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Syrie : les Etats-Unis auraient caché qu’un groupe djihadiste avait accès au sarin

Publie le mardi 10 décembre 2013 par Open-Publishing
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Un journaliste américain renommé accuse l’administration Obama d’avoir caché que le Front Al-Nosra pouvait produire du gaz sarin, pour mieux blâmer le régime syrien. Les autorités américaines estiment que l’accusation n’est pas étayée.

Les Etats-Unis savaient que les jihadistes du Front Al-Nosra sont capables de produire du gaz sarin mais ont ignoré ces renseignements pour mieux accuser le régime syrien dans l’attaque chimique du 21 août, dénonce un journaliste américain.

Dans un long article publié par la London Review of Books, Seymour Hersh -récompensé dans le passé pour sa couverture du massacre de My Lai pendant la guerre du Vietnam ou encore celle du scandale de la prison d’Abou Ghraïb en Irak- accuse l’administration Obama de « manipulation délibérée du renseignement » dans l’affaire des armes chimiques syriennes.

Des responsables de l’administration ont fait part de leur scepticisme devant cet article que des journaux américains auraient refusé de publier car ils le jugeaient insuffisamment étayé.

Sans aller jusqu’à affirmer que le régime de Bachar al-Assad n’est pas responsable de l’attaque chimique du 21 août dans la banlieue de Damas, Seymour Hersh soutient que Washington a « sélectionné » les informations à sa disposition et passé d’autres sous silence, notamment celles selon lesquelles un groupe de l’opposition syrienne, le Front Al-Nosra, a les moyens techniques pour produire de grandes quantités de gaz sarin.

Rapport top-secret

Il évoque notamment un rapport top-secret de quatre pages remis le 20 juin à un haut-responsable de la DIA, l’agence chargée du renseignement militaire, confirmant de précédents rapports sur les capacités d’Al-Nosra, notamment grâce à un de ses membres, Ziyaad Tarik Ahmed, un ancien militaire irakien spécialiste des armes chimiques.

« Les renseignements indiquaient clairement que le régime Assad et seulement lui pouvait être responsable de l’attaque à l’arme chimique du 21 août », a maintenu lundi la Direction du renseignement national (ODNI), qui chapeaute les diverses agences de renseignement du pays, dont la DIA.

« Il n’y a pas d’indice à l’appui des allégations de M. Hersh allant dans un sens opposé et la suggestion qu’il y a eu une manoeuvre pour supprimer des renseignements est simplement fausse », a affirmé à l’AFP le porte-parole de l’ODNI, Shawn Turner.

Selon Seymour Hersh, l’administration Obama n’avait pas repéré de signe avant-coureurs d’une attaque malgré la présence de détecteurs à proximité des sites chimiques du régime. Et les accusations de Barack Obama le 10 septembre ne s’appuyaient selon lui pas sur des renseignements interceptés en temps réél mais sur une analyse des communications a posteriori.

Accuser le régime Assad

« Ce n’était pas une description des événements spécifiques qui ont mené à l’attaque du 21 août, mais le détail d’un processus que l’armée syrienne aurait suivi pour n’importe quelle attaque chimique », avance le journaliste.

Le 10 septembre, dans une allocution solennelle, le président américain avait détaillé les preuves de l’implication du régime.

« Nous savons que le régime Assad est responsable. Dans les jours qui ont précédé le 21 août, nous savons que les personnels chargés des armes chimiques d’Assad préparaient une attaque près d’une zone où ils assemblent le gaz sarin. Ils ont distribué des masques à gaz à leurs hommes », avait-il notamment soutenu.

http://www.liberation.fr/monde/2013/12/09/syrie-les-etats-unis-auraient-cache-qu-un-groupe-djihadiste-avait-acces-au-sarin_965269

Messages

  • Et faut pas oublie la "presse au service du capital européen...

    Syrie : Paris et Londres affirment avoir des preuves de l’utilisation de gaz sarin

    Malgré les preuves de l’utilisation de gaz sarin en Syrie, Paris s’abstiendra d’une intervention militaire ciblée pour détruire les stocks d’armes chimiques. "Il n’y aura pas de décision unilatérale et isolée de la France […]. C’est désormais la communauté internationale qui est saisie", a déclaré Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement lors de son compte rendu hebdomadaire du conseil des ministres.

