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Turquie : les partis islamistes et d’extrême-droite sont les seuls gagnants des élections

Publie le mardi 30 mars 2004 par Open-Publishing

Les élections municipales ce dimanche en Turquie ont conforté l’assise politique de l’islamiste AKP (parti de la Justice et du développement). Selon des résultats officieux, l’AKP remporte près de 42% des suffrages contre 34% aux élections législatives de 2002, très loin devant son plus proche rival, le CHP (Parti républicain du peuple), qui n’obtiendrait que 18% contre 19% en 2002.

Les grandes métropoles d’Istanbul et Ankara restent comme prévu dans l’escarcelle de l’AKP, alors que la troisième ville de Turquie, Izmir, demeure sous gestion du CHP. Toutefois, l’AKP a conquis la ville industrielle de Gaziantep, longtemps une forteresse du CHP, et la ville d’Antalya, province électorale du leader de CHP Deniz Baykal. Les résultats du CHP sont considérés comme un échec pour le CHP et notamment pour son leader Baykal.

En général, les islamistes qui sont représentés par quatre partis politiques ont augmenté leur pourcentage total à 46,67% notamment grâce à la montée du parti de la Justice et du développement (AKP) du premier ministre Tayyip Erdogan et du parti du bonheur (SP) de l’ancien premier ministre Necmettin Erbakan.

Quant à l’extrême droite qui est représentée par cinq partis politiques, a enregistré une montée considérable avec un total de 24,46% des votes. Les deux partis d’extrême-droite, parti d’action nationaliste (MHP) et du parti de la grande union (BBP), ont obtenu respectivement 10,50% et 1,15% des votes. Cette fois-ci, l’extrême-droite est renforcée avec la nouvelle orientation du parti de la juste voie (DYP) qui a obtenu 10,20% des votes.

Après le départ de son ancienne présidente Tansu Ciller suivant la défaite électorale, cet ancien parti de centre-droite avait choisi comme président Mehmet Agar, un ancien ministre qui avait dû démissionner de ce poste en raison des révélations relatives à sa complicité avec des tueurs d’extrême-droite et la mafia turque.

Le MHP et le DYP pourront entrer dans l’Assemblée nationale au prochain scrutin s’ils peuvent maintenir leur score actuel au-dessus du seuil national de 10% pour législatives.

Un autre parti d’extrême droite, le jeune parti (GP) est le seul perdant dans ce group en raison d’une campagne menée par l’AKP et soutenue par les grands médias contre la famille de son président Cem Uzan.

Après le glissement du DYP à l’extrême-droite et la nouvelle chute de l’ANAP, la centre-droite a pratiquement disparu de la scène politique de la Turquie.

Quant aux partis de gauche, le parti démocratique du peuple (DEHAP) qui a participé aux élections sur la liste du parti social-démocrate du peuple (SHP) en alliance avec quelques petits partis de gauche (ODP, EMEP, SDP) a confirmé son pouvoir dans les villes kurdes Diyarbakir, Batman, Hakkari, Sirnak, et Tunceli, mais il a perdu quelques autres villes kurdes au profit de l’AKP.

Le SHP, qui a rassemblé dans plusieurs villes des candidats de cette alliance de gauche sur sa liste, n’a pas réussi de faire élire même son président Murat Karayalcin, ancien maire d’Ankara, dans cette ville capitale.

Dans le tableau ci-après vous trouverez la répartition des votes selon les résultats officieux, (à 13h30 gmt) en comparaison avec les résultats aux élections législatives de 2002 entre parenthèses. (Info-Türk, March 29, 2004)

ISLAMISTES (4 partis) :

2004 : 46,67% (2002 : 37,47%,) = + 9,20%

AKP (Parti de la Justice et du développement) : 42,20% (34,28%) +7,92%
SP (Parti du Bonheur) : 3,96% (2,49%) + 1,47
BTP (Parti de la Turquie indépendante) : 0,50% (0,48%) +0,02%
MP (Parti de la Nation) : 0,01% (0,22%) - 0,21%

EXTREME-DROITE (5 partis) :

2004 : 24,46 (2002 : 16,63%) = + 7,83%

MHP (Parti d’action nationaliste) : 10,50% (8,36%) + 2,14%
DYP (Parti de la Juste voie)* : 10,20% (9,54%) + 0,66%
GP (Jeune Parti):2,60% (7,25%) - 4,65%
BBP (Parti de la Grande Union) : 1,15% (1,02%) + 0,13%
ATP (Parti de la Turquie éclairée) : 0,01% (absent en 2002) +0,01%
*) DYP était dans le groupe centre-droite en 2002

CENTRE-DROITE (3 partis) :

2004 : 2,50% (2002 : 5,41%) = - 2,91%

ANAP (Parti de la Mère-patrie) : 2,45% (5,13%) - 2,68%
LDP (Parti démocrate libéral) : 0,01% (0,28%) - 0,27%
DP (Parti démocrate) : 0,04% (absent en 2002) + 0,04%

SOCIAUX-DEMOCRATES ou ATATURKISTE (4 partis) :

2004 : 20,41% (2002 : 22,27%) = - 1,86%

CHP (Parti républicain du peuple) : 17,80% (19,39%) -1,59%
DSP (Parti de la gauche démocratique) : 2,16% (1,22%) + 0,94%
YTP (Parti de la Turquie nouvelle) : 0,21% (1,15%) - 0,94%
IP (Parti ouvrier) : 0,24% (0,51%) - 0,27%

GAUCHE (4 partis)

2004 : 5,14% (2002 : 6,75%) = - 1,61%

SHP (Parti social-démocrate du peuple) : 4,80% (DEHAP:6,22% en 2002) - 1,42%
ODP (Parti de la liberté et de la solidarité) : 0,04% (0,34%)- 0,30%
TKP (Parti communiste de Turquie) : 0,25% (0,19%) + 0,06%
EMEP (Parti du Travail) : 0,05% (absent en 2002) + 0,05%

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