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Tirs de flash-ball : prison avec sursis requise contre trois policiers

Publie le jeudi 24 novembre 2016 par Open-Publishing

Jugés à Bobigny devant le tribunal correctionnel, ils avaient blessé six manifestants en 2009. L’un d’entre eux avait perdu un œil. Dix mois à trois ans de prisons avec sursis ont été requis à leur encontre.

Si le tribunal confirme le verdict, le débat sur le flash-ball ne manquera pas d’être relancé. De dix mois à trois ans avec sursis ont été requis contre trois policiers, jugés devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour avoir blessé six manifestants, à Montreuil.

Les faits pour lesquels les prévenus étaient jugés remontent à 2009. Le 8 juillet, vers 22 heures, après un « repas de soutien » à des squatteurs expulsés le matin même d’une clinique désaffectée, plusieurs personnes se dirigent vers le bâtiment évacué. Les forces de l’ordre interviennent pour les repousser. Trois policiers tirent chacun à deux reprises avec leur flash-ball. L’un des manifestants est éborgné.

Trois ans ont été requis contre le principal prévenu, auteur du tir qui a occasionné cette grave blessure. Trois ans d’interdiction professionnelle et cinq ans d’interdiction de port d’armes ont également été requis contre lui. Le parquet a par ailleurs requis dix mois contre les deux autres fonctionnaires, poursuivis pour « violences volontaires » et 18 mois d’interdiction professionnelle et cinq ans d’interdiction de port d’armes.

« Pas un jour sans que j’y pense »

Au cours de l’audience, les policiers ont exprimé leurs regrets : « Il n’y a pas eu une journée depuis sept ans sans que je ne pense à lui », a ainsi pu se confier le principal accusé, évoquant sa victime. « Je suis profondément désolé de ce qui est arrivé, je n’ai pas de mots, c’est horrible qu’une arme ait fait ça », a expliqué un deuxième policier.

Pour justifier leurs tirs, les policiers invoquent la légitime défense, expliquant avoir subi une « pluie de projectiles ». Une version mise à mal par les témoignages de riverains qui ont évoqué un rassemblement « pacifique ». Dans son réquisitoire, le procureur de la République a fait valoir qu’aucune dégradation n’avait été constatée sur place, ni aucune blessure chez les policiers.

Entendus mercredi, deux experts balistiques ont répété leur difficulté à se prononcer sur l’origine des blessures rapportées par les manifestants. Ils ont toutefois pointé « l’imprécision » de cette arme controversée, introduite chez les forces de l’ordre il y a plus de dix ans.

« Je vous demande de condamner des fonctionnaires de police qui ont fait usage de leurs armes, hors de toute situation de nécessité ou de légitime défense […] La société a besoin d’une police qui assure sa sécurité, mais aussi la liberté fondamentale de tous les citoyens », a conclu le procureur. Le procès doit se terminer vendredi.

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/11/24/01016-20161124ARTFIG00240-tirs-de-flash-ball-prison-avec-sursis-requise-contre-trois-policiers.php