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Témoignage d’un Lyonnais, blessé après grenadage (autre vidéo violences policières)

par nazairien

Publie le samedi 18 juin 2016 par nazairien - Open-Publishing
4 commentaires

tir tendu

grenadage

charge brutale

https://www.youtube.com/watch?v=zoWBZ8qqEKs

Publié le 18 juin 2016

Témoignage d’un lyonnais blessé à Paris le 14 juin : les grenades peinent à entamer ma détermination

http://paris-luttes.info/temoignage-d-un-lyonnais-blesse-a-6208

Le témoignage d’un lyonnais blessé à paris par l’explosion de deux grenades alors qu’il se trouvais seul sur la chaussée.

Paris, le 14 Juin 2016. Je n’ai aucune idée de l’heure à laquelle c’est arrivé. Pour ce qui est du lieu, n’étant pas parisien et je l’avoue un peu perdu du fait de l’acharnement des flics sur la tête de cortège, j’ai un peu de mal à me situer. Après visionnage de quelques vidéos et recoupement de témoignages, ce serait à hauteur de l’église St François-Xavier, peu après le désormais fameux “saccage” de l’hôpital Necker. Pour la énième fois depuis le départ de la manifestation, nous nous fîmes copieusement gazer la gueule et sans vraiment comprendre ce qu’il se passait, je me retrouvais isolé seul au milieu de la route. La plupart des copains s’étaient regroupés sur le trottoir de droite, les flics se trouvant de l’autre côté de la rue.

Le temps de tourner la tête et de m’en rendre compte, une première explosion fait péter un gros bout de bitume devant moi ; j’ai peu de souvenirs nets de ce moment là, excepté celui de ce trou rond dans le sol. Je pense que j’ai commencé à marcher à reculons, assez lentement. Il faut aussi dire qu’à partir de là j’avais les tympans bien atteints, j’avais l’impression d’être sous l’eau, profond. C’est donc là qu’est arrivée la seconde grenade, celle qui a explosé à mes pieds, envoyant des éclats se loger un peu partout dans ma chair. Je n’entendais vraiment plus rien, juste une fréquence très aiguë et j’ai dû avancer en titubant jusqu’au trottoir où les medics m’ont cueilli. Pas de douleur mais une sensation étrange, comme des fourmis dans les jambes et sur le torse.
Ils m’ont fait m’asseoir et effectivement, quand j’ai enlevé ce qu’il restait de mon t-shirt, mon torse était en sang et plein de petites boules de chair gonflée. Je pensais à une grenade assourdissante, tellement la détonation avait été puissante, mais ayant parlé avec pas mal de monde présent à ce moment là, et au vu des bleus que je me tape aujourd’hui, c’était sans doute (seulement) une grenade de désencerclement.

Mille mercis aux medics (je n’ai pas retenu ton prénom mec, mais je retiendrai ton calme et ton attention) qui m’ont fait reprendre doucement conscience et ont arrêté rapidement les saignements.

À tous ceux qui en passant devant moi, lâchaient un petit “Courage”, “Ça va, mec ?” ou même “La putain de sa mèèère”, merci à vous aussi ; j’avais perdu de vue mes potes dans la bataille mais je me suis senti très vite bien entouré.

Au flic qui m’a lancé deux grenades d’affilée dessus, je rappelle tout d’abord quelques règles d’usage : « les DMP ne doivent être employés que dans un cadre d’autodéfense rapprochée »
note du Directeur central de la sécurité publique du 24 décembre 2004 J’étais seul, à au moins dix mètres de toi, statique. Qu’est-ce qui a motivé l’utilisation d’une grenade, si ce n’est la seule volonté de blesser ?

Cette seule volonté de blesser, on l’a constaté de trop nombreuses fois à Paris, ce mardi 14 juin. On ne nous fera plus croire à un hasard, un faux rebond, un feu ami. Cette lutte est désormais inscrite dans ma chair et dans celle de milliers d’autres. Et si cette stratégie vise à nous décourager, ça ne fonctionne pas, mais alors pas du tout.

Portfolio

Messages

  • Autre témoignage, de la personne, qui apportait son aide aux médic, pour soigner et protéger un blessé grave et qui fut matraqué sauvagement .

    http://paris-luttes.info/ce-qu-il-faut-retenir-dans-tout-6178

    Ce jour où tu étais là

    48h après la manif du 14, les images sont toujours bien présentes. Relayées sur les réseaux sociaux mais aussi en boucle dans ma tête. Enfin pas toutes, parce qu’après avoir reçu un coup de matraque sur le crâne, j’ai perdu connaissance. Alors forcément, il y a comme un léger voile, une brume qui se dissipe au fur et à mesure que les témoignages arrivent.

