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Sarkozy multirécidiviste

Publie le mercredi 6 décembre 2006 par Open-Publishing
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de Bernard Lallement

Pour ceux qui l’auraient oublié Nicolas Sarkozy, comme d’ailleurs Pascal Clément, est avocat dans le civil. C’est-à-dire qu’il serait attaché à la présomption d’innocente, au procès équitable, aux droits de la défense, à l’indépendance de la justice et à la garantie des libertés individuelles.

S’il partage cette profession avec Robert Badinter, il n’est fait pas le même usage dans ses fonctions ministérielles. Le ministre de l’Intérieur, qui se veut l’homme de la modernité, croit aux vertus rédemptrices de la répression et à l’exemplarité de la sanction. Ainsi entend-il renouer avec la philosophie qui avait prévalu, en 1801, lors de l’élaboration du Code pénal et rompre avec l’individualisation des peines consacrée par l’ancien garde des Sceaux de François Mitterrand à la suite des travaux de la commission Aydalot-Chavanon.

Mais du remarquable Surveiller et Punir, de Michel Foucault, le président de l’UMP n’en a gardé que le titre et voue un culte à l’enfermement qui, par une sorte de transmutation mystique, devrait convertir une arsouille en saint homme.

C’est ainsi que depuis son arrivée, en 2002, place Beauvau nos geôles connaissent des taux records de surpeuplement avec, dans le même temps, une augmentation des agressions sur les personnes de 9 %. Le candidat de la droite décomplexée n’en a pas moins fait voter une dizaine de lois pénales dont la dernière vient d’être adoptée, en seconde lecture, par l’Assemblée nationale, devant un hémicycle désert et en l’absence du principal intéressé.

Une loi inapplicable affaiblit un peu plus les autres lois affirmait Alain. Aussi, celle-ci n’échappera-t-elle pas à la règle. D’ailleurs, le prétendant à l’Elysée avait annoncé que, dès son élection, il proposerait une autre réforme afin d’introduire les peines planchers.

L’évidence du fait, n’exclut pas qu’on le néglige disait Lacan. Personne ne naît délinquant et le gêne criminogène n’existe que dans les fantasmes des sectateurs de l’eugénisme. Ce n’est nullement nier la responsabilité individuelle que de relever les concordances de milieux sociaux, familiaux et économiques des condamnés comme de s’interroger sur la présence de troubles psychiatriques chez 50 % de la population carcérale. Comment, par ailleurs, ne pas être interpellé par l’apparente corrélation entre la montée du chômage et celle de la délinquance ?

Il faut, là encore, en revenir à l’auteur de l’Histoire de la folie : la prison est toujours faite pour les autres. Un brave père de famille qui conduit en état d’ébriété et tue un enfant n’a pas commis un meurtre, mais provoqué un accident. Il reste un honnête citoyen.

Tout est dans la nuance et, dans notre vaste supermarché médiatique, la valeur d’une vie humaine est toute relative. Le numéro deux du gouvernement l’a bien compris en élevant les faits divers au rang de propagandes électorales. Pas un viol, un assassinat crapuleux n’échappe à sa vigilance. Un bus brûlé devient le viatique d’un ordre toujours annoncé, dont il se revendique le champion.

A défaut de pouvoir prévenir l’imprévisible, ou de mettre en œuvre des moyens efficaces aptes à obvier aux désordres auxquels sa politique contribue, il jette l’anathème sur les magistrats et promet une aggravation de la législation répressive.

Avec Nicolas Sarkozy, la loi court après l’évènement, les libertés publiques à leur perte et le peuple français à sa ruine.

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