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Taxe carbone : moyen le plus efficace de lutte contre le réchauffement climatique ?
Publie le vendredi 11 décembre 2015 par Open-Publishing2 commentaires
La COP21 touche bientôt à sa fin, en ayant enfoncé beaucoup de portes ouvertes, brassé des paquets de vent, mais sans avoir répondu à cette question primordiale : faut-il oui ou non taxer les émissions de carbone afin de les réduire ? Un serpent de mer que nos dirigeants seraient inspirés de saisir enfin par la queue, puisque comme le rappelle Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, à l’heure actuelle « 60 % des émissions carbone ne sont sujettes à aucun prix, quel qu’il soit ». On appelle ça un scandale, et le secteur de l’aluminium en est une bonne illustration.
Comme s’évertuent à le répéter Philippe Chalmin et Yves Jégourel, chercheurs spécialistes des marchés de matières premières, « la seule contrainte qui orienterait enfin l’humanité vers un avenir climatique plus favorable serait de donner au CO2 un prix suffisamment élevé pour inciter les industriels à modifier leur mix énergétique ». Et ils ont raison. Seule l’instauration d’une taxe carbone pousserait les entreprises à investir dans des technologies plus vertes et motiverait des évolutions technologiques majeures.
La question aurait dû être au centre des conversations lors de cette COP21, d’autant qu’elle est actuellement la seule à créer un réel consensus parmi de nombreux spécialistes réputés (notamment le prix Nobel Jean Tirole), des dirigeants internationaux (dont François Hollande) des chefs d’entreprises et même la Banque mondiale et le FMI. Pour Christine Lagarde, une telle mesure aurait en effet d’évidentes vertus écologiques, mais pas seulement : « Les ministres des finances cherchent des sources de revenus, c’est le propre des ministres des finances qui ont toujours besoin de matelas de sécurité pour combattre la prochaine crise » a-t-elle fait valoir avant de résumer sa position dans une phrase aussi surprenante que lapidaire : « C’est simplement le bon moment pour introduire une taxe carbone ».
En donnant un prix au carbone, l’idée est bien de faire payer ceux qui émettent. C’est le principe du pollueur-payeur, seul moyen de responsabiliser les pollueurs et de les inciter à limiter leurs émissions en investissant dans des énergies moins polluantes. Si, comme ils n’ont cessé de le dire depuis des semaines, les négociateurs de la COP21 ont véritablement l’intention de trouver des accords universels ambitieux, pourquoi cette question n’a-t-elle pas fait davantage de vagues ces deux dernières semaines ? Sont-ils convaincus que les industriels se détourneront eux-mêmes des énergies polluantes, sans y être incités par un mécanisme contraignant ? Une chimère ! L’exemple de la production d’aluminium le prouve.
L’aluminium, responsable à lui seul de 1 % des émissions de gaz à effet de serre
L’aluminium est désormais le métal le plus consommé dans le monde après le fer, mais il est aussi le plus énergétivore : une tonne d’aluminium consomme en moyenne 14 000 kilowattheures (kWh). Si dans certains pays, notamment la France, la Suisse, la Norvège, le Canada et la Russie, la majeure partie de l’électricité nécessaire à la production d’aluminium primaire est générée par des moyens hydrauliques, en Chine, premier exportateur mondial du métal, 90 % de l’électricité utilisée dans le cadre de la production primaire d’aluminium provient du charbon. Une donnée qui suffit à elle seule à rendre l’aluminium responsable de 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En attribuant un prix au carbone, le prix de revient chinois se trouverait fortement augmenté, ce qui encouragerait le géant asiatique à opérer un changement de stratégie dans sa production d’aluminium, pour privilégier les énergies sobres.
Si les pays du Nord ont une responsabilité historique dans le réchauffement climatique, les pays émergents devront eux aussi contribuer à la diminution des émissions de gaz à effet de serre, notamment en s’engageant sur des plans de développement moins intensifs en carbone. Une fois n’est pas coutume, il faut donner raison à Mme Lagarde et autres décideurs internationaux : c’est assurément le bon moment pour introduire une taxe carbone !
Messages
1. Taxe carbone : moyen le plus efficace de lutte contre le réchauffement climatique ?, 11 décembre 2015, 20:12, par JO
Oh !LALA ! Qui paiera ? Le lampiste ,les salariés et pensionnés qui ne peuvent échapper aux prélèvements d’office : trop facile, ils paieront ! Déjà bien abreuvés de taxes, environ 30% sue les salaires bruts, 10% sur les pensionnés et retraités Les multinationales, le patronat, tous ceux vivant avec l’argent gagné en dormant ? Vous ne pouvez pas, impensable d’opter pour eux, ce serait de la spoliation selon un langage bien bourgeois ! Et vous seriez catalogués de rêveurs, d’utopistes ! C’est ainsi que sont visés, les Révolutionnaires, les Progressistes !
2. Taxe carbone : moyen le plus efficace de lutte contre le réchauffement climatique ?, 12 décembre 2015, 15:02
Pour l’aluminium, les capitalistes ont trouvé dans l’Islande une variable de gain suffisamment importante pour y délocaliser un bonne partie de leurs productions.