    Après Paris, Londres s’est dit convaincu, mercredi 5 juin, de l’utilisation de gaz sarin dans le conflit syrien par le régime de Bachar Al-Assad."Nous avons obtenu des échantillons physiologiques de Syrie qui ont été testés" en Angleterre, et "les substances obtenues en Syrie ont révélé la présence de gaz sarin", a déclaré un porte-parole du gouvernement britannique, qui a ajouté : "Selon nos estimations, l’utilisation d’armes chimiques en Syrie est très probablement du fait du régime" de Damas.

    Le Royaume-Uni n’a pas "à ce jour de preuve de l’utilisation par l’opposition" syrienne d’armes chimiques. "L’utilisation d’armes chimiques est un crime de guerre", a encore dit ce porte-parole, rappelant que Londres demandait au président Assad d’accorder "aux enquêteurs de l’ONU un accès immédiat et sans restriction" au territoire syrien.

    "Nous sommes certains que le gaz sarin a été utilisé, nous avons nous-mêmes nos échantillons, nous pensons que c’est très probable que l’utilisateur, c’est le régime syrien, mais nous ne sommes pas au stade de dire que c’est sûr, a dit, mercredi, Peter Ricketts, ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris, sur Europe 1. Il y a une enquête de l’ONU en cours ; maintenant, il faut absolument aller sur le terrain en Syrie pour amasser les preuves. […] Nous pensons que c’est très probable que c’est le régime syrien. Maintenant, c’est aux enquêteurs de travailler, c’est une question extrêmement grave et préoccupante."

    Mardi, le ministre des affaires étrangères français, Laurent Fabius, a assuré dans un communiqué, que, selon des analyses françaises, du gaz sarin a bien été utilisé "avec certitude à plusieurs reprises et de façon localisée" en Syrie. Pour étayer ses affirmations, le ministre se prononce sur la base de deux séries de prélèvements réalisés en Syrie. Ceux rapportés par des journalistes du Monde de la région de Damas montrent la présence d’acide isopropyle et méthylphosphonique (métabolite de sarin) dans les urines de trois victimes.

    Invité de la chaîne de télévision France 2, M. Fabius a assuré qu’une "ligne" avait été franchie, sans pour autant infléchir sa position sur une éventuelle intervention. "Nous ne voulons pas l’impunité, mais il ne faut pas bloquer la conférence de paix de Genève", prévue pour juillet, a-t-il ajouté. Interrogé sur l’hypothèse d’un bombardement ciblé des lieux de stockage d’armes chimiques, il a répondu : "Nous n’en sommes pas là." M. Fabius s’est également refusé à accélérer la livraison d’armes aux rebelles syriens, bloquée jusqu’au 1er août.

    La substance en question, qui est le résidu du gaz sarin laissé dans le corps, a été identifiée par quatre techniques d’analyse, selon les résulats confidentiels, que Le Monde a pu consulter, réalisées par le centre de recherches du Bouchet, dépendant de la délégation générale pour l’armement (DGA). Les échantillons sanguins, eux, n’ont pas pu être exploités.

    Comme l’indiquait notre journaliste Jean-Philippe Rémy dans un chat à son retour de reportage, il convient de préciser qu’"aucun laboratoire indépendant ne traite des questions d’armes chimiques. Tous sont liés au gouvernement du pays dans lequel ils se trouvent". Les échantillons ne pouvaient donc être confiés qu’à un seul laboratoire en France.

    Les prélèvements réalisés à Saraqeb sont probants

    Les prélèvements réalisés à la suite de l’attaque par un hélicoptère gouvernemental à Saraqeb (province d’Idlib), dans le nord du pays, le 29 avril, sont encore plus probants. Le métabolite de sarin a été identifé dans les urines d’une victime, et du sarin régénéré (c’est-à-dire à l’état pur), dans le sang de deux autres victimes, dont l’une à une concentration élevée (9,5 nanogrammes/millilitre).

    Les prélèvements de Saraqeb concernent cinq victimes, dont l’une est morte : ils ont été effectués par l’équipe soignante d’un hôpital de la région d’Idlib et transmis aux services français le 4 mai, avant d’arriver au laboratoire le 9 mai. Selon les experts, les prélèvements sanguins sont impossibles à falsifier, contrairement aux urines, qui peuvent éventuellement être manipulées.

    Autant l’origine de l’attaque chimique n’est pas possible à établir avec certitude à Djobar, autant celle de Saraqeb ne semble faire aucun doute, en raison de la présence d’un hélicoptère de l’armée qui avait largué des sous-munitions chargées de gaz toxiques. Sur ce deuxième cas, Laurent Fabius a assuré sur France 2 qu’il ne fait "aucun doute que c’est le régime qui est en cause".