    Ce dont je me souviens me laisse encore un goût de sang dans la bouche avec des arômes de rage et de larmes salées qui mettront du temps à sécher. Je revois ce gars que je ne connais pas, que je n’ai jamais vu mais qui, instinctivement, humainement devient un camarade. Il gît à même le sol. Un trou béant dans le dos. Suffisamment béant pour se dire que là, quelque chose de terrible vient de se produire. Nous sommes quelques unes et quelques uns à le rejoindre, l’estomac noué en nœud de marin. Nous crions. "Médics ! Médics !". Ceux-là, à l’heure où j’écris ces quelques lignes, je les prendrais bien dans mes bras, toutes et tous, les unes après les uns et même les autres si je le pouvais.

    On se laisse guider par les ordres donnés. Des ordres justes. Pas des ordres criminels qui permettent de telles blessures. Des ordres qui vont dans le sens de la vie d’un gars, qui nous parait mort, assassiné par la police. On me demande de faire un point de compression. Je m’exécute. Si j’avais été devant un écran, j’aurais sans doute tourné la tête pour ne pas regarder. Mais là, non. C’est Bizarre. Cette envie commune de lui donner les premiers soins est bien plus forte que la peur qui nous pétrifie sur place. Nos gestes sont coordonnés, peut-être pas au millimètre près, mais ils s’harmonisent les uns avec les autres. Au dessus de nous, ça se resserre et ça piétine. Je lève la tête et je les vois. Ils arrivent en nombre, droit devant le bouclier qui s’était formé autour de nous. Filles et garçons se tiennent par la main. Courageusement et fermement. Ils préviennent. "-Y a un blessé grave, là !". Mais ceux que j’ai vu arriver en nombre s’en foutent. Ils ne sont pas la pour ça. Ils ont des cibles devant leurs yeux et ils les choisissent, impunément. Je me relève, cédant ma place à un autre. Je prends place dans le bouclier. Je croise le regard de l’un deux. Je lui montre la personne qui est au sol en insistant sur le fait que oui, là, c’est chaud.

    Et puis soudainement, tout le monde s’est tu. Plus un bruit. J’ai senti un truc chaud couler le long de mon visage et j’ai vu le sol se rapprocher à une vitesse grand v avant de fermer les yeux pour les ouvrir quelques minutes plus tard

    Il y a des gens au-dessus de moi. Des gens qui me regardent, des gens qui me parlent et qui s’activent à me mettre des compresses sur la tête. Je ne sais pas où je suis ni ce que je fais par terre. J’essaye de répondre aux questions que l’on me pose mais les mots ne veulent pas sortir. Une lacrymo tombe, pas très loin. Suffisamment proche pour me couper la respiration. On me met un masque sur la bouche, on me protège, on m’entoure. C’était sans doute toi, toi et toi aussi. Des visages inconnus et pourtant si bienveillants. Je reviens à moi avec le son qui va avec. Le bruit est assourdissant. Des cris de rage, de désespoir. Et des ordres donnés. Les mêmes ordres justes que je recevais je ne sais plus trop combien de temps avant. Ça m’a paru interminable, conscient du danger autour de moi mais en sécurité grâce à ce petit groupe qui faisait bloc pour me sortir de là.

    Je m’en suis sorti avec un trauma crânien et quelques agrafes. Mais j’en suis sorti avant tout grandi. Et infiniment reconnaissant. Car ce qu’il faut retenir dans tout cela, c’est Vous.

    Vous, ces inconnu(e)s, que l’on ne voit pas, que l’on ne montre pas parce que c’est plus vendeur de montrer des types qui cassent des vitres que de montrer des gens qui peuvent sauver une vie.
    Vous qui, sans sourciller, bravez le danger pour porter secours à la première ou au premier venu qui en aurait besoin.

    Vous, les street-medics, les camarades, les anonymes, les concerné(e)s.
    Vous, qui ne faites qu’un pour faire bloc pour un seul.
    Merci.
    Merci d’avoir été là.
    N’abandonnons pas.

    Gaël

  • Après avoir lu les nombreux témoignages écrits et vidéos sur Bella Ciao qui a constitué un dossier important, merci à eux !... Face à cette violence du pouvoir contre les manifestants le 14 juin 2016, la question que l’on se pose est : Cherchent-ils une guerre civile ? Que peut supporter un peupler comme oppression ? Jusqu’où ira-t-il sans entrer dans une violence encore plus grande ? Nous n’en sommes plus à la polémique des casseurs qui s’est développée les 15 et 16 mai, et a reculé depuis, puisque elle apparaît maintenant comme une manoeuvre du pouvoir pour écraser tout le mouvement de contestation de ces 4 derniers mois ! Le pouvoir du gouvernement actuel veut-il installer une dictature ici en France ? Telle est la question qui se pose maintenant. Dictature molle ou dicatature plus dure... mais une dictature quand même avec le muselage des manifestants et des contestaires, et des syndicats qui sont vraiment dans la revendication sociale. Car c’est cela le fascisme : Ne plus pouvoir manifester en revendiquant des droits sociaux, ne plus pouvoir s’entraider dans les syndicats contre le gouvernement et les patrons... et donc vivre sous la coupe d’un Etat fort que l’on appelle " Etat fasciste ". Les prochaines semaines et les prochains jours vont être décisifs. Chacun se demande jusqu’où aller et ne pas aller. Et c’est le pouvoir qui nous accule à ce dilemme, qui tente de nous diviser entre nous et en nous-même, qui tente de nous affaiblir de l’extérieur et de l’intérieur , qui voudrait se servir de nos divisions pour imposer sa dictature. Jeudi prochain 23 mai 2016 nous dirons non à tout cela : Non au fascisme ! Non aux violences policières ! Non à la peur ! Non à la disparition de nos droits ! Non à la dictature patronale et gouvernementale !

