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Suppression du mot « race » : une première mesure qui en appelle d’autres

par Le MRAP

Publie le vendredi 17 mai 2013 par Le MRAP - Open-Publishing
2 commentaires

Les députés examinent jeudi 16 mai une proposition de loi, à
l’initiative des députés du Front de gauche, visant à supprimer le terme
litigieux de « race » figurant dans une soixantaine de textes
législatifs, comme cela avait déjà été proposé en 2003.

Le MRAP, qui, depuis sa création et plus spécialement depuis la loi de
1972 contre le racisme, explique, notamment dans ses interventions
scolaires, qu’il n’y a qu’une race, la race humaine, se réjouit de cette
initiative. C’est au nom de la prétendue existence de « races » que les
crimes les plus monstrueux ont été commis dans l’histoire de l’humanité
parmi lesquels l’esclavage et les exterminations massives et planifiées
d’hommes, de femmes, d’enfants. Comme le disait le généticien Albert
Jacquard : « Compte tenu des implications biologiques que tant d’écrits,
de doctrines et de politiques ont accroché, de façon indélébile, au mot
“race”, ne serait-il pas prudent de l’éliminer, comme on le fait d’un
outil inutile et dangereux ? »

Comme l’ont écrit les députés Front de Gauche dans l’exposé des motifs
de leur proposition de loi : « En supprimant la catégorie juridique de « 
races » nous cesserions de donner une légitimité juridique aux
idéologies racistes et nous affirmerions, enfin, qu’elles s’appuient sur
un concept qui n’a aucun fondement scientifique. »

Certes, la portée de ce vote sera purement symbolique : la suppression
du mot « race » n’entrainera malheureusement pas la disparition du « 
racisme ».

Aujourd’hui, alors que vient de s’achever un quinquennat au cours duquel
la stigmatisation, la xénophobie et le racisme se sont exprimés au plus
haut niveau de l’État , alors que le concept de race revient en force
dans certains discours extrémistes, la flambée du racisme et de la
xénophobie a pris des proportions inquiétantes : 69 % des Français
estiment qu’il y a trop d’immigrés (+22 % par rapport à 2009), le
rapport de la CNCDH indique une hausse des menaces et actes racistes de
23 %. Des thèses racialistes se développent.

Le combat contre toute forme de racisme est avant tout un combat pour
l’arrêt de la stigmatisation de catégories de personnes, Roms,
immigrés... et un combat pour l’égalité des droits. L’existence sur le
sol français d’hommes, de femmes sans droits, sans reconnaissance ne
peut que prêter le flanc aux thèses racistes.

Pour le MRAP, la lutte contre le racisme passe par une vigilance de tous
les jours et par la régularisation de tous les sans papiers, l’ accès
des Roms à tous leurs droits de citoyens européens. Elle passe aussi par
le droit de vote et d’éligibilité reconnus pour tous les étrangers
vivant sur le territoire français qu’ils soient ou non européens et plus
généralement par l’accès à l’égalité des droits pour tous les résidents.

Messages

  • L’ Assemblée nationale supprime le mot "race" de la législation

    L’Assemblée nationale a adopté, jeudi 16 mai, une proposition de loi du Front de gauche supprimant le mot "race" de la législation française. La majorité PS s’est ralliée à cette proposition, soulignant qu’il s’agissait d’"une première étape". François Hollande s’était en effet engagé pendant la campagne présidentielle à supprimer ce terme de la Constitution.

    Le texte, débattu dans le cadre d’une "niche" parlementaire réservée aux propositions du Front de gauche, se propose donc de supprimer le mot "race" du Code pénal, du Code de procédure pénale et de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Le rapporteur de la proposition, Alfred Marie-Jeanne, a fait valoir que le mot "race", "ce concept aberrant, ayant servi de fondement aux pires idéologies, n’a pas sa place dans notre ordre juridique".

    Pour ne pas risquer de faire tomber l’incrimination de racisme, les députés socialistes ont fait adopter un amendement affirmant explicitement, dans l’article premier, que "la République combat le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Elle ne reconnaît l’existence d’aucune prétendue race". Pour le député PS Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des lois, la suppression du mot dans la législation "n’est qu’une première étape".

    A l’Elysée, on a récemment assuré que la promesse de François Hollande n’était "pas enterrée", mais qu’elle ne pouvait être insérée dans la première révision constitutionnelle, prévue pour le 22 juillet.

    TARDY (UMP) : "ON OUVRE UNE BOÎTE DE PANDORE"

    La garde des sceaux, Christiane Taubira, a salué "un acte nécessaire, noble, fort, dans une période où l’on voit une résurgence, une désinhibition du rejet de l’autre". "Le message est bienvenu", a-t-elle dit. Jean-Frédéric Poisson (UMP), avant d’annoncer que "personnellement" il s’abstiendrait, a pour sa part déclaré : "Evidemment, votre proposition a du sens (...), mais supprimer ce mot dans la législation sans l’éliminer dans le bloc constitutionnel pose un problème juridique." Il a aussi soulevé la question sémantique du remplacement du mot. "Vous proposez ’origine’ ou ’ethnie’, mais je ne suis pas sûr que ce soit satisfaisant."

    Lionel Tardy (UMP), qui s’est prononcé contre, a pour sa part dénoncé "une démarche qui aboutit aux idéologies totalitaires". "On ouvre une boîte de Pandore, (...) les juges ont assez de travail comme ça !" "On ne change pas la réalité en changeant les mots", a-t-il ajouté, avant de lancer : "Vous gaspillez beaucoup de temps et d’énergie pour des chimères." Philippe Gomes (UDI) a voté pour le texte, même s’il a émis des doutes : "Pensez-vous que supprimer un mot fera s’envoler la peste brune de la haine ordinaire ?" D’autres députés UDI se sont abstenus, jugeant que le texte risquait d’affaiblir l’appareil juridique existant pour lutter contre le racisme.

    Comme ses collègues de la majorité, l’écologiste Sergio Coronado a salué "une première étape". "Il faut débarrasser notre législation de ce terme", a-t-il dit.

    http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/05/16/l-assemblee-nationale-supprime-le-mot-race-de-la-legislation_3272514_823448.html

    • tout ça laisse perplexe. déjà la création d’un délit pour ce qui plus un sentiment -comme la haine- qu’une opinion, aurait du rendre mal à l’aise les défenseurs de la liberté d’expression
       : le racisme ,même si on peut changer ,est en nous ; il est universel et il suffit d’un rien pour qu’il nous possède. on ne peut le combattre en l’ignorant, et sans faire sa propre autocritique.
      maintenant si la suppression d’un mot devenait une des solution au problême, alors je dis BRAVO ! on devrait essayer avec le mot C.. pour éradiquer la C.NNERIE.