    Résultats transmis à l’ONU

    M. Fabius précise qu’il a remis les résultats des analyses mardi matin au Pr Ake Sellström, chef de la mission d’enquête mise en place par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et chargée d’établir les faits sur les allégations d’emplois d’armes chimiques en Syrie. Les analyses ont été réalisées par un laboratoire français désigné par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Selon une source diplomatique, Paris a par ailleurs informé ses partenaires et homologues américains, britanniques, russes et européens.

    Plus tôt dans la journée, la commission d’enquête de l’ONU sur le conflit a indiqué, sur la base d’entretiens avec des victimes, du personnel médical et d’autres témoins qu’"il y a des motifs raisonnables de penser que des quantités limitées de produits chimiques ont été utilisées".

    Les enquêteurs des Nations unies font état de quatre événements : à Khan Al-Assal, près d’Alep, le 19 mars, à Uteibah, près de Damas, le 19 mars, dans le quartier de Cheikh Maksoud, à Alep, le 13 avril et dans la ville de Saraqeb le 29 avril.

    Soupçons depuis plusieurs mois

    Des soupçons sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie circulent depuis plusieurs mois. Après une demi-douzaine d’incidents dans lesquels le régime syrien était fortement soupçonné d’avoir eu recours à des armes non conventionnelles, des vidéos postées par des militants avaient ravivé les doutes sur l’utilisation d’armes chimiques dans la localité de Saraqeb.

    Mais c’est dès janvier que la question de l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien avait été posée, quand les conclusions d’une enquête menée par les services de renseignement de l’ambassade américaine en Turquie, à propos d’un incident à Homs le 23 décembre 2012, avaient fuité dans la presse.

    Au cours de ces derniers mois, les envoyés spéciaux du Monde en Syrie ont également pu être témoins d’attaques chimiques contre les rebelles. Notre photographe a filmé une attaque, a recueilli le témoignage des combattants et a rencontré des médecins qui ont soigné des victimes des gaz.

    Armes chimiques : "ligne rouge" depuis 2012

    Depuis le début du conflit en Syrie, le 15 mars 2011, Washington et ses alliés ont l’œil rivé sur l’important arsenal d’armes non conventionnelles que Damas est suspectée d’avoir constitué pour tenter de réduire l’écart, qui n’a cessé de se creuser, avec l’armée israélienne en matière de moyens militaires, après la guerre de 1973.

    Dès le 20 août 2012, après l’annonce par le Wall Street Journal de la possibilité que ces armes chimiques soient déplacées, Barack Obama avait déclaré que "le moindre mouvement ou emploi d’armes chimiques" en Syrie entraînerait "d’énormes conséquences" et constituerait une "ligne rouge" pour les Etats-Unis. La mise en garde s’adressait "au régime d’Assad, mais aussi à d’autres acteurs sur le terrain", avait précisé le président américain, soutenu peu après par le premier ministre britannique.

    Quelques jours plus tard, François Hollande avait à son tour déclaré que l’usage d’armes chimiques par le régime syrien serait une "cause légitime d’intervention directe" de la communauté internationale.

    Malgré les preuves fournies par la France, la Maison Blanche a toutefois annoncé mardi 4 juin qu’il fallait "augmenter le faisceau des preuves en notre possession avant de prendre une décision", repoussant encore une fois l’éventualité d’une intervention des Etats-Unis en Syrie.

    Qu’est-ce que le sarin ?

    Produit en quantités énormes par l’Union soviétique et les Etats-Unis après la seconde guerre mondiale, le gaz sarin est utilisé comme arme chimique. "La France conduisait des essais sur le terrain en Algérie, même pendant la guerre d’Algérie", indique John Hart. Il a été étiqueté comme arme de destruction massive par les Nations unies en 1991, par la résolution 687.

    Il fait partie des armes et munitions stockées par certains pays : la France, par exemple, en a immergé une certaine quantité, noyée dans du béton, au large d’Ouessant. En 1995, ce gaz a été utilisé lors d’un attentat dans le métro de Tokyo, au Japon, par la secte japonaise Aum, faisant treize morts et plus de six mille blessés.

    Substance inodore, incolore et volatile, le sarin passe facilement la barrière des poumons et est absorbé par la peau, d’où il passe directement dans le sang. Quand il ne tue pas, il attaque le système nerveux humain et laisse de graves séquelles.

    Le Monde.fr, avec Christophe Ayad

    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2013/06/04/laurent-fabius-confirme-l-utilisation-de-gaz-sarin-en-syrie_3424140_3218.html