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Street Medics : Bilan provisoire du mardi 14 juin (+ 3 vidéos de la manif du 14 Juin)
par nazairien
Publie le vendredi 17 juin 2016 par nazairien - Open-Publishing3 commentaires
Dans ces vidéos on voit, la violence des forces de police, et leur positionnement, dans la provocation préméditée à proximité de l’hopital Necker)
La derniére vidéo nous montre, la riposte des dockers du Havre pour protéger les leurs à proximité de leur car, ou était positionné une "escouade" de robocop .

Street Medics : Bilan provisoire du mardi 14 juin
La gazeuse à main était de sortie ce jour, beaucoup de camarades peuvent en témoigner, nous avons pris en charge une cinquantaine de personnes brûlées au visage, parfois à bout portant. Elle a entraîné vomissements chez deux manifestants et des troubles de la conscience chez un autre.
Le trajet de la manifestation s’est fait dans un nuage plus ou moins épais mais toujours constant de gaz lacrymogènes. Les street medics ont pris en charge plus d’une centaine de crises de panique accompagnées de nombreuses détresses respiratoires réelles, des malaises dont certains avec perte de connaissance. Comme développé dans le communiqué du 10 mai, en plus des difficultés respiratoires et des pleurs/aveuglements, nous constatons que l’utilisation intempestive des gaz provoque beaucoup d’effets à moyen terme tels que des nausées, des difficultés respiratoires, des inflammations des voies respiratoires, des maux de têtes, des inflammations du larynx et des cordes vocales, des bronchites, de l’asthme, des troubles digestifs, etc.
Les palets de lacrymo ont également engendré de multiples blessures chez les manifestant-es, notamment au niveau des mains, de la tête et du visage. Au moins un manifestant a été évacué après avoir reçu un palet sur le front. Nous précisons que les palets lacrymogènes font des brûlures et qu’ils ont ciblé directement des gens (dont parfois des médics).
Les tirs de Lanceurs de balles de défense (remplaçant du flashball) ont également fait des dégâts, de nombreux hématomes et plaies aux membres inférieurs et supérieurs, au moins trois personnes ont reçu des balles défense 40mm dans l’abdomen et une dans la tempe.
Mais en ce 14 juin, ce sont les grenades de désencerclement (GD) explosant au sol ou des grenades lacrymogènes à tir tendu et les coups de tonfa des multiples charges essuyées par les manifestant-es qui ont causé le plus de dégâts parmi nous.
En effet, les grenades désencerclantes ont causé des hématomes, des plaies, des brûlures au niveau des pieds, mollets, tibias, cuisses, fesses, parties génitales, abdomen, bras et mains, visage et tête. En tout nous avons eu à soigner entre 90 et 100 blessures dues aux GD et au matraquage, dont une vingtaine ont dû être évacuées. Nombre d’entre nous, manifestant-es contre la loi « Travaille » et son monde, souffraient d’acouphènes ce soir-là. Une personne a eu un doigt luxé, 3 personnes se sont retrouvées avec des éclats enfoncés dans le thorax, une personne a perdu connaissance suite à un tir tendu occasionnant une plaie au front, il a été évacué.
Un manifestant a également reçu un tir tendu de grenade lacrymogène au niveau des cervicales, entrainant une plaie importante et, le lacrymogène s’étant activé, une brûlure sur l’ensemble de la plaie et du haut du dos. La personne a été évacuée d’urgence à l’hôpital.
Les charges et matraquages intempestifs tout au long du chemin ont nécessité des soins au niveau des membres mais surtout au niveau de la tête et du visage : arcades ouvertes, plaies et hématomes du cuir chevelu, pommettes, mâchoires, lèvres, suspicion de fracture du nez, plaie ouverte sous l’œil, plaie au niveau du crâne avec arrachement au niveau du cuir chevelu… une centaine de manifestant-es ont été pris-es en charge lors de ces charges.
Toutes ces charges ont provoqué moult mouvements de foule, nous, manifestant-es, avons été victimes de chute, piétiné-es par les forces de l’ordre (suspicion de côtes félées), nous sommes foulé des chevilles, le tout toujours au milieu des gaz…
En tout, nous avons pris en charge des centaines de manifestant-es ce mardi (pour information, la préfecture annonce un bilan de « 17 manifestants tous en urgence relative », à quelle manifestation étaient-ils ?) et soulignons, encore une fois, la fulgurante escalade de la répression au fil des manifestations. Cette journée a été éprouvante pour nous tou-tes, mais n’entame en rien notre détermination !
