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Toujours moins d’école, toujours plus de garderie
par Laurent Mouloud
Publie le dimanche 29 septembre 2013 par Laurent Mouloud - Open-Publishing3 commentaires
Trois semaines après la rentrée scolaire, le mécontentement monte autour de la mise en place précipitée de la semaine de 4,5 jours, qui est désormais exploité par la droite.
Vincent Peillon continue de traîner les rythmes scolaires comme un boulet. Hier, le ministre de l’Éducation nationale, en déplacement à Guéret (Creuse) pour inspecter la mise en place de la semaine de 4,5 jours, a passé une bonne partie de l’après-midi à justifier le bien-fondé de sa réforme face à une opinion publique de plus en plus sceptique.
Dans la Creuse, justement, une motion signée par vingt-cinq maires devait lui être remise, réclamant une « réécriture » du fameux décret. Dans ce département très rural, où seulement treize communes sur 125 ayant une école ont appliqué la réforme, les édiles ne voient pas comment s’en sortir. « C’est compliqué, confirme Alain Favière, maire de la commune d’Anzême. Nous avons des contraintes très importantes qu’il me semble impossible à résoudre. »
« le gain pour les élèves sera nul »
À commencer par le transport scolaire, dont le coût va augmenter de 25 %. Le conseil général a, d’ores et déjà, averti qu’il ne modifierait pas ses horaires traditionnels de bus (9 heures le matin, 16 h 30 le soir). Les écoles qui voulaient avancer l’heure d’ouverture à 8 h 30 pour allonger le temps périscolaire en fin de journée ne le peuvent pas. Résultat : les fameuses activités censées éveiller et cultiver les écoliers se résumeront à trois quarts d’heure, à partir de 15 h 45… Quand activité il y aura. Car l’autre défi, en zone rurale, est de trouver du personnel compétent prêt à travailler sur un temps aussi court. « Et en Creuse, ils ne sont pas légion », souligne Alain Favière.
Reste, aussi, la question des locaux. « Notre centre de loisirs est intercommunal, donc pas à côté de l’école, et il n’est pas prévu, pour accueillir 150 gamins d’un coup », relève Patrick Pacaut, le maire d’Ahun, qui redoute que ces activités ne se réduisent à de la garderie. « J’ai même entendu parler d’une secrétaire de mairie embauchée pour garder les enfants ! Ce qui est sûr, c’est que le gain pour les élèves sera nul. »
Du coup, en Creuse, les maires signataires réclament le maintien de la semaine de quatre jours. « Elle est en vigueur depuis vingt ans dans notre département et je n’ai jamais noté de différences majeures par rapport aux élèves voisins », relève Alain Favière.
Même colère en région parisienne, où le manque de préparation et de moyens saute parfois aux yeux. À Paris, qui a choisi de réduire le temps scolaire d’une heure et demie, deux jours par semaine, les enseignants du Snuipp-FSU tirent la sonnette d’alarme depuis la semaine dernière. Ils évoquent des « répercussions catastrophiques ». Notamment en maternelle où « l’alternance de jours irréguliers et l’utilisation des classes pour l’apprentissage et le récréatif empêchent une structuration du temps et de l’espace chez les élèves ».
Des reproches que l’on retrouve également à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Après trois semaines d’école, beaucoup s’agacent de la désorganisation liée à cette réforme. Hier, une centaine d’animateurs, accompagnés de parents d’élèves et de professeurs, ont manifesté devant la mairie.
Pour le gouvernement, cette réforme des rythmes scolaires, qui fédère beaucoup de mécontentement, reste une sacrée brèche à l’approche des élections municipales. Une brèche dans laquelle le patron de l’UMP, Jean-François Copé, a eu beau jeu de s’engouffrer, hier, en demandant « officiellement » à Vincent Peillon un report de la réforme… Une instrumentalisation de la droite que le gouvernement a bien cherchée en précipitant la mise en place de cette réforme.
