec la Libye. Ce thème figure en bonne place dans l’accord global et devrait constituer un axe majeur de coopération entre les deux pays. Depuis plusieurs années les pays de l’Union européenne tentent de déléguer aux pays du Magreb une partie de la surveillance de la Méditerranée. C’est d’ailleurs un des axes du projet union Méditerranée que le président français veut également présenter à son homologue libyen. Cette politique a eu pour effet de réduire les flux migratoires et de traiter la question loin des yeux de l’opinion publique européenne. Pourtant, « le gouvernement libyen fait subir aux migrants demandeurs d’asile et réfugiés de graves violations des droits de l’homme, notamment des passages à tabac, des arrestations arbitraires, des retours forcés », a dénoncé dans un long rapport publié en septembre dernier l’organisation Human Right Watch.
pomme de discorde : la politique africaine
La politique africaine du colonel libyen est sans doute la seule pomme de discorde qui devrait subsister. Si Kadhafi appuie avec moins de constance que par le passé les rébellions africaines, sa volonté d’étendre son influence continue de heurter la position française. Il n’a ainsi pas caché qu’il était opposé au déploiement au Tchad voisin d’une force internationale que Paris soutient à bout de bras. Et loin de la politique de rupture qui lui est si chère, Sarkozy a au contraire renforcé le contingent militaire français contre les forces rebelles du président Déby. Un sujet qui a sans doute jeté une ombre au moment des embrassades à Tripoli.
Messages
1. Sarkozy en Libye, le show continue, 28 juillet 2007, 21:33
Voici un exemple de "mains sales" d’un chef d’état français et de son ministre des affaires étrangères dont les jeunes générations pourront témoigner à leurs enfants ! C’est du direct, du présent, malheureusement !