    • 333 333 bagnoles sur le périphérique, de 6h30 à 14h...(3 ou 4 personnes par bagnole).
      A partir de 14h on rentre tous dans PARIS.
      50 points de RDV sans demande d’autorisation de manifester...
      Les passagers descendent des bagnoles n’importe où et déambulent SANS SIGNES DISTINCTIF vers les points de RDV...
      Après : on improvise !!!
      Les bagnoles retournent bloquer le périphérique jusqu’à 21h après avoir déposé leurs passagers + lorsque le périphérique est totalement bloqué : improvisations !
      AUPARAVANT : créer une coordination informelle pour centraliser cette action-là !
      Pour que ça marche il serait préférable que tous les syndicats, associations, coordinations, mouvements, demandent à leurs adhérents de suivre les consignes de la coordination...
      QUAND on VEUT VRAIMENT GAGNER....????

  • Complément d’informations déjà diffusées

    France Un manifestant suisse a été grièvement blessé à Paris. La police est accusée de lui avoir lancé une grenade lacrymogène qui s’est fichée dans sa nuque et a troué sa peau.

    http://mobile2.lematin.ch/articles/5762d620ab5c377835000001

    Une grosse bavure ? La blessure d’un manifestant contre la loi travail est en tout cas proprement ahurissante. L’homme, un Suisse selon diverses sources, était debout, mardi vers 15 heures à Paris, au croisement des boulevards Raspail et du Montparnasse. En quelques secondes, il s’est retrouvé inanimé et transformé en fumigène vivant !

    Il a été touché dans le haut du dos, entre les omoplates, « sans doute par le tir d’une grenade lacrymogène », affirme Mediapart, témoin à l’appui. « Le mec qui était juste derrière moi s’est effondré avec un bruit épouvantable, un « pschitt ». Il avait un truc fiché dans le dos, entre la colonne et l’omoplate, qui faisait énormément de fumée. Quelqu’un le lui a enlevé et il y avait un trou béant dans son dos, son T-shirt avait brûlé. »

    « La bombe lacrymo était enfoncée dans son dos, elle a fait un trou de 5 centimètres de diamètre. Elle a continué à se consumer et à faire de la fumée, elle a fait fondre son T-shirt », détaille « Ben, un photographe très choqué », dans L’Obs.

    Cavité sanglante

    Le résultat, terrible, a été photographié. On voit la cavité sanglante occasionnée près de la nuque. Et le T-shirt rouge estampillé « SUISSE » de la victime. On parle donc bien d’un Helvète ? Préfet de police de Paris, Michel Cadot avait indiqué mercredi qu’on trouve parmi les blessés « cinq Allemands, un Italien et un Suisse ». Porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères, Pierre-Alain Eltschinger « confirme qu’un ressortissant suisse a été blessé lors d’une manifestation à Paris le 14 juin 2016 ».

    « Ça nous a fait flipper »

    « Le manifestant suisse blessé s’appellerait Allan », écrit BuzzFeed News. Ce serait « un étudiant en informatique qui manifestait pour la première fois à Paris ». Ce média a recueilli un témoignage glaçant : « On a vu un CRS pointer son lance-grenades, limite à bout portant, ce qui nous a bien fait flipper. Il a tiré la grenade, on n’a pas vu ce qui s’est passé, mais un gars est tombé devant. »

    La victime se retrouve au cœur d’une grosse polémique. Plusieurs journaux affirment que les autorités ont minimisé ses blessures. Et cherchent à cacher la vérité en indiquant que le malheureux aurait en fait été touché par une fusée lancée par un autre manifestant.

    Deux greffes nécessaires

    Le préfet Cadot avait noté qu’un « projectile » avait « touché sa colonne vertébrale sans atteindre la moelle épinière. Et sans conséquences lourdes pour cette personne. » C’est plus grave, rétorque Mediapart : il souffre « d’une fracture d’une vertèbre et a nécessité une greffe de peau et une greffe de chair ». Une enquête a été ouverte par la police des polices.

    (Le Matin)