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Si tu es jeune et sans ressource... prend des rames !

Publie le mardi 21 septembre 2004 par Open-Publishing
2 commentaires

Noire-Atlantique un journal libertaire fait à Nantes a inauguré une rubrique
"Histoire de précaires" dans son dernier numéro paru au mois de juin avec le
texte suivant :

Martine à Nantes

Maintenant que l’Hexagone a largement viré au rose, tu n’as que l’embarras
du choix alors, si tu es jeune et sans ressource, viens vivre dans une
commune socialiste !

Il était une fois notre jeune camarade, dynamique et sans ressource. Dans
la fleur de l’âge, l’héroïne de notre petite histoire banale atteindra ses
25 ans dans quelques mois ah, bientôt le RMI se disait-elle, chouette, mais
en attendant ?

Et bien, justement, un événement inattendu vint pimenter sa vie (décadente)
de nouvelle chômeuse. Et, bien que les rebondissements aux guichets Assedic
ou autres entretien-conseils Anpe suffisaient à satisfaire son goût inné de
l’aventure, une lettre de La Poste vint l’informer de la saisie de son
compte postal : ordre du Trésor public. Passons sur les détails de l’affaire
qui, pour une vieille histoire d’amende de transport à 30 euros, s’éleva à
une dette d’un montant total de 975 euros. Après avoir asséché le compte en
moins de deux (merci La Poste pour sa rapidité d’exécution voilà comment on
est remerciée d’être une militante révolutionnaire acharnée, jeune et
dynamique, et d’avoir choisi le service public plutôt qu’un compte en
Suisse), le Trésor public, dans un élan d’humanisme émouvant, autorisa un
étalement du paiement de la dette restante : 10 euros par mois jusqu’en
2007. Qui a dit que la société d’aujourd’hui n’offrait pas aux jeunes la
possibilité de se projeter dans l’avenir, d’avoir des projets à long terme,
hein ?

Du coup, mettant de côté son franc dégoût pour les rats de
l’administration et autres guichets sociaux, notre héroïne fit une demande
d’aide financière d’urgence auprès de l’assistante sociale de son quartier,
et en profita, par la même occasion pour monter un dossier de demande de RIJ
Dossier qui sera finalement rejeté, faute de rentrer dans les « cases »...
allez, Martine c’est pas grave quoi !

Ou les miettes de nos dirigeants

L’aide financière d’urgence dont notre héroïne a pu bénéficier après la
saisie de son compte, c’est une somme que tu peux aller chercher à la
Mission locale dont le montant s’élève à 76 euros. Autant dire que c’est
Byzance et le plus fort, c’est que tout cela vous ai donné en « Chèques
multiservices ». Les chèques multiservices, c’est génial. Ce sont donc des
tickets gracieusement offerts par la Mission locale. Et que lit-on sur ces
tickets d’enfer ? Nous y voyons tout d’abord l’inscription suivante : « Hors
boisson alcoolisée »... bah oui quoi, on le sait bien, les jeunes, au
chômage qui plus est, vont tout dépenser les sous au bar, hein. Et ça c’est
pas bien, cela n’aide pas à se réinsérer. Et puis, si on regarde bien
encore, on s’aperçoit que ce sont des tickets édités en partenariat avec la
Sodexho et oui, encore les bienfaiteurs de la Sodexho ! Les mêmes qui
empoisonnent une grosse partie de la population avec leur sale bouffe
industrielle dans les écoles et autres cantines gastronomiques, les mêmes
qui ont recours au travail en milieu carcéral et qui font bosser les
prisonnierEs (pour un « salaire » d’environ 150 euros par mois) en leur
faisant emballer des plateaux-repas (repas qui leur sont facturés d’ailleurs
puisqu’ils sont déduits de leurs salaires de misère). Voilà donc les
partenaires privilégiés de l’État, qui, d’un côté, n’hésitent pas à
exploiter les plus démuniEs en se faisant un maximum de fric y compris en
milieu carcéral et qui, d’un autre coté, soignent leur image de bienfaiteurs
en s’alliant avec les services sociaux merci la Sodexho !

Bon, on s’égare là, mais ça valait le coup de faire une petite digression,
non ?

Alors, au fait, le RIJ, c’est quoi ?

Cet illustre inconnu, dont le diminutif se révèle être le « Revenu
d’insertion jeune », est l’équivalent du RMI, accessible aux personnes ayant
moins de 25 ans.

Le RIJ existe dans quelques grandes villes en France, notamment à Nantes.
Théoriquement, le RIJ est attribué aux personnes de moins de 25 ans,
résidant sur la commune, ayant un logement autonome depuis plus d’un an et
n’ayant aucun revenu.

Voilà pour les cases dans lesquelles il faut rentrer. Mais encore faut-il
avoir l’information... d’ailleurs, notre héroïne se risqua à poser la
question à l’assistante sociale lors de leur entrevue : « mais comment se
fait-il que l’information sur l’existence du RIJ n’apparaît nulle part ? »
il lui sera répondu : « c’est normal c’est une aide attribuée au
compte-gouttes, ce n’est pas prévu pour être largement diffusé ». C’est donc
cela, les pouvoirs publics ­ relayés par les services dits sociaux ­ ne
veulent pas que ça se sache. Jean-Marc Ayrault ne serait donc pas un grand
humaniste ? Et non, un RIJ ça se mérite comme le reste d’ailleurs. Autant
dire que les plus démuniEs, les plus isoléEs, ils et elles peuvent toujours
se brosser le RIJ, z’en entendront jamais parler !

Alors, soyons contre-productif-VE-s : parlons-en à nos amiEs, à nos
voisinEs, à nos collègues bref, diffusons l’information au maximum et
ayons les mêmes réflexes pour le reste, c’est cela aussi la solidarité
concrète.

adeline

Dans le prochain numéro de Noire-Atlantique à paraître fin septembre on vous
contera la passionnante histoire d’un recalculé...

Noire-Atlantique c/o CITÉ,
BP 131, 44403 Rezé cedex
noire_atlantique(a)no-log.org

Messages

  • je trouve ça bien vos revendications et vous avez raison il faut dire les choses qui ne vont pas.Trop de gens ferment leur bouche et laisse la société aller dans ce sens. Néanmoins, arrêter de casser du sucre sur le dos des travailleurs sociaux. Ils pensent comme vous, mais font avec les moyens qu’on leur donne. Ils ont peu de moyens mais ils les utilisent aux mieux pour aider aux mieux. C’est aujourd’hui toute la difficulté de leur travail : aider les personnes avec des dispositifs mal penser ou du moins pas penser pour les gens et surtout pas adapter à la réalité du terrain. Juste une chose. quaud les travailleurs sociaux manifestent parce que les lois ou les dipositifs qui sont mis en place sont "à l’ouest" de la réalité sociale, personne ne vient manifester avec eux : POURQUOI ???

  • Entre discours creux et promesses intenables, osons dire, tout simplement, QUE NENNI : RIEN… mis à part l’effet d’annonce !

    C’est la montagne qui a accouché d’une souris ; comme dit l’expression.

    On s’attendait à une révision de la Constitution et voilà qu’on nous parle encore une fois du conseil consultatif de…la régionalisation. Comme si les autres conseils créés jusque là, ont engendré un quelconque bienfait pour les Marocains.

    Une dernière chose, les noms cités pour la composition de ce conseil donnent cette impression du déjà-vu.