Nous ne sommes ni sauveteuses, ni sauveteurs, juste des manifestant-es qui se préfèrent debout plutôt qu’à genoux ! La solidarité est notre arme !
Des manifestant-es / street medics, présent-es à la manifestation du 14 juin 2016.
Pour prendre contact ou apporter un témoignage : street-medic@riseup.net
Messages
1. Street Medics : Bilan provisoire du mardi 14 juin (+ 3 vidéos de la manif du 14 Juin), 17 juin 2016, 01:26, par nazairien
Témoignage d’un docker du Havre sur la manifestation du 14 juin
https://nuitdebout.fr/blog/2016/06/16/paris-temoignage-dun-docker-du-havre-sur-la-manifestation-du-14-juin/
La manif du 14 juin à Paris a été une vraie première pour beaucoup de jeunes dockers du Havre. Habitués à des défilés massifs, mais sans réelle confrontation avec les forces de l’ordre, pourtant bien présentes dans les rues normandes, où tout se passe en général de façon tranquille. Les anciens, les délégués nous ont prévenu du potentiel face à face, de l’inévitable présence bien visible cette fois des forces de l’ordre et de la tension qui allait s’en résulter.
Dominique Ciabatte
Déjà depuis la semaine dernière, nous savions que la montée sur la capitale allait être compliquée, et trouver des cars et des trains pour venir de la province était problématique.
Finalement, au petit matin de ce mardi 14 tout se met en branle, le premier train part, les cars se remplissent et prennent la route. Casques et gilets rouges floqués à nos couleurs syndicales sont du voyage. Ils sont surtout indispensables pour nous identifier entre nous, savoir qui est qui, qui peut faire partie de notre cortège. Un service d’ordre, un encadrement composé de 300 de nos camarades a même été prévu. Une première chez les dockers…
Toute la matinée, les groupes arrivent, se retrouvent place d’Italie, les drapeaux sont préparés, l’ambiance, bonne forcément, est de circonstance… Les camarades dockers affluent de tout l’hexagone (Nantes, Fos, Marseille, Bordeaux, un drapeau basque se hisse même plus vite que l’habituel drapeau breton…), les gens nous reconnaissent et beaucoup saluent notre implication sans faille dans le mouvement. Cela fait chaud au cœur. Vers 13h, une fébrilité se fait sentir, la banderole est déployée, nous nous mettons en ordre de marche derrière elle et notre ligne de tambours, parmi une foule immense, bigarrée, de manifestants d’univers variés, professions et syndicats de tous horizons.
13h30 le grand moment est arrivé pour nous, premier roulement de tambour, premier pas et nous voilà parti pour ce défilé.
C’est lent, saccadé, on n’y est pas habitué. Nous, qui normalement défilons sur une douzaine de kilomètres à un rythme assez soutenu, sommes un peu fébriles mais la joie de tous se retrouver, de communier ensemble sur les avenues de la capitale prend le dessus, et les slogans et la bonne humeur font de ce début de manif un bon moment.
Très vite, nous rencontrons, fermant les accès aux rues perpendiculaires, les forces de l’ordre, les gardes mobiles, mais notre encadrement très efficace, empêche tout contact avec eux, ainsi pas de provocation possible. Notre mauvaise réputation (bien infondée de nos jours) nous colle toujours à la peau. A nous de démontrer qu’on sait gérer un défilé dans le plus grand calme possible.
Nombreux sont les autres manifestants massés sur le bord des rues à nous saluer et féliciter notre cortège ainsi que notre encadrement efficace, si efficace même que certains des gardes mobiles en sont étonnés.
Malgré cela au loin devant, le tout début du cortège, un premier rideau de fumée se devine.
La tension monte au sein du cortège. Nous nous approchons des Invalides. Au bout d’un moment d’arrêt, les tambours cessent. Nous sommes arrivés au bout de notre manifestation. Tout le monde se réjouit de cette réussite, de cette foule, du fait qu’aucun heurt n’est encore à déplorer de notre côté. Un dernier virage à l’angle du dôme doré et les cars sont en vue.