Messages
1. Toujours moins d’école, toujours plus de garderie, 29 septembre 2013, 15:52, par j
La droite supprime une demi-journée et fait passer les 4 jours : gain ( de mémoire ) 2 heures par enseignant et par semaine = = > suppression de postes globalement
la fcpe, porte voix de la deuxième droite( =PS ) crie au scandale et demande le retour à 4,5 jours ET récupération des heures perdues
retour de la deuxième droite aux affaire : retour aux 4,5 jours SANS la récupération des heures perdues = = >
1 - la FCPE ferme sa gueule
2 - pas de récupération d’heures = des problèmes de garde supplémentaire par rapport à l’avant Sarkozi.
les 2 droites sont d’accord sur l’essentiel : ils font partie de l’élite et considère , de droits, que c’est au peuple de payer et surtout de bosser et cracher les profits gros et petits aux patrons
1. Toujours moins d’école, toujours plus de garderie, 29 septembre 2013, 16:39
Que la droite exploite les erreurs et l’obstination bornée de Peillon ne devrait pas étonner Laurent Mouloud, journaliste avisé à ’l’Humanité.
Cette réforme viole le statut de fonctionnaire d’Etat des enseignants, crée artificiellement des antagonisme entre enseignants et animateurs précaires non formés et sous payés, prépare la "territorialisation" ( avant privatisation) de l’école de la République, et tout en prétendant défendre la "laicité", permet l’instrusion de l’entreprise (fondations)ou d’associations(qui peuvent même etre religieuses..) dans l’école.
Est-il cruel de rappeler que le Front de gôche a laissé passer la "réforme" en s’abstenant au moment du vote ?
Que la FSU a laissé passer en ne remettant pas en cause la réforme sur le fond, mais simplement en proposant Peillon d’améliorer sa réforme bidon ?
Pas de "rééciture" !
RETRAIT TOTAL !
2. Toujours moins d’école, toujours plus de garderie, 29 septembre 2013, 20:51
La réforme des rythmes scolaires prévoit des activités périscolaires le mardi et le vendredi. Entre 15 heures et 16 h 30, les enfants ne sont plus pris en charge par l’Éducation nationale, mais par des « partenaires territoriaux » : associations, institutions culturelles et sportives...
Au niveau national, une dotation de l’État de 250 millions d’euros doit aider les communes volontaires pour appliquer cette réforme en 2013. Mais dès 2014, les communes seront laissées à elles-mêmes, sauf les plus déshéritées, qui seront soutenues jusqu’en 2015. Après... il y a fort à parier que lorsque les dotations de l’État seront taries, ce sera au personnel territorial, aux animateurs, au personnel des bibliothèques, ludothèques, conservatoires... qu’on demandera d’assurer ces activités, et sans augmentation de salaire. À moins qu’en remplacement de ces heures d’école, gratuites auparavant, on ne fasse payer les parents pour ces activités.
Pour bénéficier des dotations de l’État, un certain nombre de communes ont appliqué la réforme dès 2013. Mais recruter des milliers d’intervenants et coordonner leur travail avec les écoles ne s’improvise pas en quelques semaines. Du coup, c’est le grand n’importe quoi.
Pour les intervenants, c’est la course à la précarité : CDD annuels de 1 h 30 ou 3 heures pour les intervenants extérieurs, heures supplémentaires payées comme des heures normales pour les animateurs, voire promesse de promotion interne en échange d’heures supplémentaires non payées ! Quant aux salaires, c’est la loterie : les payes oscillent entre 11 et 40 euros brut de l’heure pour le même travail, en fonction des « partenaires » qui ont récupéré le marché.
L’État se désengage ainsi au détriment des collectivités et au profit du privé. Cette réforme n’augure rien de bon, ni pour les enfants, ni pour les enseignants, ni pour les intervenants, ni pour les collectivités. À Paris, les animateurs l’ont bien compris, qui commencent à parler de grève.
LO