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Sur la fièvre anti-terroriste en Belgique et l’opportunisme du PTB
Publie le mardi 21 mars 2006 par Open-PublishingCi-dessous, un article publié dans l’hebdomadaire turc de gauche « Yürüyüs » (La Marche, n° 44, 19 mars 2006, p. 37, http://www.yuruyus.com) concernant le communiqué du PTB relatif au procès du DHKP-C à Bruges.

Photo : quelque 3000 sympathisants du DHKC (Front révolutionnaire de libréation du peuple) ont défilé le 12 mars 2006 dans le quartier de Gazi à Istanbul pour commémorer le 11e anniversaire du massacre perpétré par les escadrons de la mort et la police dans le quartier (17 morts dont 7 militants du DHKC).
L’accès de fièvre anti-terroriste de la bourgeoisie belge et l’opportunisme du PTB
Quelques jours après le verdict du procès du DHKP-C traité par le Tribunal correctionnel de Bruges, le Parti du Travail de Belgique (PTB) a publié dans la précipitation un communiqué de trois lignes signé par le secrétaire général Baudoin Deckers qui disait ceci :
"Le PTB désapprouve entièrement les actions violentes commises par le DHKP-C en Turquie ces dernières années. Il ne peut donc nullement être question de « soutien du PTB au DHKP-C ».
Tout autre chose est que le PTB estime que les peines de prison lourdes sont tout à fait disproportionnées par rapport aux faits incriminés. Le procès a démontré qu’aucun des condamnés n’a commis le moindre acte terroriste en Belgique ni n’en avait même l’intention (...). (Communiqué du 2 mars 2006)
Manifestement, le PTB a trouvé impératif de répondre de cette manière à une radio locale qui avait affirmé que « le DHKP-C est soutenu en Belgique par le PTB".
Nous sommes en droit de nous questionner sur l’origine de cette inquiétude.
Pourquoi donc une telle panique ? Mesdames et messieurs les dirigeants du
PTB : Pourquoi tant d’empressement à vouloir prouver à votre bourgeoisie que vous ne soutenez pas le DHKP-C ?
Gardez votre calme.
Il arrive que des organisations révolutionnaires ou patriotiques soient victimes d’atrocités, de persécutions mais aussi de machinations policières.
Cela fait d’ailleurs plusieurs décades que l’on s’attaque aux révolutionnaires en recourant à la rhétorique anti-terroriste.
En Belgique, cela semble être nouveau.
Seulement voilà, vous n’avez pas encore cuit dans le feu de la lutte des classes que déjà, vous prenez panique face aux premières turbulences.
Mettons les principes marxistes-léninistes de côté, au lieu d’accomplir les devoirs que tout démocrate ordinaire est sensé assumer, vous vous permettez de décrier le DHKP-C et même de l’accuser de terrorisme.
Vous ne semblez pas bien vous en rendre compte mais demain, soyez-en sûrs, la tempête anti-terroriste ne vous ratera pas. Car pour la bourgeoisie en Belgique, les progressistes et révolutionnaires belges sont des cibles bien plus fondamentales que nous.
Doit-on vous rappeler que la violence des marxistes-léninistes n’est que légitime défense et forme de résistance ?
Doit-on vous rappeler que les fauteurs de violence qui ne laissent d’autres choix aux marxistes-léninistes que de recourir à la violence sont nuls autres que la bourgeoisie et ses forces armées ?
Comme le disait Engels, ce sont “Messieurs les bourgeois” qui ont tiré les premiers, n’est-ce pas. Vous connaissez les paroles des maîtres marxistes et vous conviendrez qu’il serait superflu de faire ici l’inventaire des violences que la bourgeoisie fait endurer aux peuples.
Il vous incombe en tous cas de réfléchir sur le sens que la bourgeoisie donne au concept de « terrorisme ».
Franchement, vous rendez-vous compte de ce que vous dites lorsque vous condamnez les actions violentes du DHKP-C et que vous lui attribuez des “actes terroristes ” ?
N’êtes-vous pas gênés d’utiliser le vocabulaire de vos ennemis ? Vous rendez-vous compte que vous proférez les mêmes accusations que le Tribunal correctionnel de Bruges à notre encontre ?
La terminologie que vous utilisez n’est pas celle des marxistes-léninistes.
Même s’ils n’approuvent pas la lutte armée menée par des révolutionnaires confrontés aux massacres, à la torture, aux enlèvements et aux exécutions, les marxistes-léninistes savent au moins éprouver du respect. Et il est d’ailleurs de leur devoir de défendre la légitimité de cette lutte armée, face à la bourgeoisie, sans pour autant qu’elle soit leur propre forme de lutte.
Que signifient « terrorisme » et « violence » ? Que combattez-vous et que défendons-nous ? Tous ces sujets, nous sommes prêts à en débattre avec vous face à la population belge.
Face à qui cherchez-vous à faire vos preuves ?
Avec un tel esprit, vous ne pourrez jamais diriger la lutte des classes. Vous ne pourrez jamais résister à l’impérialisme et à la bourgeoisie monopoliste.
Comment voulez-vous que les travailleurs belges fassent confiance à un parti qui panique au moindre coup de gueule de la bourgeoisie ?
L’opportunisme est partout pareil. Le moindre saut d’humeur de la bourgeoisie suffit à faire chanceler les opportunistes. Cependant, si le Parti du Travail de Belgique veut rester crédible auprès des peuples et des organisations révolutionnaires, il a tout intérêt à modifier ses opinions et son attitude et à adopter une approche autocritique. Ce n’est pas à la bourgeoisie qu’il doit faire ses preuves mais bien à sa propre population, aux peuples opprimés et à leurs organisations d’avant-garde.