Souffrance au travail : III. La fabrique à stress

Extraits de Encadrer une équipe :

Après avoir constaté que le surstress au travail n’est pas une fatalité puis déploré la religion de la mobilité nous soulignons que, si le stress est depuis quelques temps sujet d’effroi dans les entreprises, il y a encore peu certains n’hésitaient pas à l’ajouter à la panoplie des conditions nécessaires à la bonne conduite d’un projet.

C’est ainsi que vers le début des années quatre-vingt-dix s’est insidieusement installée l’idée, souvent reprise avec ravissement par nombre de dirigeants, selon laquelle pour améliorer la productivité il fallait introduire une dose de stress dans le travail […].

Or s’il est exact que l’existence d’une échéance peut aider à concentrer l’esprit pour mieux trancher parmi plusieurs options, il reste déraisonnable, si ce n’est bien plus bas dans l’échelle des comportements prestigieux, de considérer le stress comme une condition sine qua non à la réussite d’un projet […]. Surtout lorsque le surstress s’installe dans la durée avec toutes les répercussions négatives que l’on sait sur la santé des personnes comme sur le fonctionnement des entreprises. C’est pourquoi contrairement à ce qu’ont pu « imprudemment » prétendre certains à une époque, on ne peut en aucun cas parler de bon stress […].

Même s’il est possible d’avancer que le stress, c’est la vie, le moteur de nos pensées et actions, il importe d’ajouter immédiatement qu’un niveau de stress excessif ne peut qu’occasionner des menaces ingérables, des douleurs subjectives, voire des humiliations […]. C’est d’ailleurs exactement ce qu’a produit la kyrielle de restructurations qui ont aveuglement déferlées sur les salariés, souvent sous l’anglicisme de réingénierie.

… à suivre, Souffrance au travail : IV. La réingénierie

Extraits de Encadrer une équipe