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"Touche pas à mon énergie !", (ds 20mn)

Publie le mardi 12 septembre 2006 par Open-Publishing

"Touche pas à mon énergie !", c’est avec ce mot d’ordre que les syndicats tentent mardi de mobiliser la rue contre la privatisation de Gaz de France et sa fusion avec Suez, en organisant dans toute la France arrêts de travail et défilés.

Au moment même où les députés continuent leurs débats houleux à l’Assemblée, aux prises avec des dizaines de milliers d’amendements, les fédérations CGT, FO, CFTC, CFE-CGC et Unsa de l’Energie veulent crier leur opposition à un projet où les usagers seront forcément perdants, affirment-ils.

Plus de cent actions, avec en particulier des manifestations à Paris et à Toulouse, doivent rythmer cette journée contre la fusion programmée de GDF et Suez. Les leaders syndicaux, Bernard Thibault pour la CGT et Jean-Claude Mailly pour FO en tête, en donneront le coup d’envoi en prenant la parole dès 9H00 du matin à la bourse du travail à Paris.

En revanche, la CFDT, hostile à la privatisation de GDF, mais favorable à un rapprochement industriel avec Suez, n’appelle pas à cette journée.

Dans la capitale, une manifestation partira vers 10H00 de la place de la République pour la gare Saint-Lazare. Dans le cortège, gaziers et électriciens côtoieront des militants de la FSU, l’un des premiers syndicats de fonctionnaires, mais aussi le collectif de défense des services publics. En province, arrêts de travail, pétitions, pique-niques "géants" et rassemblements devant les sites de Gaz de France sont annoncés dans plusieurs villes.

Plus symboliques, plusieurs cérémonies de "mariage" entre GDF et EDF - un rapprochement défendu par plusieurs syndicats - seront célébrés dans des villes comme Lyon, Rennes ou Chambéry. A Troyes, des manifestants ont prévu d’enterrer le projet de fusion Gaz de France-Suez devant la permanence de l’UMP. Pour les syndicats, il importe de confirmer sur la pavé le résultat - "sans appel" à leurs yeux - du référendum interne de la semaine dernière, quand 94% des gaziers interrogés avaient dit "non" à la privatisation de GDF.

Et quelle que soit la participation aux défilés ce mardi, l’épisode du CPE a montré qu’une mobilisation limitée au départ, pouvait gagner beaucoup d’ampleur, rappelle la CGT.

L’Assemblée nationale a examiné et rejeté lundi 160 amendements PS sur un total de 137.629 déposés sur le projet de loi de privatisation de GDF, à l’issue de la séance de nuit. L’examen des amendements s’est poursuivi lundi soir à un rythme très ralenti soit à raison d’une série de 32 amendements PS en l’espace d’une heure et demie. Parmi les arguments développés par les élus PS contre le projet de privatisation de GDF figure un "reniement", selon leurs termes, de la parole donnée, en l’occurence celle de M. Sarkozy. Lorsqu’il était ministre des Finances, Nicolas Sarkozy avait pris l’engagement que la part de l’Etat dans le capital de GDF ne descendrait pas en dessous de 70%, lors de l’examen du projet de loi modifiant le statut de EDF et de GDF.

La séance s’est achevée peu après minuit par une demande de M. Ayrault de vérification du quorum (présence de la majorité des députés dans l’hémicycle) lors la mise au vote d’une série de 32 amendements socialistes. En l’absence de cette majorité, l’Assemblée a suspendu ses travaux et renvoyé le vote à la prochaine séance, mardi matin. "Cette façon dont l’Assemblée nationale travaille montre que le Parlement ne fonctionne plus. Vous comprenez que dans ces conditions nous ne voulons pas à l’UDF manger de ce pain là", s’est indigné l’orateur centriste, Charles de Courson.

Par ailleurs, les Français se déclarent à 55% favorables à la privatisation totale ou partielle de GDF, mais 38% se disent opposés à toute forme de privatisation, selon le baromètre BVA-Les Echos-BFM, diffusé mardi. Selon le sondage, 12% des personnes interrogées sont "favorables à la privatisation totale" et 43% à sa "privatisation partielle, l’Etat restant actionnaire majoritaire". Toutefois, 60% des personnes interrogées estiment qu’un recours au 49-3 ou au vote bloqué ne serait "pas justifié" (dont 74% de sympathisants de gauche et 46% de sympathisants de droite).