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Tripoli : carnage lors d’une manifestation contre les milices

par LIBYE

Publie le dimanche 17 novembre 2013 par LIBYE - Open-Publishing
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Des Tripolitains manifestaient pacifiquement contre la présence de milices armées dans leur ville, quand des membres de l’une d’entre elles ont ouvert le feu, le 15 novembre, dans le quartier de Gharghour. Photo : MAHMUD TURKIA / AFP

Un calme relatif régnait samedi dans la capitale libyenne, au lendemain de heurts meurtriers entre des manifestants et des membres d’une milice originaire de Misrata. Le bilan est désormais d’au moins 32 morts et près de 400 blessés par balle.

Une manifestation pour dénoncer pacifiquement la présence persistante de milices armées dans les rues de Tripoli a fini en bain de sang le 15 novembre 2013, quand l’une d’entre elles a ouvert le feu sur la foule. Dernier bilan provisoire : 32 morts et 391 blessés a indiqué le ministère libyen de la Santé sans faire de distinction entre manifestants et miliciens.

Faute de police professionnelle, Tripoli livrée aux milices

Ces groupes tribaux venus des quatre coins du pays avaient participé, il y a plus de deux ans, à la prise de la ville et n’en sont pas repartis depuis en dépit de la décision du Congrès général national, la plus haute autorité du pays, de leur faire quitter la capitale. En l’absence de vraies forces de police ou d’armée, ces factions font la loi, elles s’affrontent régulièrement et sont accusées par la population de toutes sortes de trafics, d’enlèvements et d’exactions.

Vendredi, à l’appel du grand mufti de Libye et des imams de la ville, des centaines de Tripolitains exaspérés ont battu le pavé arborant le drapeau national, des fanions blancs en signe de non-violence et des pancartes "non aux milices", "oui à la police". Tout a dérapé quand le cortège est passé devant le QG d’une milice originaire de Misrata dans l’est du pays, la milice Ghargour, du nom du quartier où elle s’est établie dans le sud de Tripoli.

Les miliciens auraient tiré les premiers

Pour tenter de disperser les protestataires, des miliciens auraient d’abord tiré en l’air, puis franchement visé les manifestants, a constaté un correspondant de l’AFP. "Nous allons annoncer une grève générale et entrer dans la désobéissance civile jusqu’au départ de ces milices" a déclaré le président du Conseil local de Tripoli, autrement dit le maire, qui avait aussi appelé à manifester et souligne le caractère pacifique du rassemblement.

Selon Sadat al-Badri, les tirs sont clairement partis du QG de la milice. De même le Premier ministre a affirmé dans un communiqué que "la manifestation était pacifique et a essuyé des tirs quand elle est entrée à Gharghour". Dans un premier temps, il avait évoqué des heurts opposant "des manifestants armés à des hommes armés" cependant qu’un chef de la milice assurait à la télévision que ses hommes n’avaient fait que répliquer à des tirs.

D’autres fusillades en représailles

Le soir venu, les locaux de cette faction, d’anciennes villas de cadres du régime Khadafi, ont en tout cas été pris d’assaut et incendiés par des hommes en pick-up équipés de canons antiaériens. Tard dans la nuit, après l’arrivée de "renforts" de Misrata, on entendait des tirs sporadiques et des explosions dans plusieurs quartiers de la ville affirment des témoins. D’autres indiquent que le quartier de Fernaj où réside aussi une milice a été le théâtre de tirs nourris et de plusieurs explosions.

Le gouvernement a demandé "à toutes les factions armées un cessez-le-feu" afin de pouvoir "rétablir le calme dans la capitale". Ce n’est pas la seule ville où l’effondrement des structures de l’Etat pose problème. A Benghazi déjà, une trentaine de personnes avait péri l’été dernier lors d’une manifestation similaire.

http://www.metronews.fr/info/tripoli-carnage-lors-d-une-manifestation-contre-les-milices/mmkp!pMRo8ebszB7Q/

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