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Toujours plus fort....Resister

Publie le samedi 19 mai 2007 par Open-Publishing

Travailler jusqu’à 75 ans, diminuer les prestations de retraite et de soins pour les personnes âgées, accroître les cotisations salariés et employeurs pour financer le système, tel serait le prix d’une immigration ’’zéro’’ pour les pays riches. C’est ce que démontre un rapport de l’ONU selon lequel d’ici à 2050 ces pays devront accepter un niveau d’immigration comme ils n’en ont jamais connu auparavant.

Alors que la plupart des pays riches se sont dotés ces dernières années de législations de plus en plus en plus coercitives pour lutter contre l’immigration clandestine, un rapport de l’ONU démontre que pour maintenir leur population d’âge actif, ces pays devront soit accepter un niveau d’immigration comme ils n’en ont jamais connu, soit consentir à de gros sacrifices pour financer la prise en charge des personnes âgées.
C’est ce qui ressort du texte la Division de la population des Nations Unies publié la semaine dernière intitulé Migration de remplacement [1] : est-ce une solution pour les populations en déclin et vieillissantes ? . Deux faits s’imposent tout d’abord. D’une part, le vieillissement de la population sera généralisé entraînant une hausse sans précédent de la moyenne d’âge des populations. D’autre part, le rapport de support potentiel , autrement dit le nombre de personnes en âge de travailler (15-64 ans selon les critères onusiens) comparé à celui du nombre de personnes âgées de 65 ans et plus, passera de 4 ou 5 selon les pays, à 2 en moyenne.

Sans immigration la baisse démographique est inévitable

Le rapport s’intéresse plus particulièrement à huit pays à basse fécondité (Allemagne, Etats-Unis, Fédération de Russie, France, Italie, Japon, République de Corée et Royaume-Uni) et deux régions (Europe et Union Européenne). Face à ces deux données générales, ces pays devront choisir entre plusieurs options, mais une donnée reste constante pour tous : en l’absence de migration de remplacement, le déclin de la population est inévitable… Pour éviter que leur population ne diminue tous les pays et régions étudiés dans ce rapport auront besoin d’immigration .
Le niveau de cette immigration varie d’un pays à l’autre.
Par exemple, dans l’Union Européenne la démographie pourrait être maintenue avec un niveau de migration comparable à celui enregistré durant les années 90. A l’échelle de l’Europe entière il faudrait doubler le nombre de migrants pour parvenir au même objectif. Par contre, la France, pourrait conserver son nombre d’habitants avec moins d’immigrants que ce qu’elle a reçu dans le passé récent, mais il n’en irait pas de même si elle souhaitait conserver le même rapport de support potentiel qu’aujourd’hui.

Encore plus d’immigrants pour maintenir la population active

Ainsi, si l’objectif de chaque pays est simplement de maintenir le même nombre d’habitants, les besoins en immigration de remplacement, bien qu’élevés, sont nettement inférieurs au nombre d’immigrants nécessaires pour éviter le déclin de la population active.
Dans quelques cas, comme ceux de la République de Corée, de la France, du Royaume-Uni ou des Etats-Unis, ils sont de deux à quatre fois plus grands. Si de tels flux d’immigrants se produisaient, les immigrants d’après 1995 et leurs descendants constitueraient en 2050 entre 30% et 39% de la population dans le cas du Japon, de l’Allemagne et de l’Italie.
L’Italie aurait besoin en moyenne chaque année de 6 500 immigrants par million d’habitants, l’Allemagne de 6.000, les Etats-Unis de 1 300 (Les Etats Unis seraient de tous les pays riches les moins concernés par ces phénomènes migratoires en raison d’un accroissement naturel de leur population d’environ 25% d’ici à 2050).
Maintenir à leurs niveaux les rapports de support potentiel demanderait dans tous les cas des volumes d’immigration sans aucune commune mesure avec l’expérience passée et avec ce que l’on peut raisonnablement attendre estiment les experts de l’ONU.

Accepter l’immigration ou travailler jusqu’à 75 ans

A défaut d’immigration de masse quelles solutions les pays riches peuvent-ils envisager pour maintenir leur modèle social ? Le rapport répond sans ambiguïté : on pourrait maintenir à leurs niveaux actuels les rapports de support potentiel en augmentant la limite supérieure de l’age actif à environ 75 ans . L’ONU estime que les nouveaux défis posés par des populations en déclin et vieillissantes exigeront le réexamen fondamental de beaucoup de politiques .
Et l’organisation internationale de pointer les questions à réexaminer dans cette perspective : âges de départ à la retraite, niveaux des prestations de retraite et de soins de santé pour les personnes âgées, montants des contributions des travailleurs et des employeurs pour financer les retraites et soins de santé des retraités. Tel serait le prix d’une immigration zéro.

[1] La migration de remplacement désigne le nombre d’immigrants devant être accueillis dans un pays pour maintenir la démographie de ce dernier.