C’est alors qu’un premier nuage nous enveloppe. Des gaz lacrymogènes lancés par les crs dans cette fin de cortège pacifiste et pacifique.
Nous nous regroupons vite, toussant, pleurant, vomissant sur la place où se trouvent les cars nous attendant pour nous ramener vers nos villes d’origine.
Certains présentent déjà des traces de brutalité avec des ecchymoses dues à des flashballs, éclats de grenade de désencerclement, bombes lacrymogènes d’aveuglément utilisés.
La provocation est énorme du côté des CRS, leur réaction, leur réactivité nous surprend. Nous voyons débouler entre les colonnes de cars leurs renforts. Par dizaine les CRS accourent mais ô surprise ils s’en prennent aux familles, aux manifestants ayant fini leur défilé, qui tentent de rejoindre leur car. Gazage en masse, quelques coups de matraque pleuvent aussi, dans l’incompréhension la plus totale. Au bout de quelques dizaines de minutes d’incrédulité face à une telle injustice, nous pouvons enfin, dans un calme sommaire nous regrouper afin de repartir vers Le Havre.
Tous plus ou moins choqués à notre façon, nous essayons de débriefer les dernières minutes si brutales d’une manif pourtant tranquille pendant le trajet du retour.
Comment ces CRS ont pu intervenir si rudement contre nous ? Un défouloir peut-être ? Une volonté de casser l’envie de revendication ? Un moyen de dissuasion ?
Cette intervention musclée injuste et indigne aide de plus le gouvernement à nous assimiler a des « casseurs », décrédibilisant le mouvement auprès des téléspectateurs toujours prêts à gober ce que mère télévision veut bien leur faire ingurgiter.
Comme le dit un de nos mots d’ordre : » you will never walk alone « , notre unité est notre force et nous sauront, si nécessaire, en faire encore une fois la démonstration massive et pacifique…
Source : Paris. Témoignage d’un docker du Havre sur la manifestation du 14 juin
2. Street Medics : Bilan provisoire du mardi 14 juin (+ 3 vidéos de la manif du 14 Juin), 17 juin 2016, 17:08
Peut-être penser (mais aussi panser) à prendre des images avec mise en situation (panneaux de rues, bouche métro, magasins, etc...) des plaies si ce n’est déjà fait, pour constituer des preuves.
3. Street Medics : Bilan provisoire du mardi 14 juin (+ 3 vidéos de la manif du 14 Juin), 18 juin 2016, 14:16
Merci à ce témoignage des Dockers ! Qui montre bien l’intensité et la cruauté de la répression policière dans cette manifestation ; il s’agissait le 14 juin 2016 de réprimer les manifestants juste parce qu’ils manifestaient ! il s’agissait de faire peur et de punir ceux qui réclament leurs droits ! La manipulation du gouvernement autour des soi-disant casseurs n’a pas marché : Tous les manifestants se sont rendus compte du piège dans lequel nous sommes tombés ce jour-là. Les témoignages des gens venant de Province est capital ! Il montre bien que nous sommes tous, parisiens ou provinciaux, sur la même longueur d’ondes, que nous faisons face à cette violence du pouvoir sans peur, et que nous allons résister et manifester pour encore et toujours faire valoir nos droits dont le premier est : Le droit de manifester sans se faire massacrer. Si nous échouons la dictature va s’installer durablement et les autres droits vont être supprimés. Donc aujourd’hui nous sommes attaqués de toute part par la loi Travail et aussi par la répression contre tous les manifestants, et nous répondons au gouvernement contre la loi Travail et contre les interdictions de manifester ; Nous allons continuer à être solidaires pour réussir et faire échouer cette opération de division du gouvernement. Nous allons continuer encore plus fort à réclamer le droit à la justice sociale, au partage équitable entre tous, à la fraternité. Sinon la dictature va se refermer sur nous. Mais la journée du 14 juin a montré que la démarche du gouvernement ne fonctionne pas et que nous sommes prêts à défendre nos droits. Alors le plus grand espoir est à attendre pour les prochaines semaines même si nous devons rester vigilants face au danger qui se profile. La paix sociale est en train de basculer. A qui la faute ?