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Tromperie et tronquerie autour du 11 novembre.

par René HAMM

Publie le samedi 16 novembre 2013 par René HAMM - Open-Publishing

Avec ses exhortations au patriotisme et à « l’unité de la nation », le 7 novembre à l’Élysée, puis le 11 à Oyonnax, François Hollande se situe dans la tradition de ses prédécesseurs sous la Vème République. Ses tirades pseudo-lyriques sur l’amour du pays ne freinent cependant pas la croissance de son impopularité. Si les leaders de l’UMP et de l’UDI ont applaudi (mollement) avant de réintensifier leurs saillies, les partisan(-e)s d’une « alternative de rupture » avec les schèmes dominants auront surtout noté les accents ultraréactionnaires et l’absence, dans les allocutions du Président « normal » (!?!), de toute référence à Hélène Brion et Jean Jaurès. Ces figures, parmi d’autres, d’une « gauche » authentique, promouvaient des valeurs aux antipodes de la franchouillardise et du chauvinisme pompier.

Toute commémoration fournit une occasion privilégiée de tirer les leçons de l’Histoire, de réfléchir sur les tenants et aboutissants d’une guerre.
Celle de 1914-1918 fut la première à l’échelle « industrielle », avec notamment l’usage d’armes chimiques (chlore, phosgène, gaz moutarde…). Les « digests » évoquant cette période se circonscrivent souvent aux batailles de Verdun et de la Somme. N’occultons surtout pas les incommensurables souffrances endurées par des millions de protagonistes, la plupart très jeunes, pour des enjeux les dépassant, fixés par les gouvernants ! Par ailleurs, la réhabilitation collective des 650 soldats qui, ne supportant plus l’horreur des tranchées et l’abominable « boucherie », furent « fusillés pour l’exemple » (1), suite à des refus d’obéissance, la désertion ou des automutilations les rendant inaptes au combat, s’impose enfin.

La majorité des monuments aux morts célèbre la gloire des hommes « tombés pour la France ». Une centaine porte, en sus de l’hommage aux défunts, des inscriptions singulièrement atypiques. À Cazaril-Laspènes (Haute-Garonne), Equeurdrevile-Hainneville (Manche), Gentioux (Creuse), on lit « Maudite soit la guerre ! », à Meillard (Allier), « Maudite soit la guerre et ses auteurs ! ». À Gy-l’Évêque (Yonne), les passant(-e)s éberlué(-e)s découvrent deux slogans complémentaires « Guerre à la guerre » et « Paix entre tous les peuples ». À Saint-Martin-d’Estréaux (Loire) se trouve la stèle la plus pédagogique avec trois panneaux. Sur le premier est gravé « Si vis pacem, para pacem », avec la traduction « Si tu veux la paix, prépare la paix ». L’exclamation de Jacques Prévert « Quelle connerie la guerre ! » mériterait également une mention sur des pierres du souvenir.

N’oublions pas que le Traité de Versailles du 28 juin 1919, humiliant pour les vaincus, contint en germes les prémisses des atrocités qui durèrent du 1er septembre 1939 au 2 septembre 1945. Parmi les autres facteurs qui provoquèrent les hostilités, je citerais les corollaires du krach à la Bourse new-yorkaise, fin octobre 1929, le dénuement extrême de millions d’Allemand(-e)s, à mettre en perspective avec le train de vie tapageur d’une infime minorité de ploutocrates, possesseurs ou pas de tableaux de maîtres…

(1) Les tribunaux militaires en condamnèrent à mort quelque 2400. Près des trois-quarts échappèrent à la peine capitale. Cf. aussi la notule du groupe Condorcet de la Pensée libre lorientaise à propos de neuf Morbihannais postée le 11 novembre sur ce portail, « Un massacre pour rien » de Libertat Bearn et le communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme, le 13, à la même enseigne.

René HAMM
Bischoffsheim (Bas-Rhin)