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Sur les résultats nationaux LCR-LO

Publie le dimanche 28 mars 2004 par Open-Publishing

Résultats des listes LCR-LO

Là, et bien là

Si les résultats des listes de l’extrême gauche aux élections régionales de
2004 peuvent être ressentis comme décevants, avec 4,58 % des suffrages, ils
n’en marquent pas moins la stabilité et la consolidation d’un électorat de
la gauche révolutionnaire.

"Mais qu’est ce que ça veut dire ? Vous parlez comme de vieux routiers de la politique qui comptent frénétiquement leurs voix. Et même si vous aviez 20% qu’est ce que ça changerait... vous seriez prêts à participer àn gouvernement ? Ne dites pas tout de suite non... regardez Lula au Brésil. D’accord, vous commencez a avoir quelques fondations, mais l’ensemble de l’édifice, vous en avez une idée ? QUI ? Comment ? Avec quel matériau ?"

Depuis dimanche soir, la plupart des commentateurs considèrent le score national de l’alliance LO-LCR comme la " défaite d’une stratégie",un
"recul", "un échec" ou, au mieux, un "plafonnement".

"Ca c’est vrai... il y a arithmétiquement un recul quoique vous en pensiez... mais là n’est pas le problème . Le problème c’est que vous donnez une importance colossale à un épiphénomène, du moins qui devrait être considéré comme tel par des révolutionnaires... l’élection."

Les mêmes au demeurant
qui, à l’automne dernier, démontraient à longueur de colonnes les capacités
de l’extrême gauche à dépasser les 10 % et " à faire perdre la gauche ". Nos
scores confirment la permanence d’un vote radical, anticapitaliste,
exprimant les aspirations des dernières grèves et des derniers mouvements
sociaux.

"Ca c’est vous qui le dites... je me méfierai de la "qualité" des votes... là aussi vous donnez une importance incroyable à l’acte électoral... ce qui me fais dire que vous êtes sur la mauvaise pente."

En ce sens nos voix ont participé (oui pour 4,58% - félicitation) de la sanction qui a frappé le
gouvernement Raffarin tout en affirmant son indépendance vis-à-vis de
l’orientation de la direction du PS.

"Oui, il était temps... je me souviens de l’époque où vous vous désistiez systématiquement pour la gauche... ceux qui disez le contraire étaient irresponsables... aujourd’hui c’est juste puisque c’est vous qui le dites."

Il y a six ans, dans le cadre d’un scrutin proportionnel à un tour, LO et la
LCR avaient obtenu une trentaine d’élus dans dix régions. Avec un score
comparable à celui de l’élection régionale de 1998, nous n’aurons plus
d’élus. La double modification antidémocratique menée d’abord par le
gouvernement Jospin puis amplifiée et empirée par Sarkozy a organisé un
scrutin à deux tours en fixant un seuil de 10 % pour obtenir, au second
tour, des élus. Une réforme présentée comme un rempart contre le FN, qui n’a
pas empêché celui-ci d’être présent au second tour dans 17 régions. Une
réforme qui a focalisé les esprits sur un cap symbolique difficilement
franchissable dans les rapports de force présents.

"Vous avez tout à fait raison... mais ça vous étonne ? Mais une fois encore, l’essentiel est-il dans ces grenouillages... aussi sordides soient-ils ? Si oui vous êtes tombé (politiquement) bien bas."

Dans le même sens, la
comparaison avec les scores établis lors du premier tour de l’élection
présidentielle, a créé un effet trompeur. L’élection régionale, couplée aux
élections cantonales, a ses propres logiques et contraintes. Beaucoup de
listes de gauche, comme celles du PCF, se sont appuyées sur un ancrage
municipal et cantonal pour mobiliser les électeurs, ancrage dont nous ne
bénéficions pas.

"Oui mais qu’est ce que vous en avez à foutre, c’est de la cuisine électoraliste ! ! ! ! ! "

Si l’abstention a effectivement baissé de quelques points, elle touche
encore quatre électeurs sur dix, notamment les jeunes et les classes
populaires touchés par la crise, le chômage, la misère... S’ils peuvent être
sensibles à nos propositions - nous l’avons senti dans notre campagne -
certains n’ont pas jugé utile de voter pour nos listes.

"Ca c’est intéressant... et pourquoi ?"

Au total celles-ci ont recueilli 1 078 447 voix. C’est plus qu’aux dernières
élections régionales et européennes, mais évidemment moins qu’à la
présidentielle de 2002. En 1998, les listes LCR ou LO avaient recueilli 4,40
% des suffrages. En 2004, nous en obtenons 4,58 %. Six listes dépassent les
5 % : Nord, Picardie, Centre, Pays-de-la-Loire, Haute-Normandie et Limousin,
qui, avec 6,61 %, réalise le meilleur résultat. Deux régions se situent à
moins de 3,5 % : l’Alsace et la région Paca, particulièrement sinistrées par
les scores du FN. En Île-de-France, notre liste obtient 4 %, moins qu’en
1998 où le PCF était allié au PS et aux Verts. Dans la plupart des régions,
nous frisons la barre des 5 %, comme en Champagne-Ardenne ou en
Midi-Pyrénées.
La situation est beaucoup plus contrastée lorsqu’on observe nos résultats à
l’échelle départementale : plus du tiers des départements (37) enregistrent
des scores au-dessus de 5 % avec des pointes à 7,49 % dans la Sarthe et à
7,41% dans la Haute-Vienne. C’est en revanche dans le Var et les
Alpes-maritimes (respectivement 2,58 % et 1,97 %) que les résultats sont les
plus bas.
Il restera également à examiner à l’échelle communale les disparités
existantes mais nous manquons, à cette heure, d’éléments pour une analyse
plus fouillée, notamment sur les résultats des listes que nous avons
soutenues en Corse ou dans les départements et territoires d’outre-mer.
Des chiffres qui ne traduisent pas toujours l’ampleur de la campagne, la
taille des meetings, l’écho rencontré par nos idées, qui sont des points
d’appui pour les luttes et les échéances à venir.

"Ces derniers commentaires ne présentent pas l’ombre du moindre intérêt dans une perspective de changement social. L’importance que vous y apportez me fait craindre que vous êtes devenus de vrais politiciens, des boutiquiers de l’action politique. Gaffe ! Vous ne vous en rendez pas compte mais vous vieillissez mal ! ! ! ! "

Patrick MIGNARD

Pierre-François Grond et Guillaume Liégard