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Traité transatlantique ou comment brader le coût du travail !

par MALLERS

Publie le samedi 5 avril 2014 par MALLERS - Open-Publishing
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Depuis juillet 2013 et pendant encore deux ans , des discussions
concernant l’Accord de Partenariat Transatlantique ( ATP ) se déroulent
entre les USA et l’ Union Européenne . Même si les médias se font très
discrets sur la question , les syndicats et certains courants
protestataires ont au moins le mérite de faire connaître au public les
tenants et aboutissants de ce projet ; mais leur mérite s’ arrête là car
l’ interprétation qu’ils en donnent est bien en deçà de ce que
pourraient en attendre les travailleurs et populations européennes ; à
les écouter , les USA se comporteraient tels un renard dans un
poulailler et l’UE n’ aurait d’ autre choix que de plier face aux diktat
des multinationales américaines . Interprétée de cette façon , on peut
augurer que les travailleurs d’ Europe s’ engouffreraient dans une nasse
dangereuse s’ils décidaient de s’ encadrer des législations étatiques
des états nationaux européens ou même d’ une Europe à visée sociale pour
les protéger en droit .
Si les USA reviennent à la charge en ressortant le projet de AMI( Accord
Multilatéral sur les Investissements ) capoté en 1997 , c’ est bien
parce le capitalisme mondial est en panne de relance économique en
particulier depuis la crise de 2008 et malgré les emprunts à répétition
. Les USA reste la première puissance impérialiste du globe mais son
lent déclin est aussi patent malgré les interventions militaires tous
azimuts qui tendraient à démontrer le contraire ; c’ est en effet
davantage sur la force armée que sur une accumulation de valeurs que les
USA s’ appuient pour faire respecter leur hégémonie et un minimum de
discipline sur le marché mondialisé . Loin d’ être une victime de la
domination américaine , l’ Europe et les grands groupes industriels
européens recherchent cette symbiose qui représenterait , si elle se
concrétisait en 2016 , la première zone de libre-échange devant la Chine
. Un tel accord ne représenterait une lourde menace que pour les
travailleurs européens et américains qui verraient leurs conditions de
vie considérablement se dégrader . Car l’ enjeu réel de ce marchandage
entre puissants n’ est ni plus ni moins le coût de la force de travail
seule à même d’ accumuler de la valeur capitaliste . Depuis la fin de la
seconde guerre mondiale , les états européens avaient intérêts à donner
des garanties de protection sociale aux travailleurs pour reconstruire
une économie délabrée et éviter l’ influence de l’URSS qui aurait
fragiliser la compétitivité industrielle de ces états en pleine
restructuration moderniste . Depuis la fin des années 70 , la situation
des populations laborieuses n’ a fait que se dégrader davantage et ce
malgré une relative couverture sociale qui n’ assure même pas le minimum
de vie décente . Or même si ces protections restent a minima ( sécurité
sociale ; allocations diverses ; normes sanitaires , de production et de
conditions de travail ) , elles deviennent trop restrictives pour les
différents secteurs ( européen , américain mais aussi russe , japonais ,
et chinois ) du capitalisme mondial en panne d’ accumulation . Parvenus
aux limites de son évolution , ces secteurs en concurrence ouverte pour
le partage du marché mondial ne peuvent que buter sur des limites
objectives liées à l’ écologie planétaire et aux structures internes de
ce mode de production en déclin définitif . En effet , la quête
permanente de rentabilité du capital a continuellement soumis ces
secteurs d’ accumulation à une contradiction ultime qui restait gérable
tant que les prix de l’ énergie ( pétrole , charbon , gaz ) restaient
maintenus artificiellement bas : — continuer à embaucher de la main
d’oeuvre à des coûts de plus en plus bas en jouant sur la concurrence
mondiale du marché segmenté du travail ce qui permet de relancer les
investissements de capitaux ; or même cette solution , qui nécessite un
minimum de solvabilité pour assurer le renouvellement des cycles d’
accumulation , n’est pas généralisée , la plupart des grands groupes
préférant spéculer à court terme avec un intérêt maximum que n’ assure
plus l’ économie réelle .
— ou bien remplacer la
main-d’oeuvre par des machines qui ne sont que du capital mort et
improductif de survaleur .

Si les travailleurs continuaient a accorder du crédit au mythe de l’Etat
protecteur de leur droits , nul doute qu’ils se fourvoieraient dans des
impasses a contrario de toute possibilité d’ émancipation réelle .
Seules , des protestations populaires mettant en avant l’élaboration d’
activités s’appuyant sur les besoins les plus urgents ( des logements
décents ; une alimentation saine et régulière ) et sur une
réappropriation autonome des nécessités de l’existence quotidienne
pourrait être une condition pouvant fissurer le mur du capital mondial .

http://www.monde-diplomatique.fr/2013/11/WALLACH/49803

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